Accueil > Face à l’arrogance d’un gouvernement failli
Face à l’arrogance d’un gouvernement failli, regrouper les anticapitalistes
pour créer les conditions d’un mouvement d’ensemble
Conforté par Chirac qui avait déclaré, deux jours auparavant, lors de son intervention télévisée " Je ne vois pas pourquoi aujourd’hui je changerais un gouvernement qui a parfaitement rempli son contrat ", Villepin a étalé sa suffisance et son mépris de la population, lors de sa conférence de presse, hier, mercredi. Il n’avait, à l’entendre, que de " bonnes nouvelles " à annoncer, au diapason de la " victoire des Bleus ". Tout un symbole, l’intérêt national marié aux soi-disant aspirations populaires, concentré du populisme ambiant.
Villepin a parlé " baisse du chômage " quand il s’agit de radiations des chômeurs et de la multiplication du travail précaire, augmentation du pouvoir d’achat pour une hausse du Smic dérisoire de 3,05%, " indépendance énergétique du pays " et " tarifs régulés " pour la privatisation de GDF et sa fusion avec Suez, "humanité et fermeté " alors que va s’amplifier la chasse aux enfants scolarisés des familles sans-papier...
" Aujourd’hui je suis venu vous parler d’égalité des chances ", a-t-il précisé en introduction, rappelant la loi votée, comme il l’a dit " le 30 mars 2006 ". Provocation supplémentaire, volonté de revanche sur le mouvement victorieux contre le CPE qui avait aussi inscrit l’abrogation de cette loi dans ses objectifs alors même qu’elle était déjà votée, manière de signifier que désormais, l’ordre régnerait...
Une mauvaise farce alors que le couple de l’exécutif, qui n’a jamais été si bas dans les sondages, est désavoué par sa propre majorité dont certains députés ont demandé la démission de Villepin, alors que le gouvernement est empêtré dans les affaires Clearstream et EADS.
EADS, l’Etat serviteur de la finance contre les salariés et la population
Ce même mercredi, Forgeard, le co-président d’EADS a " exclu " de démissionner lors de son audition par les commissions des finances et des affaires économiques de l’Assemblée nationale. Forgeard est soupçonné de délit d’initiés, et pour cause, il a vendu ses stock-options quelques semaines avant que l’annonce du retard dans le programme de fabrication des Airbus A380 ne provoque l’effondrement des cours qui ont chuté de 26% le 14 juin dernier. Un parachute doré que n’auront certes pas les 1050 salariés de la Sogerma -et les 5000 autres employés dans la sous-traitance- dont il avait annoncé lui-même le licenciement le 12 mai dernier.
Et de quelle mansuétude Forgeard n’a-t-il pas bénéficié de la part des députés des deux commissions, même lorsqu’il a prétendu qu’il avait été... " mis au courant des retards en mai ". Le député UMP, Ollier, président de la commission des affaires économiques de l’Assemblée nationale, n’a pas exclu la mise en cause de la direction, mais, a-t-il ajouté, " sur les stock-options, pour le moment chacun reste avec ses doutes ". Quant à Boucheron, responsable de la défense du groupe socialiste à l’Assemblée, il a dédouané de toute responsabilité la direction d’EADS, qu’il faut, a-t-il dit, laisser travailler " dans la sérénité ".
Une communauté de jugement bien symptomatique de la complicité de fait qui unit la droite et le Parti socialiste quand il s’agit de défendre les dirigeants et gros actionnaires des trusts dont les intérêts exigent que soient licenciés des milliers de travailleurs et appauvrie la grande masse de la population. L’affaire Clearstream, celle d’EADS ne font que mettre en pleine lumière les liens entre le personnel de l’Etat, des partis de gouvernement et les trusts, l’opacité du système dominé par les besoins du capital financier.
Le travail et l’ordre, l’union sacrée contre les classes populaires
Voués à la défense de ces intérêts, les gouvernements quels qu’ils soient, et les partis aspirant au pouvoir n’ont pas d’autre choix que faire ou se préparer à faire une politique qui sert l’offensive du patronat contre les droits des travailleurs et de la population, sauf à remettre en cause l’ensemble du système.
