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Génération low cost, des jeunes avec une paye qui ne paye pas

Publie le samedi 8 avril 2006 par Open-Publishing
2 commentaires

Ils trouvent un emploi, ils sont prêts à accepter plus de flexibilité mais il se retrouvent avec des salaires de plus en plus bas. Et pour les diplômés il devient de plus en plus difficile d’accéder dans des délais raisonnables à des postes importants

de Federico Pace traduit de l’italien par karl&rosa

"Allons boire quelque chose mais, je vous le dit tout de suite, chacun paye pour soi". Il est 19h et Elena M., 28 ans, parle avec quelques collègues de travail devant la vitrine d’un bar au centre de Rome. Elle vient d’être embauchée - après quelques mois de stage - par une importante société de services de Rome qui lui a fait signer un contrat de travail à temps indéterminé.

Elle est diplômée et a décroché une maîtrise. Elle est heureuse, mais pas complètement. Le salaire, à peine plus de mille euros par mois, n’est pas de ceux qui ouvrent le cœur. On comprend pourquoi. Elena est une jeune femme de la génération low cost. Beaucoup de travail, peu de salaire.

On dit que le marché de l’emploi a besoin de flexibilité pour grandir. Et les jeunes sont prêts à accepter les nouvelles règles. Pour eux, la flexibilité n’est plus un tabou. Selon une recherche de l’Ires-Cgil qui vient d’être publiée, 56,1% des jeunes sont prêts à accepter la flexibilité pourvu qu’elle prévoit des droits et des protections minimum et n’affecte pas une période trop longue de leur propre carrière .

Mais, quand on parle de salaires, les choses, à ces conditions-là, ne vont pas pour le mieux. Oui, parce que, bien que justement aujourd’hui les données Istat disent que les salaires moyens ont augmenté à la date de décembre 2005 de 2,3% (les données les plus élevées depuis 1997), quand on est jeune le portefeuille ne rie presque jamais. Entre 25 et 32 ans, des données de la recherche Ires-Cgil, la plupart des ceux qui ont un emploi (42,6%) gagnent entre 800 et 1000 euros par mois. Un autre quart (22,3%) doivent se contenter de moins de 800 euros. Seul un sur dix parvient à atteindre un chiffre qui oscille entre 1.200 et 1.500 euros pas mois . Avec le paradoxe qu’on retrouve précisément les niveaux de revenu les plus élevés parmi ceux qui ont un niveau de scolarité inférieur.

Dans leur nouveau livre "La fin de la classe moyenne", Massimo Gaggi et Edoardo Naduzzi affirment qu’on est en train d’aller vers une société de masse aux revenus bas - moyens avec peu de possibilités d’accéder à des biens et des services typiques des classes aisées. Ainsi "dans nombre de pays la diffusion de l’offre de produits et de services low cost commence à peser plus qu’une réforme du fisc ou de la sécurité sociale parce qu’elle augmente sensiblement le pouvoir d’achat des salaires".

Dans cette société si radicalement transformée quel est alors le rôle du diplôme pour les jeunes ? Les dernières données du 6ème Rapport sur les Rétributions en Italie, publiées par OD&M Consulting, nous disent qu’en 2005 les salaires des diplômés par rapport à 2004 ont empiré plus que la moyenne des rétributions des employés (voir interview à Andrea Panzeri de OD&M Consulting).

Une donnée préoccupante, car nous ne sommes pas seulement face à un recul du salaire d’embauche dans l’entreprise mais aussi à un ralentissement de la progression de la rétribution des diplômés. La différence entre le salaire du diplômé avec 5 ans d’expérience et celui du diplômé avec 1-2 ans d’expérience est en train de se réduire remarquablement entre 2001 et aujourd’hui. En 2001, l’écart entre les diplômés experts et ceux à peine embauchés était de 4.127 euros (18,19%) alors qu’en 2005 cette différence s’est réduite à 2.009 euros, c’est-à-dire seulement 8,7% .

L’Union européenne considère la flexicurity, c’est-à-dire flexibilité plus sécurité, comme la nouvelle panacée pour faire augmenter les emplois d’une façon soutenable. La flexibilité de l’emploi unie à sa sécurité, avec des moyens de protection sociale. Vladimir Spidla, commissaire de l’emploi de l’Union européenne en a lui aussi parlé au meeting qui a eu lieu en Autriche les 19 et 20 janvier. Selon une telle politique on doit protéger plutôt la personne que l’emploi et on doit introduire de nouvelles formes de sécurité dans un scénario de flexibilité augmentée. Cette organisation, disent les experts de l’Union, ne peut pas faire abstraction d’une nécessaire cohésion du système social. On serait tenté de dire aujourd’hui que la flexibilité est là. La sécurité pas encore.

http://lavoro.repubblica.it/lavoro/...

Messages

  • Qui va acheter les produits de ces multinationales qui exploitent de plus en plus leurs salariés quand les salariés du monde entier ne gagneront plus de quoi en payer un seul et survivront par le troc, l’échange de services entre voisins, la récup et le système D ? C’est à ce moment-là que commenceront à se syndiquer les Indiens et les Chinois des pays où elles se seront délocalisées, leurs futurs clients.....si elles les payent correctement.

    Quand on voit les pubs télévisées de BMW hors de prix pour les jeunes, on se demande si leurs auteurs et les constructeurs totalement décalés vivent bien sur cette planète.

    Courage pour les manifs anti CPE-CNE
    Michèle

    • Il serait temps de réfléchir au sens du mot "flexibilité". Que signifie "être flexible" ? Lorsqu’on en saisit le sens, comment s’étonner ensuite que la flexibilité génère des salaires bas ?

      Une chose m’étonne aussi : avez-vous remarqué que lorsqu’on parle de flexibilité, ce sont toujours les employé-es qui doivent être flexibles. Pas les entreprises.

      On ne demande jamais aux entreprise d’accepter de payer plus de cotisation sociales et d’augmenter les salaires (la flexibilité des entreprises est pourtant essentielle et doit être au moins proportionnelle à l’inflation !)

      Le mot flexibilité en tout état de cause est un mot qui, par essence, n’engage aucune garantie. Il est toujours en défaveur de l’employé-e. On ne peut donc pas parler de flexecurity, c’est tout simplement contradictoire avec le concept même de la flexibilité et du capitalisme.

      Bilba.