Humeur écoeurée

Evidemment, ça peut paraître puérile ou faire penser à un ensemble de lieux communs mais il n’en demeure pas moins que je ressens un profond écoeurement.

Oh ce n’est pas tant le fait de regarder les infos à la télé que ce qu’elles contiennent, que la manière dont elles sont présentées, que le parti pris dont font preuve certains de ceux qui font ces informations.

Comment rester admiratif d’un pays comme la France lorsqu’on prend un tant soit peu de recul ? Non, je ne vais pas refaire le monde, ni aucun d’entre vous bien sûr. Oui, il faut savoir faire avec et parfois vivre en sourd et aveugle pour continuer à avancer. Parfois, c’est simplement trop dur.

Faites un peu le point avec moi :
Nous avons « la chance » de vivre dans un pays riche, très riche qui aurait largement de quoi aider les plus faibles d’entre nous et pas seulement à l’intérieur de nos frontières.
Nous connaissons la liberté d’expression dont la très importante liberté de la presse.
Nous vivons dans un pays de droit où la justice permet à chacun d’espérer voir défendre et reconnaître ses droits à chaque étape difficile ou non de sa vie.
Nous sommes en démocratie : si le système n’est pas parfait, nous pouvons exprimer nos opinions par le biais des urnes et ainsi choisir dans une certaine mesure les individus qui vons nous représenter et agir pour le bien public.
Nous bénéficions d’une couverture sociale sans équivalent dans le monde, une protection qui permet à chacun d’être soigné et ce quelques soient ses moyens.
L’Etat peut nous aider par le biais d’aides sociales ou de subventions pour nous aider à vivre le mieux possible, élever nos enfants, leur donner une bonne instruction et pour créer des associations ou entreprises.
L’école est gratuite et nous bénéficions d’une instruction qui mérite peut-être certaines réformes mais qui a le mérite d’exister.
Notre diplomatie est mondialement reconnue et l’influence de la France reste prédominaite dans le jeu des influences mondiales.

Alors pourquoi ai-je autant la nausée quand je regarde le JT et qu’on me parle de ces gens qui crèvent de faim et qui vivent sur le trottoir en face de mon bureau ?
Pourquoi est-ce que je ressens comme un malaise lorsque j’entends que malgré la CMU certains ne parviennent pas à recevoir de soins parce qu’il y a un décalage entre la prestation effectuée par le spécialiste et le moment où la sécurité sociale va payer celui-ci ? Et ce malaise continue quand j’entends certains dire que les dispensaires sont bien suffisants pour « ces gens-là »...
Pourquoi suis-je révoltée quand j’entends que 5 personnes sont mortes cet été sur leur lieu de travail à cause de la chaleur et que je constate que ça ne révolte personne d’autre ? Oui, certainement que leur travail était plus important que leur vie pour leurs patrons et les clients de ceux-ci...
Pourquoi est-ce que je ne comprends pas certains des crimes qui sont commis tels le meurtre d’Amine dernièrement ? Sommes-nous revenus ici, en France, à une simple loi du Tallion, à la loi du Far West ? Les gens n’accordent-ils que si peu de valeur à la vie qu’ils parviennent à tuer comme ça, si facilement ? Ne vous méprenez pas : je ne stigmatise pas banlieues et cités. Même s’il ne me vient pas immédiatement à l’esprit de crime de sang dans les beaux quartiers, pour moi le comportement méprisant et agressif des gens envers leurs semblables relève du même cancer : la prédominance des dieux Moi-Je et Argent.
Pourquoi halluciné-je de voir que les Libanais et Israéliens continuent de mourir sous les roquettes et les bombes ?

Oui, aujourd’hui on ne se sent concerné que par soi, sa famille, son groupe, sa communauté. Et encore... quand on se sent concerné. Mais qui est concerné par nous hormis nous-mêmes dans ce schéma ? Personne. Alors finalement, je suis seule avec moi-même si je n’ai pas la chance d’avoir une famille, des amis proches, un travail, un compte en banque plus ou moins correctement garni ? Alors moi aussi, je peux un jour crever sous une tente Médecin du Monde un été de canicule sans que personne s’en aperçoive, sans que personne s’en inquiète parce que ce qui compte c’est que ces tentes ne sont pas esthétiques et énervent les riverains... J’ai envie de vomir et de hurler.

Comment en sommes-nous arrivés là ? Comment avons-nous pu laisser notre société en arriver là ? Nous sommes les coupables car c’est nous qui faisons notre société. Bien sûr, nous pouvons agir quelque peu chacun de notre côté mais quelle raisonnance cela a-t-il ? Rien, si ce n’est que cela nous permet d’être plus ou moins en paix avec notre conscience. C’est en groupe que nous pouvons faire évoluer les choses. Oh, je ne parle même pas de descendre dans la rue et tout faire péter. Je suis tristement réaliste et je sais bien que ni moi ni vous n’en avons le courage. Et puis pour construire quoi à la place ?

Non, ce à quoi je pense c’est à rester éveillé. Ne pas avaler les bobards des hommes politiques, de certains journalistes-attachés de presse-directeurs de communication... Réfléchir, encore et encore. Prendre du recul et se poser des questions. Et puis, peut-être, faire attention pour qui je vote pour les prochaines élections. Oui, je suis dans la même situation que certains d’entre vous : je ne sais pas pour qui je voterai car rien ne me satisfait :
N. Sarkozy remet au goût du jour le poujadisme et la démagogie les plus détestables. (Tiens, pendant que j’y pense : que dites-vous de l’interdiction de la Tribu K par le ministre ? Moi je me demande simplement pourquoi ce n’est pas la justice qui a traité cette affaire puisqu’on est dans un état de droit... Ah oui, d’aucun me répondra que c’était un groupuscule antisémite. Peut-être, moi je ne sais pas. Ce que je vois c’est que eux on les interdit simplement sans autre forme de procès et que justement, si problème il y a, pourquoi n’y a-t-il pas eu de procès aboutissant à la dissolution. Pourtant, d’habitude, quand il s’agit d’antisémitisme, les procès sont plutôt nombreux. Enfin, si vous avez une idée...)
Du côté des socialistes, je me demande pourquoi ils ne changent pas de nom parce que je ne vois pas ce qu’il reste de social dans leurs idées puisque doctrine il n’y a plus. Jaurès doit se retourner dans sa tombe.
L’extrême-gauche et les Verts ont des idées sympathiques mais comment fonctionner avec des idées pareilles dans un contexte international libéral tel que le nôtre ?
L’extrême-droite, je n’en parle pas, je les honis.

A l’internationale, notre super démocratie joue le toutou étasunien. Comment peut-on attendre comme ça alors que Libanais et Israéliens meurent ? Soyons clairs, pour moi Israël n’a aucun droit de bombarder le Liban. S’il s’était s’agit de n’importe quel autre pays, les condamnations internationales auraient plu. Mais là... Evidemment, ça craint de dire qu’ils ont tort. Faut surtout pas, sinon on est antisémite. Mais vous en avez pas ras le bol vous qu’on les laisse faire ce qu’ils veulent sans réagir ? Bref, en attendant il y a des morts des deux côtés et il ne faut pas mêler la population israélienne aux actions de son gouvernement. Des abrutis et des gens bien, il y en a des deux côtés. La guerre continue après la pub.

Bon, on fait quoi maintenant ? On réagit sur internet, comme ça.

Et après ?