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Dans le cadre du congrès extraordianaire du PCF. (Aussi bien pour les communistes du Nord, qui ne sont pas moins intéressants que ceux du Sud !)
* Dépassement du capitalisme
Le capitalisme doit tenter de surmonter une contradiction interne qui s’amplifie sans cesse : la baisse tendancielle du taux de profit, c’est-à-dire la baisse continue du rendement de l’appropriation privée des bénéfices de l’activité collective. Pour contrer cette baisse, il masque ses détournements, l’aggravation de l’exploitation des salariés, ou, acculé, il lâche quelques miettes qu’il espère capables de brouiller ses vols (l’actionnariat salarié étant la dernière miette en date).
Deux façons de concevoir le dépassement du capitalisme :
- "dépassement par la pensée qui laisse en réalité son objet intact" (Marx) ;
_- dépassement comme "moment réel de l’émancipation et de la reprise de soi de l’homme" qui exige "une action communiste réelle" (Marx) : abolir la propriété privée des moyens de production et d’échanges pour ouvrir l’abolition de l’aliénation la plus fondamentale, l’aliénation du travail. Le travail est l’activité essentielle de l’homme.
* Aliénation du travail
En allemand, l’aliénation n’inclut pas "l’aliénation mentale", pour Marx en particulier, l’aliénation est strictement un terme juridique : dessaisissement d’un bien ou d’un droit.
C’est le processus historique objectif par lequel, dans la société marchande et spécialement dans le capitalisme, les forces productives et les rapports sociaux deviennent, sur la base de la division du travail et de la société en classes, des puissances étrangères qui dominent et écrasent les hommes.
* Travail
Moment et résultat de la mise en oeuvre de la force de travail.
- Travail concret : activité personnelle ou collective qui reproduit ou transforme les conditions de vie ou de production des valeurs d’usage. ;
_- Travail abstrait : forme du travail prise dans les rapports sociaux de production, séparant propriété des capitaux et travail, qui subordonne l’activité concrète.
La valeur de la force de travail est payée au salarié selon un calcul qui "abstrait" les particularités personnelles de compétence et d’habileté. Le travail abstrait est calculé pour un salarié moyen de compétence moyenne et d’habileté moyenne pour une durée de temps moyenne...
Remarque : Quand un salarié prend conscience qu’il n’est pas payé pour sa compétence ou son habileté (au moment où il est accidenté dans son travail, licencié ou quand son travail est délocalisé), le ciel lui tombe sur la tête : la manifestation de soi qui le valorise personnellement grâce au travail concret apparaît alors comme un leurre. La dépression ou le suicide semble alors une réponse, tout autant que la révolte et la colère. Réponses individuelles, cependant, à défaut de la prise de conscience de l’appartenance à la classe salariée et de réactions collectives, donc de la lutte solidaire pour la défense de son emploi et de ses conditions de vie.
* Division sociale du travail
Le capitalisme laisse le soin aux détenteurs de capitaux de découper le processus de production en emplois selon leurs intérêts immédiats de rentabilité et de profits. Ce découpage est fait pour obtenir des produits, des conditions de production les moins chers possibles, l’emploi est aussi défini pour que la force de travail soit la moins chère possible si les machines n’existent pas ou sont plus chères que la main-d’oeuvre correspondante.
Il n’est pas possible de dépasser le capitalisme sans que soit remise en cause la division sociale (internationale) du travail, afin que le travail ne soit plus une marchandise avec son marché. ("Marché du travail" est une expression de la classe bourgeoise, elle marque bien ce qu’il en est pour elle de la force de travail. "Marché de l’emploi" est aussi idéologiquement marqué).
Alors que comme le dit le préambule des Constitutions françaises de 1946 et 1958, "l’emploi est un droit et chaque citoyen a le devoir de travailler". Comment exprimer plus justement qu’il faut créer les organisations sociales qui vont permettre à chacun d’exercer son droit à l’emploi (droit opposable, selon la terminologie juridique) et son devoir de travailler ? Si la classe prolétaire avait mieux réussi à défendre ses droits, peut-être que nous aurions déjà depuis longtemps une sécurité-emploi-formation telle que les constitutions depuis 1946 en avait ouvert la possibilité...
* Rapports sociaux
Rapports qui ne se limitent pas aux rapports de production, mais qui sont très déterminés par eux.
Les rapports sociaux ne sont pas les relations interpersonnelles (être ami avec son patron, n’empêche pas que le rapport social avec lui est de salarié à capitaliste, d’exploité à exploiteur).
