Accueil > Gaza : Le correspondant de Ouest-France témoigne.

Gaza : Le correspondant de Ouest-France témoigne.

Publie le mercredi 7 janvier 2009 par Open-Publishing
1 commentaire

Gaza : « On est arrivé dans une boucherie »
mercredi 07 janvier 2009, 16:10

Récit de ce mercredi du correspondant de Ouest-France en Palestine, Radjaa Abou Dagga, un des rares journalistes à avoir pu pénétrer dans la bande de Gaza.

J’étais en reportage depuis le matin avec des ambulanciers. Nous nous trouvions à l’hôpital de Kamel Adwan. Puisque le téléphone ne fonctionne presque plus et que les portables sont coupés, les gens n’ont plus le moyen de contacter les services d’urgence. Alors, dès qu’il y a une grosse explosion, les ambulanciers se rendent sur les lieux.

En début d’après-midi, on s’est dirigé vers le quartier de Jabaliyah parce qu’une colonne de fumée s’élevait de cette direction.

On est arrivé dans une boucherie.

Des bombes ou des obus, on ne savait pas alors qu’il s’agissait de deux obus de chars, avaient désintégré une école gérée par l’Onu dans le quartier de Fakhoura.

Dans ce bâtiment, des civils des villages du nord avaient trouvé refuge. C’était la panique. Des bouts de corps, du sang, des vêtements…

Quand je suis arrivé, un petit garçon de dix ans, légèrement blessé, est sorti des ruines avec le corps sans tête de sa petite soeur de cinq ans.

On a chargé les morts sur les blessés, les blessés sur les morts dans les ambulances déglinguées, dans des coffres de voitures. J’ai compté 21 morts.

Pendant ce temps, les Israéliens continuaient de tirer.

A l’hôpital principal, c’était une boucherie. L’entrée, les couloirs, la morgue étaient pleins de sang et de corps. Les gens avaient des crises d’hystérie.

J’ai craqué à mon tour. Je n’ai qu’une envie : pleurer.

Messages

  • "Des militants palestiniens ont-ils tiré à partir de l’école de l’Onu sur les soldats israéliens ? Non, affirme l’Onu. La riposte de Tsahal avait fait 43 morts mardi après-midi.
    L’armée israélienne l’affirme désormais : des militants palestiniens ont bien utilisé le site de l’école de l’Onu pour tirer au mortier sur les troupes de Tsahal. Mercredi matin, le colonel Olivier Rafowicz, un porte-parole de l’armée, a même donné l’identité de deux des tireurs. Il s’agirait d’Imad et de Hassan Abou Askhar, qui ont été tués par la riposte des soldats israéliens.

    Initialement, l’armée déclarait "qu’apparemment, les tirs venaient de l’école".L’Onu dément la présence de combattants palestiniens et demande une enquête indépendante pour déterminer s’il y a eu "crime de guerre". L’Onu rappelle que ses écoles servent de centres d’accueils pour les réfugiés et que les autorités israéliennes avaient été prévenues de leur présence sur le site visé par l’artillerie de Tsahal.

    Une version différente confiée à Ouest-France

    Le correspondant d’Ouest-France, Radjaa Abou Dagga, est retourné sur les lieux du drame, mercredi matin. Il a rencontré le père d’Imad Abou Askhar qui lui a donné une version différente de celle des Israéliens.

    Selon le père d’Imad, il n’y a aucun membre de sa famille qui porte le nom de Hassan. Quant à Imad, qui a bien péri lors de la riposte israélienne, il s’agirait d’un enfant de 12 ans.

    Cet enfant aurait été tué alors qu’"il jouait dans la cour de l’école avec des enfants de réfugiés", rapporte notre correspondant qui s’est fait confirmer cette version par des voisins.

    Cette tragédie a, en tout cas, suscité un élan de compassion dans les médias israéliens. Le quotidien Haaretz a même publié une "prière pour les enfants de Gaza" écrite par l’un de ses éditorialistes, alors que d’autres journaux s’interrogeaient ouvertement sur la responsabilité de Tsahal."

     "Ouest-France" du mercredi 07 janvier 2009

     et du mardi 06 janvier 2009 :

    "Gaza : une école administrée par l’ONU touchée par des obus israéliens : 40 morts civils. (videos)" http://bellaciao.org/fr/spip.php?article77420<<