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Hébron, cité convoitée par les colons israéliens

Publie le vendredi 23 novembre 2007 par Open-Publishing
3 commentaires

de Michel Bôle-Richard

Pour les colons, cela ne fait aucun doute : l’endroit est stratégique. Située sur une colline dominant une petite vallée, l’énorme bâtisse permet de contrôler l’accès au coeur historique d’Hébron. Le bâtiment de quatre étages, d’une superficie totale de 3 500 m2, est surtout une acquisition capitale dans la conquête du territoire palestinien par les colons pour établir un lien entre la colonie de Kyriat Arba et le caveau des Patriarches, lieu de culte important de cette cité antique tant pour les juifs que pour les musulmans.

C’est une nouvelle pièce d’un puzzle qui se met en place pour évincer la population palestinienne située entre les points d’implantation déjà établis dans la vieille ville (600 à 700 personnes) et les deux colonies de Kyriat Arba et de Givat HaAvo (8 000 habitants) à la périphérie. Le grand arc de cercle serait ainsi complété, permettant de reprendre en partie possession de ce que David Wilder, porte-parole de la communauté juive, appelle "la première ville juive ayant existé dans le monde".

C’est pourquoi, le 19 mars, un groupe de colons a investi cet immeuble, situé à proximité d’une mosquée et d’un cimetière musulman, au milieu d’un quartier palestinien. Depuis, pour ces habitants, c’est un enfer. Cernés par les colons, ils n’ont plus le droit d’utiliser la route et se déplacent à pied ou avec des carrioles, que les nouveaux barrages ne laissent pas toujours passer. La police et l’armée sont omniprésentes. Un poste de surveillance a été installé à proximité et sur le toit du bâtiment. En face, de l’autre côté du vallon, une tour de guet. Une dizaine de familles y sont installées, sous la haute protection des forces de sécurité. L’entrée y est interdite à la presse.

Les colons sont là pour rester et le font savoir à leurs voisins, jugés indésirables. Un rapport publié par B’Tselem indique que l’immeuble a été connecté au réseau électrique et que des travaux ont été entrepris pour l’installation de nouveaux colons. Il dénonce "les abus et les violences exercés par les colons et les forces de sécurité, et les interdictions croissantes placées à la liberté de mouvement des Palestiniens". B’Tselem énumère toutes les attaques qui se sont produites depuis sept mois : "Agressions physiques et verbales ; insultes ; malédictions ; jets de pierre, d’urine, d’oeufs, d’ordures, de bouteilles vides", sous l’oeil indifférent des forces de sécurité qui, elles aussi, sont accusées de mauvais traitements et d’humiliations.

"Les colons ne cessent de nous attaquer. Mon fils a été traîné dehors et battu, se lamente Bassam Jaabari. Ils m’interdisent d’apporter de la marchandise. Ils nous crachent dessus, nous lancent des poubelles. Ils ne nous considèrent pas comme des humains. Ils cherchent à nous faire partir à tout prix. Mon frère est en prison depuis le 5 août avec six autres personnes accusées d’avoir jeté des pierres. C’est devenu infernal". Bassam Jaabari tient une petite boutique en contrebas du bâtiment des colons qui a été baptisée "la maison de la paix". "C’est pour montrer que les Arabes et les Juifs peuvent vivre en paix", dit, sans rire, David Wilder. Il explique que les accusations de B’Tselem sont "une fabrication. Il n’y a aucune preuve, pas une image. Les Juifs veulent vivre à Hébron et lorsqu’il y a une propriété à acheter, il est normal de le faire".