Les rapports sociaux de production sont contradictoires en ce qu’ils poussent au développement des forces de production et au développement intégral des individus en même temps qu’ils soumettent toutes les activités humaines à l’évaluation monétaire. La production pour le profit pousse donc à la séparation des hommes avec la nature et entre eux-mêmes. Mais ce faisant, le capital ouvre la porte d’un développement historique des activités face à des besoins eux-mêmes historiquement développés :
_- "En aspirant sans trêve à la forme universelle de la richesse, le capital pousse le travail au-delà des frontières de ses besoins naturels et crée ainsi les éléments matériels du développement de cette riche individualité qui est aussi polyvalente dans sa production que dans sa consommation et dont le travail, par conséquent, n’apparaît plus non plus comme travail mais comme plein développement de l’activité elle-même, où la nécessité naturelle a disparu sous sa forme immédiate, parce qu’un besoin produit par l’histoire est venu remplacer un besoin naturel." (Marx) ;
_et donc à son dépassement comme forme dominante du mode de production. Car le caractère parcellaire du travailleur devient l’entrave la plus directe au développement :
_- "Oui, la grande industrie oblige la société sous peine de mort à remplacer l’individu morcelé, porte-douleur d’une fonction productive de détail, par l’individu intégral qui sache tenir tête aux exigences les plus diversifiées du travail et ne donne, dans des fonctions alternées, qu’un libre essor à la diversité de ses capacités naturelles ou acquises." (Marx)
La base communautaire de la production est devenue nécessaire, du point de vue de l’individu social, l’intermédiaire de l’argent n’étant plus nécessaire pour faire valoir le caractère social du travail, le communisme -le dépassement du capitalisme- signifie "le travail individuel posé réellement comme travail social, et vice versa." (Marx)
* Travailleur
Par définition celui qui travaille... l’ouvrier mais aussi le fonctionnaire et aussi le commerçant et aussi l’artisan et aussi l’indépendant et aussi le dirigeant, ils travaillent tous. Un terme ambigu donc, et à ne pas utiliser à la place de salarié, de commerçant, d’artisan... Les salariés sont aujourd’hui soit des producteurs directs ou indirects (salariés à statut des services publics de santé et d’éducation, par exemple) soit des dirigeants qui utilisent le statut de salarié pour profiter des avantages acquis par les luttes de la classe prolétaire, mais comme ils ont aussi des actions en remerciement du sale boulot que les actionnaires leur demandent d’accomplir, ils sont en fait de vrais actionnaires plus que des salariés. Ce n’est pas parce que ces quelques salariés n’en sont pas réellement que la classe prolétaire n’existe pas.
Remarque : 91 % de la population active en France est salariée, la classe prolétaire est donc naturellement la base du rassemblement majoritaire qui doit diriger politiquement.
* Emploi
L’emploi n’est pas le travail...
_- Au sens individuel, c’est la fonction professionnelle d’une personne dans la société, dans une entreprise ou une administration.
_- Au sens collectif, c’est l’ensemble des occupations professionnelles ou salariales fournies par une collectivité.
L’emploi, au sens collectif, dans le système capitaliste est toujours un sous-emploi : la totalité des demandes d’emploi n’est jamais satisfaite. Le capitalisme financier et mondialisé calcule l’indice NAIRU (Non-Accelerating Inflation Rate of Unemployment, Taux de chômage n’accélérant pas l’inflation), afin de déterminer ses politiques de partage des emplois. Entendre par NAIRU : taux maximum de chômage acceptable socialement pour qu’il n’y ait pas d’augmentation des salaires.
* Salaire
Prix de la force de travail.
Depuis les grandes luttes contre la précarité du contrat de travail (qui était horaire ou à la journée -l’embauche du matin-) la mensualisation a été imposée par les salariés, après la semaine et la quinzaine. Elle est remise en question par les tentatives de flexibiliser l’emploi à l’heure ou à l’année. Après 1945, le salaire s’est divisé en deux parties : le salaire direct payé au salarié en fin de période et le salaire différé, les cotisations sociales, qui lui revient en fonction de ses besoins, maternité, éducation des enfants, maladie, chômage, retraite. Ce salaire différé de solidarité que les salariés s’obligent à mettre dans un pot commun a été en partie détourné de son sens par la dénomination "charges sociales" payées par l’entreprise soi-disant comme un cadeau supplémentaire au salarié et dont elle pourrait se débarrasser pour se porter mieux.
Ainsi le salaire ne comprend que deux parties, toutes les deux payées par l’entreprise. C’est cette fiction d’une contribution patronale aux organismes sociaux qui a fondé la gestion paritaire de ceux-ci contre la volonté initiale des fondateurs qui n’avaient pas ouvert la porte aux patrons dans les conseils d’administration des organismes sociaux.
