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ITALIE Avanti popolo ! OU LA RÉVÉLATION D’OCTOBRE
Publie le vendredi 26 octobre 2007 par Open-Publishing2 commentaires

de Denis COLLIN
Samedi 20 octobre : plus d’un million de personnes manifestent à Rome contre la précarité, en dépit de l’interdit de manifester lancé par la direction de la plus puissante centrale syndicale, le CGIL, dont les dirigeants inféodés au nouveau "Parti Démocrate" font ce qu’ils peuvent pour faire avaler aux travailleurs la politique de Romano Prodi, une version à peine repeinte en rose pâle de la politique de Silvio Berlusconi, à qui, d’ailleurs, les ex-DS comme Veltroni, le maire de Rome, tendent la main.
Les membres de l’ancienne direction du PCI qui viennent de tenter de dissoudre la gauche en liquidant leur propre parti dans une machine électorale démocrate-chrétienne au service de Prodi ont raté leur coup. Le peuple italien vient de se rappeler à leur bon souvenir. La "une" du Manifesto appelle ce qui vient de se passer à Rome "la secousse rouge".
L’éditorialiste de Il Manifesto (édition du 23 octobre 2007), Loris Campetti, titre « Une journée à ne pas gâcher ».
« Si à quelqu’un venait l’idée de reconstruire une gauche en Italie, il saurait par où commencer. Samedi à Rome, une foule énorme a dit à tous qu’à force de se contenter du moins pire on peut finir de la pire des manières : ressembler toujours plus à celui qu’on combat. Si bien qu’à la fin de la course on pourrait arriver qu’on ait gaspillé les énergies et les espérances tout à l’avantage de l’adversaire.
Une étrange hétérogenèse des fins. Les centaines de milliers d’hommes et de femmes qui samedi on manifesté avaient un ennemi commun : la précarité au travail ; la précarité de la vie décuplée par le fait que la guerre est entrée dans la normalité des choses ; la précarité des derniers, les migrants, et de tous les avant-derniers qui les précèdent et qu’ici on voudrait en guerre contre les derniers afin de permettre à l’état des choses existant de perdurer. La précarité est un drame collectif encore plus dangereux que Berlusconi parce qu’on ne réussit pas à l’expulser du gouvernement du pays, qui que ce soit qui gouverne. Samedi nous avons poussé un soupir de soulagement et pas seulement nous du « manifesto » qui avec d’autres hommes et femmes de bonne volonté avons contribué au succès d’un rendez-vous décisif pour quiconque a à cœur l’avenir de la gauche et, avant tout encore, pour une société solidaire : les deux sont à reconstruire, en partant cependant de ce qui ne s’est pas plié à la pensée unique, sur le plan social comme sur le plan politique. Et sur la place à Rome, il n’y avait pas tous ceux qui se bougent à gauche, pas tous ceux qui sont convaincus de la possibilité de construire un autre monde. Il faudra retourner pour nous parler et nous écouter et reprendre un chemin commun. En Italie, il n’y a pas seulement la psot-démocratie plébiscitaire, il y a des personnes, des mouvements, des expériences politiques utiles, non résiduelles, non nécessairement sectaires et divisées. Ce peuple souffrant, mais peut-être plus puissant qu’on ne le croit doit être entendu, doit obtenir des réponses matérielles et politiques. Il n’y a pas beaucoup de temps à disposition.
Tout va bien, alors ? Dépassées à coups de slogans, de drapeaux et de banderoles les difficultés et les divisions d’hier ? Certainement non, cette date de samedi dans les rues était pour la gauche tout autre chose que le coup d’épaule final. C’était un commencement, très important et cependant seulement un commencement. Il y aura des résistances, des hostilités, jusque dans notre camp. Peut-être même à l’intérieur des forces politiques qui avec générosité ont contribué à la réussite du 20 octobre. Figurons-nous ensuite s’il n’y aura pas des défenses corporatives dans la classe politique qui vit chaque souffle de la société - cette société qui a consenti à renvoyer Berlusconi à la maison - comme un problème, comme un risque à conjurer, à critique à réduire au silence par tous les moyens. Alors, que le gouvernement tombe comme le veut la droite du pays et de la majorité ou qu’il réussisse à passer la nuit, la défense de la route ouverte samedi ne peut être déléguée à personne.
Ce million de personnes et aussi tous ceux qui ont choisi de regarder les images à la télévision, doivent se mettre dans la tête que le destin est entre leurs mains.