FAUX ACTES DE PROPRIÉTÉ

Contrairement à ce qu’affirme M. Wilder, les preuves de violences sont nombreuses. B’Tselem a fourni aux Palestiniens de petites caméras qui leur ont permis de filmer plusieurs agressions. Quant à acheter, les Palestiniens refusent de vendre, même sous la pression. Fayez Al-Rajabi, le propriétaire, raconte qu’il n’a jamais vendu ce bâtiment, dont il avait acheté le terrain, il y a treize ans, à un Jordanien. Il avait entrepris d’y édifier une construction dont les travaux ont été retardés à cause de l’Intifada. Pour ce garagiste, les documents de propriété des colons sont "des faux". "Ma maison m’a été volée", accuse-t-il. Il a même passé six mois en prison car l’Autorité palestinienne l’avait soupçonné d’avoir vendu à des colons. Ce qui est considéré comme un acte de collaboration. Dimanche 18 novembre, l’enquête gouvernementale demandée par la Haute Cour a conclu qu’effectivement, il n’avait pas vendu son bien et que, par conséquent, les occupants devaient en être délogés.

Il semble bien que les colons aient acheté au même Jordanien, un certain Ayoub Jaber, une propriété qu’il avait déjà vendue au garagiste. Le procureur de la Haute Cour avait estimé qu’il y avait de "sérieux doutes sur l’authenticité des documents présentés par les colons". Il y a quelques mois, le ministère de la défense avait ordonné l’expulsion des colons. Un appel a été interjeté. Pour les colons, l’important est de gagner du temps. Ils s’installent et créent sur le terrain une situation de fait. "Nous sommes chez nous et nous avons l’intention d’acheter tout ce qu’il est possible d’acheter, car Hébron, martèle M. Wilder, est un haut lieu du judaïsme."

http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0,36-980355,0.html

Messages

  • C’est vraiment pas glorieux pour les juifs israéliens ! Faire des faux en écriture pour faucher les propriétés des palestiniens, c’est ça qu’on trouve dans la bible ? Et le coup de pied du gamin sur la photo et le tir du chale par une israélienne, c’est montrer une image détestable de ces gens qui se comportent comme des hyènes.

    Je ne sais plus quoi dire, tant c’est lamentable, tant ça dépasse l’entendement, eux qui parlent de démocratie dans leur pays.

    Que les palestiniens continuent avec leur petite caméra pour nous informer, et peut-être que l’ONU enfin voudra bien régler la question urgemment, ça n’a que trop duré ce vol territorial !
    La Palestine a été coupé en deux, que chacun réintègre sa partie et basta !

    • les colons que vous voyez, protégés par l’armée, font subir les pires exactions et humiliations aux palestiniens qui ont le "culot" de rester chez eux

      cela se passe dans la vieille ville où le souk est désormais couvert de bâches : en effet, après que les colons aient délogé les habitants à l’étage (en leur cassant la gueule), ils prirent l’habitude de balancer leurs déjections sur la tronche des passants palestiniens

      les palestiniens se font harceler quotidiennement par ces fanatiques, tous armés, qui insultent , frappent et ne laissent aucun répit aux gens d’Hébron

      pour y avoir passé une longue journée, et justement dans la vieille ville normalement proscrite à l’étranger, je peux vous dire que la population est littéralement terrorisée par ces tordus fanatiques dont l’idole est baruch goldstein, et par l’armée... il n’y a pas de mots pour qualifier ce qui se passe là mais on peut dire que la notion de ghetto trouve ici un développement nouveau : la vieille ville est cernée de grands grillages et de blocs de béton, les façades et portes des petits commerçants palestiniens sont couverts de slogans en hébreu comme "les arabes dehors", etc... et là, enfermés, les Palestiniens et, plus loin, mais libres de leurs mouvements et surarmés, des juifs fanatisés qui agissent à leur gré, minoritaires mais tout-puissants.

      rima

    • Ca sert donc à ça, le retour des juifs en Israël, occuper les territoires volés aux palestiniens !

      Je me demande comment cette histoire plus que minable pourrait trouver une issue acceptable par les deux états, si personne ici en occident, ou dans les pays arabes ne ramène pas à la raison Israël.

      Ce dernier devrait se montrer concilient, car si on regarde de plus près son histoire, il s’avère que les juifs éparpillés dans le monde ne souhaitaient pas revenir en Israël, estimant que ce petit pays était sans avenir, en raison de l’immense désert qui le caractérise.

      Comment leur religion peut-elle s’accommoder de tant de violences, de vexations et de tueries, c’est ce que je n’arrive pas à comprendre ? Idem, pour toutes les autres confessions.