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Grande-Bretagne : Le Labour tourne la page Tony Blair
Publie le jeudi 27 septembre 2007 par Open-Publishingde Isabelle Tallec
Le congrès annuel du parti travailliste britannique s’est achevé ce jeudi : le premier sans Tony Blair, le premier de Gordon Brown comme chef du gouvernement. Un test réussi pour le nouveau Premier ministre qui a su faire oublier son charismatique prédécesseur.
Pari tenu pour Gordon Brown. Trois mois après son investiture à la tête du gouvernement, le Premier ministre britannique sort renforcé du congrès du Labour qui s’est achevé ce jeudi. Un congrès où il est apparu comme le chef incontesté d’un parti uni et qui lui a également permis de clore, avec calme et détermination, l’ère Tony Blair.
Ce n’est qu’à la cinquantième minute de son discours, prononcé lundi, que Brown a en effet rendu un hommage bref et convenu à son prédécesseur, avec qui il entretenait des relations tendues et dont il a salué la "contribution" au processus de paix au Proche-Orient et en Irlande du Nord. Salve d’applaudissements, tout de même, lorsqu’il a mentionné la "dette" que le pays et le parti ont envers l’ancien Premier ministre.
Mais les autres ministres ont eux, pour la plupart, occulté le nom de Tony Blair dans leurs interventions à la tribune. "Tony who ?" a même titré The Guardian dans son édition de mercredi. Quel contraste avec le congrès de l’an passé à Manchester lorsque le discours-bilan de Tony Blair avait reçu un accueil ému des militants, redevables à l’homme qui avait offert au parti dix ans de pouvoir et trois élections victorieuses !
Comment expliquer que la page Blair ait été tournée aussi vite ? La guerre en Irak, bien sûr, a décrédibilisé l’ancien Premier ministre. Mais pour Philippe Marlière, chercheur à l’université de Londres, cette révolution tranquille est aussi "culturelle" : "Les travaillistes purs et durs ont toujours été méfiants vis-à-vis de Tony Blair, qu’ils estimaient ne pas être un des leurs. Gordon Brown, lui, est considéré comme un vrai ‘Labour’, l’un des piliers de ce parti qu’il a servi toute sa vie". Tony "le flamboyant" a, lui, fini par lasser.
Une cote de popularité à la hausse
Contrairement à tout ce qu’on lui prédisait, Gordon Brown, fils de pasteur presbytérien écossais, austère et peu charismatique, connaît une vraie lune de miel avec l’opinion. Cet homme que l’on disait autoritaire, "stalinien" dans ses méthodes, brutal, a achevé sa mue : changement de look, visage avenant, ton rassurant.
Favori des sondages qui lui donne une nette avance sur son opposant conservateur David Cameron, il pourrait profiter de cet état de grâce pour asseoir sa légitimité par une victoire électorale. Guidé par la prudence, il n’a pourtant pas levé au cours du congrès le suspense, qui durait depuis plusieurs jours, sur d’éventuelles élections anticipées.
C’est donc un Labour uni qui est apparu acclamant son nouveau leader, des poids lourds du blairisme aux militants de base, tous ralliés au "nouveau" Gordon Brown, qui a visiblement su les convaincre par son esprit de conciliation, son désir d’ouverture et de renouveau, et émouvoir par un discours très personnel.
Au-delà du plébiscite interne des travaillistes, et maintenant que son déficit d’image semble avoir été surmonté, quels défis l’attendent ? Si aucun changement d’envergure n’est à prévoir dans les grandes orientations de politique intérieure, le Premier ministre a commencé à poser les jalons d’un retrait progressif des forces britanniques en Irak.
Mais au-delà, il doit surtout montrer qu’outre sa capacité à gouverner, il peut changer le pays, "refaçonner durablement une Grande-Bretagne à la fois économiquement moderne et réconciliée avec ses valeurs et ses traditions", explique Philippe Marlière. Une Grande-Bretagne à son image ?