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Fermeture du Barbizon : un mur de parpaing comme réponse de la mairie et de Sarkozy

Publie le mercredi 18 octobre 2006 par Open-Publishing
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Mur de parpaings

C’est avec un mur de parpaings que la préfecture de Paris a décidé de bâillonner cet ancien cinéma réhabilité en espace culturel polyvalent.

Sis au 141, rue de Tolbiac, à Paris 13, le Barbizon retourne à ce silence qu’une bande de joyeux lurons étaient parvenus à rompre en procédant à sa réouverture en 2002.

Né dans le plein essor des salles de cinéma à Paris entre 1905 et 1914 environ. Rebaptisé le Family Cinéma puis le Barbizon, il a été ouvert sans discontinuer de 1911 à sa dernière séance le 23 mars 1983. Pendant 20 ans, il est resté fermé alors que la ville de Paris manquait cruellement d’espaces où puissent s’exprimer une Culture qui ne soit pas muselée par les nécessités de la "marchandise".

Après son ouverture en fanfare, une association - "Les Amis de Tolbiac" - milite pour sa sauvegarde et organise de manière entièrement autogérée des séances de cinéma, des débats et rencontres, des pièces de théâtre, des expositions, des concerts et de nombreux évènements festifs. Rapidement, elle reçoit le soutien d’associations, d’habitants du quartier, d’artistes, et de certains élus de la Mairie d’arrondissement.

On assistait là à une véritable renaissance de ce cinéma chargé d’histoire. Devenu, au fil du temps, un lieu de convergence et d’échanges où se croisaient des individus aussi divers que variés, issus de tous les horizons sociaux et culturels, le Barbizon instillait un peu de bonne vie dans une ville rendue presque atone par une "certaine politique" et ses seconds couteaux.

En tant qu’alternative à l’atrophie des intelligences que le "Spectacle" organise depuis des décennies, le Barbizon n’était pas seul. Plusieurs autres lieux alternatifs officient aussi dans Paris et sa banlieue. Chacun d’entre eux à ses spécificités, son "style", ses domaines de prédilection et probablement ses défauts. Mais ils ont aussi en commun une forte créativité qui se déploient en marge de la Culture assise et muséologique ; en marge aussi de cette culture de l’ennui qui tente de réanimer les rues exsangues que le petit peuple de naguère faisait chanter sous ses pas de danse.

En marge enfin des bouffonneries médiatiques et autres opérations marketing, dont l’indigence n’a d’égal que la pauvreté des contenus. Nombre d’entre eux sont déjà tombés avant le Barbizon. D’autres risquent de subir le même sort après lui.

Oui.Une "certaine politique" fait son grand nettoyage pré-électoral au karcher. Elle veut faire place net sur l’Agora pour y installer ses imposants tréteaux de foire et ses vendeurs à la criée. Elle veut être la seule à s’exprimer sur la société au sein de laquelle nous vivons et agissons. Et s’il doit y avoir un "point de vue culturelle" sur les questions de société, elle aura recours à sa clique de « culturocrates » dûment appointés pour l’exprimer. Va voter et tais-toi !
Dès lors qu’une "certaine politique" rêve depuis déjà longtemps d’une société lisse et homogène, pacifiée et docile. Dès lors que son pendant économique anéantit la formidable diversité des formes que prend la vie.

Dès lors que sa myriade de technocrates transpose ce programme d’appauvrissement à nos légumes et nos fruits, il semble logique qu’elle cherche à en finir avec la diversité socioculturelle qui échappe encore à son contrôle. La chute du Barbizon et des autres n’est qu’un moment de cette longue entreprise d’éradication de toutes les "mauvaises herbes". Mais ils sont tellement ignares qu’ils ne comprennent toujours pas que les mauvaises herbes sont tenaces et reviennent quoiqu’on fasse car elles participent du génie de la vie...

portail_jim@yahoo.fr

http://jeanmarie.chantrel.free.fr

http://www.lebarbizon.org

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