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Guerre et Paix dans le Monde

Publie le mercredi 9 juin 2004 par Open-Publishing

(article d’opinion)

Surfer sur le web américain, sur les sites des médias officiels ou les weblogs des particuliers, permet de saisir la réalité des intentions américaines et la logique qui sous-tend leur interventionnisme politico-militaire actuel dans le reste du monde.

Car la situation est inédite : « l’Empire » est passé ouvertement à l’attaque contre ses ennemis, l’armée américaine intervient à visage découvert partout où les intérêts américains sont directement menacés : Afghanistan, Irak, Haïti, Philippines, Colombie...

La CIA ne prend même plus la peine de financer et d’entraîner secrètement des guérillas ou contre-révolutions là où les Etats-Unis estiment que cela est nécessaire.

Depuis le 11/09/2001, les Etats-Unis sont en guerre. Une guerre véritable, déclarée à un ennemi polymorphe et souvent invisible. Une guerre de riches contre la misère diront certains.

Si les manoeuvres diplomatiques et politiques laissent entrevoir des magouilles financières, notamment liées au pétrole ou aux contrats de "reconstruction" d’un pays que l’on a précédemment anéanti, la stratégie américaine est d’un niveau beaucoup plus élevé que la simple guerre impérialiste au coup par coup pour s’accaparer des ressources naturelles et des marchés.

La société américaine, caractérisée par un capitalisme viscéral et une compétition à tous les niveaux, est donc régie par la concurrence, dans tous les domaines.

C’est ainsi que l’on ne peut réduire les décisions de ses dirigeants à des manoeuvres - qui relèveraient d’un complot - venant d’un groupe réduit de personnes, ainsi que le fait régulièrement l’analyse gauchiste.

Au contraire, ces décisions sont toutes soumises au principe de la concurrence démocratique des lobbies et divers corps politiques et sociaux - qui agissent le plus souvent ouvertement et dont les intentions sont facilement discernables. A l’inverse donc d’un complot par essence secret.

Si les masses peuvent être manipulées par les médias, les élites sociales, culturelles, politiques, économiques et militaires savent à quoi s’en tenir et les décisions politiques extérieures des Etats-Unis, guidées par le seul intérêt national, relèvent de plusieurs niveaux stratégiques, satisfaisant aux intérêts de groupes différents, parfois divergents, parfois alliés.

Il y a donc toujours les profiteurs de guerre, les Halliburton et autres Lockeed, qui ne voient dans la guerre qu’un moyen de s’enrichir. Mais l’influence des purs stratèges militaires qui jouent la survie du pays est également déterminante. Car dans cette nouvelle guerre mondiale, qui voit s’affronter les Etats-Unis - bras armé des pays industrialisés - et les Terroristes - nés sur le terreau de la misère des pays dits sous-développés - , le profit n’est finalement que secondaire. C’est l’existence et la crédibilité même de la démocratie capitaliste qui sont en jeu.

Si la théorie du choc des civilisations, défendue par un Samuel Huntington, est simpliste et fausse - le combat serait entre un Occident chrétien éclairé et un Islam fanatique et obscurantiste - , une guerre mondiale est tout de même en cours, une guerre de classes qui oppose les pays riches et les pays pauvres, ou plus précisément les élites des pays riches et les miséreux des pays pauvres.

Les dirigeants et les classes dominantes des pays du Sud étant alliées aux puissances industrielles du Nord, tout en encadrant de manière autoritaire leurs populations, les expressions de fureur populaire ne trouvent leur exutoire que dans le fanatisme islamique qui tente de projeter le Djihad contre la forteresse des pays riches.

Le projet stratégique des Etats-Unis est donc double : l’anéantissement militaire des groupes terroristes partout où ils sont localisés - avec pour conséquence de susciter de plus en plus de haine dans les pays visés - , et l’établissement à marche forcée d’une démocratie véritable dans les pays qui posent le plus de problème - le projet du Grand Moyen-Orient revient à l’ordre du jour. La démocratie devant permettre l’expression pacifique des tensions populaires afin de les détourner des actions radicales et violentes.

Face à un terrorisme internationalisé et filialisé, calqué ironiquement sur le mode de fonctionnement des multinationales des pays industrialisés, ces derniers n’ont d’autre choix dans leur logique de système que d’opposer des stratégies encore plus sophistiquées, avec tous les risques d’imperfections et de ratages que cela comporte - sans compter les dégâts infligés aux populations civiles qui payent le prix fort dans une guerre non déclarée et sans ennemi militaire en face.