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Frédéric Lordon : et voilà le sens du pari du 5 mai

Publie le vendredi 20 avril 2018 par Open-Publishing
5 commentaires

Réaliser le nombre politique.

Le nombre frappe les esprits. Une manifestation nationale, de masse, n’est pas juste « une manif de plus ». C’est une démonstration de force. C’est pourquoi elle est un objectif en soi – même si elle n’est en fait qu’un objectif intermédiaire.

Pour réaliser le nombre, dans la rue, il faut un week-end. Beaucoup, entendant l’initiative du 5 mai, se sont inquiétés qu’elle ne vienne que beaucoup trop loin. S’ils savaient comme nous le pensons aussi.

Mais, posé l’objectif de la manifestation de masse, qui fait tout le sens de cette initiative, il suffit de prendre un agenda et de constater. 21 avril : trop tôt pour la logistique d’un tel événement. 28 avril : jour de grève des cheminots, pas de trains pour acheminer vers Paris.

L’un et l’autre (21 et 28) au surplus en pleine vacances de printemps parisiennes. Première date réaliste : le 5 mai.

Mais alors pourquoi pas le 1er mai ? Parce que ce sont les confédérations qui organisent les 1er mai et qu’elles les organisent locaux. Le nombre, lui, appelle la concentration. De viser après le 1er mai expose alors à la critique d’être à la remorque du calendrier de la CGT.

D’autres sont aussi catégoriques : c’est bien de remorque qu’il s’agit, mais celle de la FI. Pour désamorcer les traqueurs de récupération, le mieux sera peut-être de leur dire que l’idée même est conçue pour être récupérée. Mais récupérée par tous, ce qui signifie par personne.

Toutes les organisations, politiques, syndicales, associatives, sont invitées à se l’approprier – pourvu qu’elles soient capables du discernement minimal et d’accepter de se fondre dans un ensemble plus vaste qu’elles.

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Messages

  • Sans vouloir polémiquer, lors de la manif du 19 avril, un tract soi-disant unitaire a appelé à un rassemblement le 13 mai, signé par un peu de tout.
    Il n’y aurait pas une volonté de casser les mouvements en sachant très bien qu’il y en avait une le 5 mai et qu’ils auraient pu s’y associer ?
    Tous uni derrière moi mais pas derrière les autres, voilà les combats d’aujourd’hui.
    La ment table !

    • C’est dès décembre 2017 que le Mouvement pour la rupture avec la Cinquième république et l’Union européenne a ouvert la perspective d’une manifestation nationale, unitaire (il s’est adressé en ce sens à toutes les organisations ouvrières et démocratiques), de masse le 13 mai, cinquante ans après le 13 mai 68 qui a vu des centaines de milliers de travailleurs et jeunes manifester aux cris de "10 ans, De Gaulle, ça suffit !"
      Le mot d’ordre proposé est " 1 an, Macron, ça suffit ! Dehors !", ce que ne proposent pas Ruffin, Mélenchon, Hamon, Laurent...., Est-ce un hasard ? Faut-il donc attendre 2022 et préparer en attendant une reconstitution d’une "unité des gauches" comme le fait Besancenot au cas où la classe ouvrière et la jeunesse balaieraient ce "bel édifice" !
      La manifestation du 13 mai est d’ores et déjà soutenue par le POID (site internet "la Tribune des travailleurs"), le groupe La Commune, nombre de militants et sympathisants PCF, Insoumis, Génération.s, PS, ex-PS, NPA...

      Tous à Paris, place de la République, 14 h, le 13 mai 2018 !

    • Vous croyez que ça va aider à la mobilisation si chaque groupuscule rajoute sa petite manifestation ?

  • Ce serait trop demander aux syndicats combatifs, aux associations de masse et aux partis de gauche (non pas le PS !!), de se réunir une bonne fois pour toute pour arrêter un calendrier d’actions et des mots d’ordre unificateurs ??
    Notre dispersion fait les beaux jours de Macron-Médef.
    Bien sûr aux prolétaires de fixer les mots d’ordre via leurs instances de lutte.

    • Il n’y a rien à attendre des bureaucrates syndicaux. Pourquoi croyez-vous que les syndicats + le MEDEF s’appellent des partenaires sociaux ? Ça ne vous choque pas le terme de "partenaires" ? Ce n’est pas pour rien qu’on entend les leaders syndicaux déclarer tous en cœur "on fait du syndicalisme, pas de la politique". Comme si c’était sale d’avoir une démarche politique et comme si il était interdit aux syndicats d’avoir un projet de société. Il faut se rappeler l’esprit de la Charte d’Amiens qui visait à la fois la défense des revendications immédiates et quotidiennes, et la lutte pour une transformation d’ensemble de la société en toute indépendance des partis politiques et de l’État.
      Les syndicats réformistes, dont la CGT, n’ont retenu que "l’indépendance des partis politiques". L’indépendance de l’état, ils préfèrent oublier que c’était au programme car ils vivent tous des subventions publiques. C’est d’ailleurs la principale raison qui fait qu’ils n’ont pas trop envie que ça change vraiment. Faut bien payer les permanents.