* Cotisations sociales
Conséquences de la décision de constituer une mutualisation de la prévoyance et de l’assurance sociale sans capitaliser les sommes nécessaires, grâce au mécanisme de la répartition. Le salaire payé par l’entreprise comprend donc la partie directe plus les cotisations sociales (salaire différé), quelles soient "obligatoires pour l’employeur ou pour le salarié". Parler du SMIC à 1500 € (qui plus est en introduisant les idées de salaire brut et net... sachant que le salaire net est le salaire brut moins les cotisations sociales "payées par le salarié") est donc une façon de ne pas clarifier ces questions : le salaire complet au SMIC (direct + différé) est actuellement de 1548 € environ et il faudrait donc demander un SMIC (complet) à 1800 € ou plus pour lever toute ambiguité. Accepter la réduction des cotisations sociales, c’est accepter une réduction du salaire et le manque à cotiser devra être payé autrement, la TVA sociale, par exemple.
Remarque 1 : La "part patronale" comme la "part salariale" sont des fictions inventées par CNPF (le MEDEF d’avant) afin de pouvoir justifier la présence des patrons aux conseils d’administration des organismes sociaux : la gestion paritaire imposée par les ordonnances de 1958 par De Gaulle qui, en remerciement de l’appui des patrons, les a introduits dans les organismes sociaux qu’ils ont commencé à exploiter et à mettre en déficit avec la complicité de FO de l’époque (syndicat de collaboration de classe, créé en 1946 avec des fonds étatsuniens pour contrer la CGT, syndicat de la classe prolétaire).
_La preuve que la "part patronale" est une fiction : aucune prestation ne revient en propre à l’entreprise sur les cotisations versées, seuls les salariés en sont bénéficiaires. Curieuse "assurance" qui ne profite pas à celui qui en verserait une part !
Remarque 2 : Les deux parts obligatoires "salarié" et "patronale" sont toutes les deux exonérées d’impôts (sauf la CSG, grâce au brouillage supplémentaire introduit par Rocard).
* Répartition
Invention révolutionnaire du Programme du Conseil National de la Résistance en 1943. Permet de constituer des mutualisations collectives sans faire appel à la capitalisation et aux banques : les cotisations des actifs du mois servent à payer les indemnités et retraites du mois suivant. La circulation des fonds est rapide sans qu’il soit besoin de faire entrer des calculs d’intérêts. Un fonds de garantie est constitué pour compenser les fluctuations marginales.
Remarque 1 : Depuis plus de soixante ans, le capitalisme français tente de s’approprier ce système dont il est largement exclu. En effet, il ne peut profiter des intérêts que lui procureraient des fonds de pension capitalistes ou des assurances privées, qui seraient énormes, en rapport avec les sommes en question qui dépassent le budget de l’état en France. Pour le moment, il n’a pu que le mettre en déficit (le trou de la sécu et des retraites) pour tenter de démontrer qu’il est "essoufflé" ou archaïque et en réduisant les prestations (tout en augmentant les cotisations) tenter de faire préférer les solutions capitalistes de retraites et d’assurances privées "plus avantageuses". Le danger est grand dans la mesure où la Commission européenne exerce la plus forte pression dans le même sens. La bataille idéologique sur cette question est européenne et mondiale : le principe de la répartition pour les systèmes de prévoyance et d’assurance est immédiatement applicable à tous les pays, contagion que craignent les capitalistes.
Remarque 2 : De fait le capitalisme français profite indirectement du système, tout d’abord par les fournitures de tous ordres qui sont achetées avec les prestations (soutien de la consommation), ensuite par la prévisibilité de moyen terme qu’il donne sur les consommations qui fluctuent beaucoup moins que dans un système où cotisations ou prestations fluctuent selon les prix du marché et les circonstances. (Il est fréquemment question du fait que la croissance ne démarre pas aussi vite que dans les autres pays ou que le freinage n’est pas aussi rapide... en fait la masse des prestations sociales qui représentent plus de 10 % du PIB, joue le rôle d’un coussin amortisseur des cycles capitalistiques. La croissance moyenne en longue période est équivalente aux autres pays mais elle est plus régulière.)
Remarque 3 : Il revient à la théorie communiste de montrer que le principe de répartition est un mouvement réel, révolutionnaire, de la gestion sociale et démocratique allant dans le sens communiste et de montrer l’importance de la lutte à conduire pour sa défense et son développement.
Messages
1. Glossaire à discuter (2), 23 juillet 2007, 15:29
Merci de votre travail.
2. Glossaire à discuter (2), 7 août 2007, 18:54
C’est bon, ça, coco, continue. Vieux stal borné.