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FAMINE : « On n’avait pas vu ça en Grèce depuis l’Occupation » !

par MARIA MALAGARDIS

Publie le mardi 6 mars 2012 par MARIA MALAGARDIS - Open-Publishing
3 commentaires

Selon les derniers chiffres, 3 millions de Grecs sont pauvres ou au bord de l’exclusion sociale, soit 27,7 % de la population.

Tous les jours, la même scène : à midi, une foule silencieuse se presse devant les grilles de la mairie d’Athènes, à deux pas de la place Omonia. Combien sont-ils ? Une centaine ? Bien plus encore ? « Le soir, ils sont deux à trois fois plus nombreux », soupire Xanthi, une jeune femme rousse, chargée par la mairie « de gérer la foule ». L’ambiance est tendue quand les grilles s’ouvrent enfin, et qu’une longue cohorte se forme jusqu’au stand où l’on distribue un Coca-Cola light et une sorte de purée de patates dans une gamelle en plastique.

Certains tentent de doubler, d’autres de repasser une seconde fois. Il y a des cris, des disputes, tout doit aller très vite : la distribution ne dure qu’une demi-heure. Et tant pis pour les retardataires ! Gestes fébriles, regards fuyants, ils s’accrochent à leur repas qu’ils avalent rapidement assis dans la cour. Au milieu des quelques marginaux et des vieillards aux vêtements usés, on remarque tout de suite cette nouvelle catégorie de citadins jusqu’à présent peu habitués à quémander sa nourriture. La plupart d’entre eux refusent de parler aux journalistes, détournent la tête dès qu’on les aborde. « Ils ont honte », confie Sotiris, 55 ans, qui s’est retrouvé au chômage après avoir travaillé vingt ans dans une compagnie de sécurité. « Mais en Grèce, les allocations chômage ne durent qu’un an », rappelle-t-il. Tirant nerveusement sur sa cigarette, il évoque sa femme, malade du cancer et alitée, ses deux fils, aussi au chômage, qui vivent sous le même toit. « Que va-t-on devenir ?Je n’ai plus d’argent et je ne peux même plus payer les traites pour mon appartement ! Bientôt, ils viendront le saisir », s’affole-t-il. Juste avant de partir, il demande un euro, murmurant : « Juste pour un café. J’en ai oublié le goût. »

Années fastes. En Grèce, on les appelle les « néopauvres », ou encore les « SDF avec iPhone » : des salariés virés d’une des nombreuses PME qui ont fait faillite, des fonctionnaires licenciés à la suite des mesures d’austérité prises depuis deux ans. Tous se sont retrouvés au chômage, alors que les crédits à la consommation les avaient poussés à se surendetter pendant les années fastes. Qui ne sont pas si loin : entre 2000 et 2007, la Grèce affichait encore un taux de croissance prometteur de 4,2%. Puis la crise bancaire de 2008 et l’annonce coup de tonnerre d’un déficit budgétaire record de 12,7% du PIB fin 2009 ont fait s’effondrer, comme un château de cartes, une économie aux bases trop fragiles pour résister au jeu spéculatif des marchés.

Premier pays « dégradé » d’Europe, la Grèce est aujourd’hui le plus mal noté par les agences financières. Travail au noir, fraude fiscale, administration inefficace : les maux sont connus et une grande partie de la population accepte la nécessité des réformes structurelles exigées par « Merkozy », comme on appelle ici le tandem Angela Merkel-Nicolas Sarkozy, qui domine les négociations à Bruxelles. Mais les plans d’austérité imposés au pays depuis le printemps 2010 passent mal. Ils frappent en priorité les salariés et les retraités, qui ont vu leurs revenus diminuer, voire disparaître quand ils ont été licenciés, et leurs impôts, prélevés à la source, augmenter de façon exponentielle. Résultat ? En deux ans, le nombre de sans-domicile-fixe a augmenté de 25% et la faim est devenue une préoccupation quotidienne pour certains.

« J’ai commencé à m’inquiéter lorsqu’en consultation j’ai vu un, puis deux, puis dix enfants qui venaient se faire soigner le ventre vide, sans avoir pris aucun repas la veille », raconte Nikita Kanakis, président de la branche grecque de Médecins du monde. Il y a une dizaine d’années, l’ONG française avait ouvert une antenne en Grèce pour répondre à l’afflux aussi soudain que massif d’immigrés clandestins sans ressources. « Depuis un an, ce sont les Grecs qui viennent nous voir. Des gens de la classe moyenne qui, en perdant leurs droits sociaux, n’ont plus droit à l’hôpital public. Et depuis six mois, nous distribuons aussi de la nourriture comme dans les pays du tiers-monde, constate le docteur Kanakis, qui s’interroge. Le problème de la dette est réel mais jusqu’où peuvent aller les exigences de Bruxelles, quand des enfants qui ne vivent qu’à trois heures d’avion de Paris ou Berlin ne peuvent plus de soigner ou se nourrir ? »

Diktats. Jeudi, une scène insolite s’est déroulée au cœur d’Athènes, sur la place Syntagma, juste en face du Parlement : des agriculteurs venus de Thèbes, à 83 km de la capitale, distribuent 50 tonnes de patates et d’oignons gratuitement. Annoncée à a télévision, la distribution tourne vite à l’émeute. Tout le monde se précipite sur les étals. A nouveau des disputes, des cris. « On n’avait pas vu ça depuis l’Occupation », peste Andreas qui observe le spectacle à distance. L’occupation allemande pendant la Seconde Guerre mondiale avait provoqué une terrible famine qui reste dans toutes les mémoires.