Les signaux négatifs ne manquent pas. Le premier est arrivé de la direction de la Cgil qui, au lieu de se plonger dans une mer plus navigable et d’apporter au processus de refondation de la gauche des idées, une culture et une organisation, a ouvert la voie aux dissensions, pour savoir qui a plus le maintenu un rapport avec les travailleurs en percevant leurs précarité, leurs désillusions, leur solitude. Avec la motivation qu’il est nécessaire de sauver le gouvernement et empêcher toute modification du protocole [1], toute amélioration étant impossible, sauf à déséquilibrer une majorité chancelante : mauvais signal qui risque d’accélérer la fracture entre travailleurs et syndiqués, que l’issue de la consultation a seulement masquée. Ce n’est pas seulement une attaque contre le Fiom et ceux qui se sont battus contre le protocole, mais contre nous tous. Mais depuis samedi nous sommes moins seuls et nous avons un devoir en plus : aider la Cgil à se sauver, même contre elle-même. »
On le voit, les travailleurs italiens sont bien confrontés aux mêmes problèmes que les travailleurs français (ou allemands). L’effondrement des vieux partis réformistes engagés dans la collaboration avec la droite ou le soi-disant « centre » laisse béante la tâche à accomplir : construire une nouvelle force politique à gauche.
En Allemagne, il y a eu la construction du Linkpartei. En Italie, il y a la « Cosa rossa ». La “Cosa Rossa” (la chose rouge) est le terme curieux inventé par certains organes de presse au lendemain du IVe (et dernier !) congrès des Democratici di Sinistra (DS) pour identifier le regroupement qui, dans les faits n’existe pas encore, même sous la forme d’une simple coordination des partis et mouvements politiques qui se positionnent à gauche du soi-disant « Partito Democratico ». En se limitant aux groupes représentés au Parlement, en théorie on y trouve les Comunisti Italiani (une des branches du vieux PCI), Rifondazione Comunista (le PRC du président de la chambre, Fausto Bertinotti), le courant gauche des ex-DS, les Socialisti Democratici Italiani (une tentative de reconstruire un parti socialiste) et les Verdi (écologistes) soit un total de 48 sénateurs et 97 députés. Autrement dit, en Italie, la liquidation de la gauche est plus avancée qu’en France, mais sa reconstruction aussi ! Un peu de dialectique, toujours nécessaire.
[1] Il s’agit du protocole sur la réforme des régimes sociaux que la Cgil a fait accepter par référendum
Messages
1. ITALIE Avanti popolo ! OU LA RÉVÉLATION D’OCTOBRE, 27 octobre 2007, 10:43
« Si à quelqu’un venait l’idée de reconstruire une gauche en Italie, il saurait par où commencer. Samedi à Rome, une foule énorme a dit à tous qu’à force de se contenter du moins pire on peut finir de la pire des manières : ressembler toujours plus à celui qu’on combat. Si bien qu’à la fin de la course on pourrait arriver qu’on ait gaspillé les énergies et les espérances tout à l’avantage de l’adversaire.
et
Ce peuple souffrant, mais peut-être plus puissant qu’on ne le croit doit être entendu, doit obtenir des réponses matérielles et politiques.
Pareil et pas mieux ni pire en France......
Des forces considérables existent en réserve, ne trouvant pas d’objectifs de cristallisations sociales et politiques.
Les alliances affaiblissantes, même dénoncées, sont encore autant de réels boulets accrochés aux pieds de la gauche réelle.
Trancher avec cela nécessite une lame lourde et coupante, qui arrête et stoppe l’hémorragie morale, celle qui conduit à se fourrer à nouveau dans les bras du PS dés qu’il s’agit d’espérer encore téter un peu de lait aux mamelles stériles de nos ultra-libéraux du PS.
Dés qu’on parle ainsi tout le monde est d’accord en théorie, mais a concret c’est autre chose !
On finit par préférer Hollande à besancenot dés qu’il s’agit d’appeler à la mobilisation sociale. Et finalement on a ni Hollande ni Besancenot. Et ne parlons pas des libertaires ou de LO !
Il y a comme un disque rayé qui redémarre sans cesse mais de plus en plus lentement dont les seuls dindons de la farce, excusez du peu, sont les travailleurs et les classes populaires de ce pays ainsi que les dernières dizaines de milliers de communistes fourrées là dans un casse-gueule inaudible.
Une grande partie du mouvement syndical est gangrénée et riposte mollement en transformant en art sacré la désorganisation, la division et l’émiettement de la riposte à l’attaque de la droite.
Une journée de grêve sans autres forces appelées au mouvement alors que d’autres trépignaient dans les startings-blocs !
Des lendemains évaporés dans de futurs rendez-vous et concoctages de sommets , nappés à des négociations priées alors que le gouvernement, d’emblée, à tracer qu’il ne négocierait que sur les chrysanthèmes !
