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Grève des entrepôts après l’annonce de la retraite record accordée à l’ancien PDG

Publie le vendredi 29 avril 2005 par Open-Publishing

Carrefour : après le scandale, le blocus

Par Frédéric PONS

La retraite à 38 millions d’euros de Daniel Bernard, l’ancien PDG du groupe, commence à faire de grosses vagues sociales chez Carrefour. L’intersyndicale CFTC-FO-CDFT vient de lancer un mouvement de « grève illimitée » dans les trente entrepôts français du numéro 2 mondial des hypers. Objectif : obtenir 50 euros bruts mensuels de plus pour chacun des 7 000 salariés de la logistique.

A en croire les syndicats, les employés sont « exaspérés » par l’affaire Bernard. « On était en pleines négociations salariales quand l’indemnité de l’ancien patron a été rendue publique. La direction nous propose 24 euros bruts mensuels en nous expliquant que c’est le meilleur chiffre que l’on peut avoir : elle se moque du monde », commente François Lermytte, délégué national CFTC de LCM, la filiale ad hoc de Carrefour.

Hier après-midi, l’activité de l’entrepôt d’Aire-sur-la-Lys (Pas-de-Calais), dont François Lermytte est salarié, était stoppée : « Nous avons arrêté de préparer les palettes de produits ultrafrais. Les camions n’ont donc plus rien à venir chercher ici », explique le syndicaliste. Même situation à l’entrepôt LCM de Plaisance-du-Touch (Haute-Garonne), qui fournit en produits frais 150 des 588 supermarchés Champion du groupe. « La direction nous bassine avec les efforts supplémentaires que nous allons devoir faire en productivité, et ce brave homme prend 38 millions d’euros ! Ça a surmotivé les gens pour la grève », explique Gilles Grenier, délégué national FO de LCM. Ni lui ni François Lermytte n’ont l’intention de suspendre le mouvement et attendent des « propositions de la direction ».

Hier, celle-ci a reconnu que dix-neuf des trente entrepôts du groupe étaient touchés par la grève, « sans toutefois affecter le bon approvisionnement des magasins ». Selon la direction, seuls 10 % des salariés de la logistique avaient, hier, cessé le travail. Cependant, les plates-formes qui livrent les magasins fonctionnent à flux tendu, le moindre à-coup grippe la machine. Carrefour estime dans son rapport annuel qu’un hyper doit être livré « en moyenne tous les jours » et un super « trois à six fois par semaine ».

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