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GENOCIDE

Publie le vendredi 19 janvier 2007 par Open-Publishing

Génocide

Exemple d’hypocrisie : le Forum économique mondial de Davos, qui se tiendra en Suisse la semaine prochaine, veut « faciliter un dialogue entre Irakiens ». De quel « dialogue » parle ce forum d’hommes d’affaires qui donne l’impression d’ignorer la guerre menée contre les civils en Irak ? Comme si la clef du problème en Irak était réductible à un simple « dialogue ». Voilà une image du débat dominant actuel. Le président américain ajoute une touche à la comédie : l’exécution barbare de Saddam Hussein, le même jour de la fête musulmane de l’Aïd El Adha, serait, selon lui, « un acte de vengeance ». Sans honte, George W. Bush, qui semble accomplir l’œuvre de son père en Mésopotamie, accuse le gouvernement El Maliki de « maladresse ».

L’esprit d’Hollywood plane sur la Maison-Blanche. Dans l’art de la diversion, Bush ne passe pas pour un maître. L’effondrement évident de la stratégie de son administration en Irak, et même en Afghanistan, lui fait dire des stupidités qui lacèrent davantage la politique extérieure des Etats-Unis. Que Bush n’ait rien à perdre quant à sa carrière politique, puisque son mandat s’arrête en 2008, est une chose. Que les néo-conservateurs américains, qui ont tout planifié dès le départ, quittent le navire l’un après l’autre est un fait. Mais que la prétendue « guerre contre le terrorisme » produise des génocides et génère des terreurs, cela devient un crime, crime contre l’humanité. Dans les morgues irakiennes, 16 000 cadavres sont gardés au froid. Difficile de les identifier. Du jamais-vu. Mardi 16 janvier, 100 civils sont morts à Baghdad, victimes de curieux attentats à l’explosif.

Qui est derrière ces tueries à grande échelle ? Dans le bourbier actuel, tous les coups bas sont permis. Manipulateurs, assassins professionnels, mercenaires, milices, spécialistes des missions clandestines et militaires s’amusent, comme des fous, au jeu du massacre. Le sacre est à celui qui aura coupé plus de têtes. L’ONU, qui tente de garder la face, parle de 36 000 morts durant 2006. Toutes les organisations antiguerre, y compris à l’intérieur des Etats-Unis, annoncent le chiffre de 600 000 morts depuis le début de l’invasion américano-britannique de l’Irak en 2003. Le nombre des déplacés frôle les 500 000 personnes. Le pays s’est vidé de son élite.

Le double attentat qui a ciblé, mardi, l’université de Mustansiriyah, qui a été fondée en 1233, est une autre preuve du ciblage systématique des institutions scientifiques du pays. Plus de 80% des instituts et facultés ont été détruits ou pillés. Est-ce un hasard ? Depuis 2004, les scientifiques et chercheurs sont tués chaque jour. Presque 3000 ont été assassinés. L’effacement culturel de l’Irak est en phase avancée d’exécution.

S’ajoute à cela l’ethnocide contre les sunnites, d’une part, et la revanche dirigée contre les chiites, entretenus par une haine superficielle, alimentée par la propagande psychologique des forces d’occupation. Napalm, phosphore blanc, bombes à fragmentation, armes biologiques... L’Irak est un vaste champ d’expérimentation. L’histoire retiendra l’attitude complice de la communauté internationale. Comme hier en Europe, au Rwanda, en Corée...

Faycal Metaoui

Edito du journal El Watan - Edition du 18 janvier 2007

 http://www.elwatan.com/spip.php?pag...