Gaza et le formol de Weissglass

de Nazem

Dov Weissglass, le principal conseiller d’Arial Sharon, vient de dévoiler les vértiables objectifs du futur plan de retrait unilatéral de Gaza, prévu pour l’été 2005. Celui-ci vise " le gel du processus de paix ", pour une " durée indéterminée ", afin d’ " empêcher la création d’un Etat palestinien ".

Dans sa déclaration au journal Haaratz, publiée le 8 octobre, il ajoute : " Le désengagement, c’est en fait du formol, c’est la dose de formol nécessaire pour qu’il n’y ait pas de processus politiques avec les Palestiniens ".

Dov Weissglass a tenté par la suite de tempérer ses propos prétextant que les extraits publiés ont été retirés de leur contexte. Washnigton s’est pressé de demander des éclaircissements à Tel-Aviv, pour se déclarer ensuite " rassuré ", Comme l’a fait très vite savoir Colin Powell en affirmant n’avoir jamais " douté " de la position d’Ariel Sharon, à savoir son soutien au processus de paix !

Ariel Sharon avait pourtant affirmé ses véritables intentions, dans une déclaration au journal Yediot Aharanot, le 15 septembre, dans le sens indiqué par Dov Weissglass. Evoquant son plan de retrait de Gaza, il a fait savoir qu’il " se pourrait très bien qu’après l’évacuation il y ait une très longue période durant laquelle il ne se passe rien ". Cette " longue période " est désignée dans le discours de Weissglass comme " une durée indéterminée de votre agenda ", pendant laquelle sera retiré " l’ensemble du dossier "Etat palestinien" " avec tout ce qu’il comprend ".

Les " dangers " de ce dossier ? Ils sont sécuritaires (!), ils menacent la sécurité d’Israël, et se nomment : " retour des réfugiés ", " partage de Jérusalem ", et " évacuation des colonies ". L’application du formol qui permet d’échapper à ces dangers se fera, selon Weissglass, " avec la bénédiction présidentielle [américaine] et l’accord des deux chambres du Congrés ".

La formule de " gel " figure déjà dans le texte de la " feuille de route " à propos de la colonisation, mais Weissglass lui donne le sens affirmatif du maintien des colonies : " Ce sur quoi nous sommes tombés d’accord avec les Américains, c’est qu’une partie des colonies ne sera jamais concernée et que l’autre ne sera pas discutée tant que les Palestiniens n’auront pas changé ".

Ce qui doit " changer " chez les Palestiniens est constamment désigné dans le discours officiel américano-israélien : cesser le "terrorimse", mettre en prison tous les opposants, et changer de chefs !

Dans la tête de Weissglass, la longue période de gel promise ne servira pas seulement à empêcher l’avènement d’un Etat palestinien, mais aussi à consolider un nouvel état de fait militaire, sécuritaire et politqiue permettant de " changer " les Palestiniens. L’image active de cette situation, ainsi que le futur promis à Gaza et la Cisjordanie, sont suggérés par la définition du dictionnaire :

Formol : solution acqueuse d’aldéhyde formique, employé comme désinfectant et comme conservateur de tissus en laboratoire.

" Jours de repentir " fait certainement partie de "l’avant-garde" des méthodes de laboratoire promises pour Gaza après son "évacuation".

(assawra)