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Honduras : la dictature n’aime pas les intellectuels
Publie le dimanche 15 novembre 2009 par Open-PublishingLe point commun des dictatures a toujours été d’étouffer, de réprimer, d’harasser tout ce qui touche au savoir, à la connaissance et à la culture. Le gouvernement de facto de Micheletti ne déroge pas à cette règle : l’Institut Hondurien d’Anthropologie et d’Histoire (IHAH) subit depuis le début du putsch des fermetures arbitraires, des licenciements abusifs, et autre joyeusetés. Parmi celles-ci la fermeture par l’armée du Centre de Recherche en Histoire du Honduras en octobre dernier.
Dans la même veine les forces armées ont investi un lycée dans la ville de Choloma, sous prétexte de résistance. Là non plus ça n’est pas le premier lieu d’éducation qui se trouve brimé par le pouvoir putschiste, l’université de Tegucigalpa en a déjà largement fait les frais, et depuis le début du putsch plusieurs professeurs ont été assassinés.
Sous des prétextes fallacieux le pouvoir autoritaire s’attaque toujours à celles et ceux qui pourraient argumenter contre son modèle unique de pensée. En Occident, face aux gouvernements pseudo-démocratiques c’est aussi de cette manière que l’on devine l’autoritarisme qui grandit. En fin de compte le Honduras n’est peut-être pas si loin de nous.
Les licenciements et la répression contre l’IHAH continuent (Institut Hondurien d’Anthropologie et d’Histoire)
Le gouvernement de facto continue à harasser les historiens et les intellectuels, avec une ardeur toujours aussi forte pour détruire les avances obtenues pendant la gestion [NDT : de Zelaya], pour détruire le Centre Documentaire de Recherche Historique et pour réprimer les intellectuels défendant l’histoire et le patrimoine au sein du Secrétariat de la Culture et de l’Institut Hondurien d’Anthropologie et d’Histoire.
Vendredi après-midi le licenciement de l’historienne Yesenia Martínez, chef de l’Unité d’Histoire de l’IHAH et coordinatrice du Centre Documentaire de Recherches Historiques, s’est ajouté à la liste de licenciements arbitraires.
Cette dernière défendait depuis plus de quatre mois les projets historiques de l’institut et dénonçait la poursuite dont elle et son personnel faisait objet de la part de Myrna Castro, l’usurpatrice et répresseure [NDT : Ministre de facto] de la Culture, des Arts et du Sport.
La semaine dernière Mme Castro avait notifié à Nora Benítez, licenciée en histoire et assistant de recherche au CDIHH l’annulation de son contrat dès début décembre 2009.
Sont reproduites ci-dessous les notifications de licenciement [Les deux lettres de Myrna Castro, en image] et quelques expressions de solidarité que des intellectuels de l’Amérique latine ont envoyée à l’historienne Yesenia Martínez, le collectif Voselsoberano s’associe aux déclarations de solidarité avec les licencées Martínez et Benítez, en réitérant sa répudiation aux actions du gouvernement de facto et de l’usurpatrice Myrna Castro.
Chère collègue Yesenia Martínez.
Nous avons appris, par la lettre de notre ami et collège Salvador Morales, votre licenciement de l’Institut Hondurien d’Anthropologie et d’Histoire, sans motif apparent, mais en vérité à cause de votre défense de l’ordre constitutionnel et des droits de l’homme renversés par le gouvernement conjuré de Micheletti.
Nous avons aussi vu la lettre du licenciement que vous a envoyé la Ministre de Culture de la dictature, madame Myrna Castro, qui reconnaît votre "collaboration précieuse" sur le champ professionnel, en mettant de cette manière en évidence que votre licenciement est uniquement motivé par des raisons d’ordre politique.
En tant qu’historien et ex-Président de l’Association d’Historiens Latino-américains et du Caribe (ADHILAC), j’exprime ma dégoût face à cet acte dictatorial, insensé et abusif, en même temps que je me solidarise avec vous et votre défense de la démocratie.
Pour une intellectuelle démocrate comme vous, un licenciement comme celui-ci est une décoration.
Je vous envoie une accolade latino-américaine,
Dr. Jorge Núñez Sánchez
Directeur de l’Académie d’Histoire et de Géographie de la Maison de la Culture Équatorienne.
Chers collègues et amis.
Cet après-midi j’ai reçu une copie du communiqué destiné à la jeune historienne hondurienne Yesenia Martínez, par la fonctionnaire incompétente que le gouvernement de facto du Honduras a placé à la tête du Ministère de la Culture, des Arts et du Sport, mme Myrna Castro. Cette dernière avait déjà à son crédit négatif en tant que complice de l’usurpation, le licenciement de Darío Euraque précédent directeur de l’UHIHAH.
Devant ce geste injuste, et plus que jamais répressif contre la conduite digne assumée par Yesenia Martínez face à l’émeute conjurée, nous exprimons notre refus le plus vigoureux. Nous exprimons également notre solidarité et notre admiration pour la collègue écrasée [NDT : par le pouvoir en place] qui, comme tant d’honduriennes et d’honduriens s’est opposé à la consolidation du régime de facto avec fermeté et courage, sans mesurer les conséquences. Nous faisons part à elle et aux autres frères qui luttent sur ce front toute notre reconnaissance, notre appui moral et une accolade fraternelle.
Nous sommes sûrs qu’un jour pas très lointain la réparation aura lieu.
Nous diffusons cette condamnation aux coparticipants de la répression au Honduras et le salut solidaire à notre chère collègue Yesenia.
Cordialement,
Salvador E. Morales Pérez
Historien - Membre de l’Association des Historiens Latino-américains et du Caribe (ADHILAC)