Il n’y a plus qu’une seule politique possible, où se rejoignent la droite et la gauche de gouvernement, qui ne peut qu’engendrer le mécontentement croissant de la population.
Le fossé s’approfondit entre les partis de gouvernement et la population, un fossé qui exprime l’incompatibilité des exigences de la finance que sert tout ce petit monde et l’intérêt du plus grand nombre.
Croyant pouvoir surfer sur le rejet de la droite et du PS, l’effacement des clivages entre cette gauche et la droite, Sarkozy a donné la semaine dernière dans le social. Lui, le ministre de tous les gouvernements ces cinq dernières années, il a dénoncé " un pouvoir d’achat qui n’a presque pas augmenté ", " trois millions et demi de travailleurs qui gagnent moins que le Smic ", soit " plus de travailleurs pauvres que de RMistes ". Et de prôner " une France nouvelle " en réhabilitant les " vraies valeurs ", " le mérite, l’effort, le travail, la récompense ".
Cette démagogie populiste imprègne tous les discours. Villepin fait du Sarkozy dans sa conférence de presse, mot pour mot, " valoriser le travail plutôt que l’assistance ", " conjuguer humanité et fermeté ", " faire en sorte que le travail soit mieux récompensé dans notre pays "... Mais aussi Ségolène Royal aux critiques de laquelle Sarkozy répond que " 2500 délinquants étrangers ont été expulsés en 2005 ". Strauss-Kahn, interviewé par Les Echos, déclare que la " remise en ordre de notre pays demandera des efforts ".
L’unité sur une politique de lutte, en rupture avec la politique du PS
La seule réponse au populisme dont profite, sans rien faire ni dire l’extrême droite, c’est la généralisation des luttes sociales et politiques contre le système.
Le gouvernement se maintient et prétend mener à bien son offensive alors que jamais il n’a été dans une telle position de fragilité, grâce à la complaisance de son opposition et à l’inertie des directions syndicales qui ont repris, sans état d’âme, le chemin du dialogue de dupes qu’est le " dialogue social ".
Il s’agit au contraire de mettre à profit son affaiblissement pour créer les conditions d’un mouvement d’ensemble, légitimer et faire valoir, par une campagne de masse, les intérêts et les exigences du monde du travail, travailler à l’unité la plus large autour de ces objectifs.
Nous partageons l’aspiration unitaire de tous les militants, en particulier ceux du Parti communiste, qui veulent rassembler toutes les forces disponibles pour la lutte contre la droite libérale et populiste, tant sur le terrain social que politique, dont celui des élections. Mais cette lutte ne peut se mener qu’en rupture avec la politique du Parti socialiste et des directions syndicales. Le mouvement contre le CPE l’a montré, les jeunes n’ont pu exercer leur pression et entraîner l’ensemble des organisations syndicales et politiques de gauche que parce qu’ils ne se sont pas pliés au cadre que ces derniers auraient voulu leur fixer, le retrait du seul CPE, et qu’ils se sont donné les moyens de contrôler eux-mêmes leur lutte en y imposant la démocratie de leurs assemblées générales.
Quant à l’unité dans les élections, elle ne peut se faire qu’entre ceux qui ne sont pas partie prenante d’une majorité parlementaire destinée à soutenir un gouvernement gérant les affaires de la bourgeoisie, autrement dit aujourd’hui qu’entre ceux qui ne veulent pas gouverner avec le PS.
Il s’agit de construire une opposition ouvrière et populaire à la politique du patronat et du gouvernement, celui failli de la droite aujourd’hui, celui qui sortira des élections demain, quel qu’il soit. De regrouper sur une base politique claire, une politique de lutte, tant sur le terrain social que politique, qui s’articule autour de la défense des mesures d’urgence sociale et démocratique, la préparation d’une mobilisation d’ensemble et la nécessité du contrôle de la population sur la marche de l’économie et de l’Etat. En un mot de jeter les bases d’un parti anticapitaliste largement ouvert aux travailleurs et aux jeunes.