Sur le nouveau traité simplifié de 250 pages des Sarko et Merkel, la chape de plomb est tombée également et l’opposition de gauche réelle traine et peine à se trouver des objectifs concrets mobilisateurs . Alors que jamais il n’y a eu autant de défiances en Europe parmi les couches populaires. Que de nettes majorités se dessinent partout dans les peuples pour désirer d’être consultés directement sur leur destin.
Comment sortir de ces merdiers ?
Au niveau politique il faut choisir entre la tétée municipale et le soutien aux mobilisations sociales. Il faut partir de ce qui unifie, c’est à dire les 37,5 années pour tous et toutes, les retraites à taux pleins et ça ce n’est pas compatible avec les mamours avec le PS, nous le savons ils le savent, tout le monde le sait.
Il faut partir de l’objectif de prise en charge à 100% de l’assurance maladie, donc prévoir le rapatriement des cotisations partant aux mutuelles et assurances complémentaires vers l’assurance maladie. On unifie loin des diviseurs du PS....
Par exemples....
Il faut partir progressivement d’un éclairage politique à plusieurs niveaux des combats, organisations politiques , objectifs d’une société de libertés donnant courages supplémentaires aux travailleurs en lutte , qui voient des éclairages convaincants sur une autre société où ils auraient démocratiquement le pouvoir dans leurs entreprises et ne seraient pas dépossédés au profit d’un nomenclatura d’état couchant dans le même lit que la classe bourgeoise.
Il faut proclamer être le parti de la libération de tous et de toutes . Et avoir un comportement crédible en conséquence.
Au niveau de la bataille sociale, le mouvement syndical est morcelé et affaibli, de + les mêmes phénomènes qu’au niveau politique sont à l’œuvre , autonomisations des représentations dans les organisations syndicales et dérives , déconnexions partielles de celles-ci avec la compréhension fine de la dynamique des mouvements, alliances affaiblissantes , etc.
Les organisations syndicales encore sur le terrain de la lutte des classes peuvent se servir de ces moments privilégiés que sont les luttes pour pousser à des structures unifiantes à la base, construites sur la démocratie, agglomérant les plus déterminés des travailleurs, syndiqués et non syndiqués pour faire mieux que des assemblées générales ponctuelles .
Il s’agit de rien de moins que de tenter de ré-élargir dans le feu de l’action l’organisation syndicale, de dépasser sa fragmentation, et de la ré-élargir durablement, afin de densifier le combat du jour et les suivants. Les maitres-mots sont la détermination, la réaffirmation sans concessions des objectifs face à l’ennemi commun, la plus grande écoute et tolérance vis à vis des travailleurs et enfin de proposer dans les feux de l’action l’ouverture démocratique pérenne au travers de comités unitaires permanents futures briques de la nouvelle organisation syndicale unitaire .
Ces virages sont à effectuer au pas de charge.
Le nouveau traité simplifié doit poindre son nez dans la bataille sociale, dans la question de la légitimité démocratique. Là où Sarko se prévaut de son élection pour légitimiser ses agressions sociales, le TCE-bis, et bien d’autres gâteries patronales, le rappel du vote démocratique de 2005, il y a deux ans, infiniment plus précis sur le contenu, et plus démocratique car mettant au premier plan le peuple souverain, montre la voix à suivre pour démonter le raisonnement du patron des médias français.
La bataille contre ce traité doit se nourrir du mouvement social et enrichir ce dernier , mais également doit appeler les symboles de la dernière bataille de 2005 à reprendre leur bâtons de berger en Europe afin d’y créer l’évènement .
Pourquoi pas une manif massive devant la direction de l’UE réclamant que les peuples soient consultés directement ?
On ne peut rester l’arme au pied en indiquant qu’on a déjà décidé en 2005 ! Même si il est juste d’indiquer qu’il y a une autre légitimité au viol de la démocratie que s’apprêtent à accomplir les parlements français sous l’œil complice des "socialistes", cette légitimité de 2005 rend nul et non valable un vote des parlements français.
Même en tenant compte de ce type d’arguments il me semble qu’il nous faut réfléchir à la possibilité de la tenue d’un référendum populaire parallèle en France qui soit le plus provocant possible. Ce référendum explosif pourrait être proposé pour Mai 2008.
L’autre possibilité consiste à se battre pour un référendum dans le cadre légal, faire pression un maximum pour que le PS s’oppose en bloc à la révision constitutionnelle et avoir assez de représentants de droite souverainiste qui ne veulent pas aller sans le peuple où sarko veut les amener, donc une division minoritaire de la la droite sur cette question.
Copas
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2. ITALIE Avanti popolo ! OU LA RÉVÉLATION D’OCTOBRE, 28 octobre 2007, 19:40
ça fait du bien tous ces drapeaux, ces faux cils et ces gens un peu marteaux...
Salut fraternel.
le Rouge-gorge