Mais si le mot revient si souvent pour décrire le retour de la faim qui frappe les classes moyennes, c’est aussi en référence aux diktats de Bruxelles, et plus encore de Berlin. « Tous les trois mois, on nous menace de faillite immédiate et on nous ordonne d’étrangler encore plus les plus pauvres. L’argent qu’on nous promet ? Ce sont des prêts qui ne servent qu’à rembourser nos créanciers ! » s’exclame Andreas.

Employé dans une entreprise maritime, il rit en évoquant l’éventualité de supprimer les treizième et quatorzième mois des salariés du privé. Comme beaucoup d’employeurs, le sien ne lui verse aucun salaire depuis des mois. « Les patrons invoquent la crise pour éviter de payer leurs employés », se plaint-il. Puis, se tournant vers l’ancien Palais royal qui abrite le Parlement, il ajoute : « Ici, il y a 300 crétins qui suivent un gouvernement non élu par le peuple. Est-ce qu’ils ont diminué leur train de vie ? Les fonctionnaires de l’Assemblée touchent toujours seize mois de salaires et personne à Bruxelles ne s’en préoccupe. »

« Laboratoire ». Loin d’avoir, comme en Italie, provoqué un sursaut national face à la crise, Loukas Papademos, le Premier ministre « technocrate » nommé en novembre, brille surtout par son silence. Alors que le pays négocie à nouveau sa survie en promettant de nouvelles mesures de rigueur, la seule interview qu’il a accordée était destinée au… New York Times. Andreas en est persuadé : « Nous vivons sous une dictature économique. Et la Grèce est le laboratoire où l’on teste la résistance des peuples. Après nous, ce sera le tour des autres pays d’Europe. Il n’y aura plus de classe moyenne. »

http://www.liberation.fr/economie/01012386707-on-n-avait-pas-vu-ca-en-grece-depuis-l-occupation

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Messages

  • et pendant ce temps-là, les journafientes qui pérorent sur la richesse des riches, sur le Fig : http://www.lefigaro.fr/conjoncture/...

    • Et il est OU le Parti ou l’organisation qui devrait expliquer aux "nouveaux pauvres" que ça n’est pas en mendiant que ça va aller mieux ???

      Des milliers de mendiants c’est une armée.

      Et ils sont OU ceux qui devraient les "organiser" ? Ceux qui auraient du les armer politiquement, en attendant mieux, AVANT toute cette merde ???

      Et ils sont OU ceux qui devraient le faire ICI en France pour le jour ou ceux qui pompent ici sur leur clavier aujourd’hui iront dans le futur sucer des organisations caritatives de merde qui ne sont là que pour les mettre en soins palliatifs avant de crever.

      Parce que vous vous croyez pas à l’abri... Quand même ???

      Tous ceux qui au nom de la "démocratie bourgeoise et participative" ou de la "Révolution dans les urnes" ont squattés les bancs des parlements durant des décennies pour se gaver au lieu de se lever le cul en compagnie des travailleurs qu’ils étaient censés défendre.

      Et quand on n’est pas capables de la mobiliser alors que ces mecs il ne leur reste RIEN à perdre, comme nous aussi on n’aura plus rien à perdre, c’est aussi parce qu’on n’a pas voulu commencer avant et qu’on ne veut toujours pas aujourd’hui.

      Les "urnes" de la Révolution "démocratique" de ces mecs là ce sont nos urnes funéraires et celle de nos enfants.

      Et leur "démocratie pourrie" je me la met au c.l.

      Parce qu’elle ne peut servir qu’à ça, à remplacer la vaseline.

      Et tout ça file des leçons à tire-larigot aux autres pays pour leur "bonheur" futur. En écoutant les experts qui leur vident le cerveau trois fois par jour.

      Y a plus de bon sens et de courage dans un paysan afghan qui combat au couteau contre ceux qui le torturent et le détruisent depuis des siècles que dans tout le Monde du travail européen. Et même s’il le fait pour Allah, ou un quelconques tyran qui ne sera jamais plus tyran que ceux qui nous dirigent ici à coup de faux dollars.

      Mais lui il sait que c’est en risquant TOUT qu’on peut effectivement TOUT gagner.

      Et tout ça grâce aux traîtres qui ont enterré les perspectives du futur sous les prébendes parlementaires et aux graines d’esclaves qui ont enterré l’avenir de leurs descendants et de leur pays contre une télé à écran plat et la prime à la casse pour leur vieille bagnole...

      Sans compter tout ce que nos parents, "staliniens", "anars", et autres "trotskistes", "révolutionnaires", ont donné comme larmes, vies, et peines, pour que les dirigeants branleurs qui se réclament d’eux maintenant les vendent en bloc au Capital.

      Et ne comptez pas sur moi pour "pleurer" sur le compte du connard qui va mendier sa bouffe pendant que sa femme crève du cancer à la maison.

      S"il était un homme et pas un esclave il aurait bien d’autre chose de mieux à faire que d’aller mourir dans son trou à rat en sa compagnie...

      Même en pleurant.

      En commençant par aller couper les burnes de ceux qui l’ont trahi avant de continuer par celles des autres qui l’exploitent et celles des patrons du "Figaro".

      Et d’y entraîner ses compagnons d’infortune.

      J’ai la haine... Et ce soir plus que jamais.

      Capito ???

      G.L.