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Il y a 20 ans déjà. Michel Colucci perdait la vie le 19 juin 1986.

Publie le lundi 19 juin 2006 par Open-Publishing
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de Déborah Laurent

Son souvenir est toujours aussi vivace

BRUXELLES Comique, acteur, homme de cœur, politicien, chanteur, scénariste, animateur radio, présentateur télé, Coluche a porté bien des casquettes lors de sa trop courte de vie.

Et c’est certainement pour cela que 20 ans après sa mort, son souvenir est toujours aussi vivace. Les hommages télé pleuvent, les bouquins sur sa vie et autres enquêtes (voir ci-dessous) s’alignent dans les rayons des librairies et les célébrités interrogées à son propos sont toujours aussi bavardes. C’est qu’il y en a des choses à dire...

Issu d’un milieu dévaforisé, son père est mort trois ans après sa naissance et sa mère l’a élevé ainsi que son frère, seule, avec un salaire de fleuriste. Michel Colucci de son vrai nom n’a eu de cesse de se battre pour ceux qui n’avaient rien. Le chômage, la pauvreté, la solitude, la mort, les sujets abordés par Coluche dans ses sketches étaient souvent ancrés dans une réalité difficile. Et pourtant, il faisait rire comme jamais.

De ses premiers pas au Café de la Gare, dans les années 70, à ses one-man-show, en passant par ses apparitions télévisées, Coluche crée le scandale, indigne une partie de la population, réjouit l’autre et arrive même à devenir un candidat présidentiable aux élections de 1981. Sa campagne se termine en grève de la faim et... par une séparation.

Véronique Colucci, son épouse depuis 1975, le quitte, après 16 ans de mariage et deux enfants, Romain et Marius. Coluche va alors plutôt mal, deux de ses amis décèdent dans les mois qui suivent (Patrick Dewaere et Jean-Marc Reiser), il sombre dans diverses dépendances. Il plaisantera plus tard sur cette sombre période de sa vie : “J’ai essayé toutes les drogues : le hasch, l’héroïne... J’ai même goûté au Martini.”

En 1983 sort Tchao Pantin. Le monde du cinéma est touché. Il sera récompensé par le César du meilleur acteur un an plus tard pour sa prestation bouleversante. Mais cette récompense ne lui monte pas à la tête. Il continue, fidèle à lui-même, à mener son combat pour les pauvres : il fonde les Restos du coeur en 1985, embarquant dans l’aventure ses potes du show-business.

Il n’aura malheureusement pas le temps de voir grandir son association : un an plus tard, il perd la vie, sur une petite route départementale française, entre Grasse et Cannes. Un putain de camion lui barre la route, il lâche sa moto et du même coup tous les gens - et ils sont nombreux - qui l’aiment.

On ne saura jamais ce que contenait son dernier spectacle, qui était en cours d’écriture, mais qui faisait déjà parler de lui. L’un de ses amis raconte : “Il préparait le Zénith, le grand spectacle par lequel il devait faire son retour sur scène. Tous ceux qui ont rencontré Coluche à cette époque sont unanimes. Au Zénith, il voulait en découdre. Il s’apprêtait, selon ses propres termes, à “hurler sa pourriture au monde”. “Jusque-là, on a bien rigolé, mais ils n’ont encore rien vu : cette fois, ils ne vont plus rire du tout.” [...] Au Zénith, le vrai héros de son spectacle devait être un chômeur. Un sur deux millions et demi de modèles à l’époque [...] Et le chômage - ou plutôt l’emploi - était au centre d’une prochaine campagne qu’il comptait lancer dès qu’il aurait assuré la pérennité des Restaurants du cœur.” Le destin en a voulu autrement.

Aujourd’hui, ils sont nombreux à dire que Coluche leur manque. Sa femme, Véronique, la première. Elle confie au Nouvel Obs : “Vous ne m’entendrez jamais dire ce que Coluche aurait fait, sur quoi il se serait prononcé s’il avait encore été là. Il était bien trop imprévisible pour qu’on puisse s’exprimer dans ce sens. Ce qui manque aujourd’hui, c’est sa manière extrêmement fine et limpide de décrypter les rouages des machinations politiques et sociales. Il n’avait pas de préférence pour un bord ou un autre, il tapait sur la gauche comme la droite avec une justesse de ton qui n’existe plus.” Et ça, on est tous d’accord pour l’affirmer !

http://www.dhnet.be/dhculture/article.phtml?id=151203