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Intermittents, acte II

Publie le jeudi 4 septembre 2003 par Open-Publishing

Ceux qui pensaient que le mouvement des artistes et techniciens du spectacle tomberait en désuétude ont mal pensé. Tout l’été, de nombreuses actions sont venues " perturber " le calendrier tranquille des festivals. Montpellier, Sotteville-lès-Rouen, Avignon, Paris Quartier d’Été, Chalon, Aurillac... la liste est longue des actions, rencontres, débats et grèves en tout genre qui ont fait déchanter les signataires d’un accord inique, signé en catimini dans la nuit du 26 au 27 juin dernier.

Ceux qui espéraient que ledit accord, qui - faut-il le rappeler ? - supprime dans un premier temps près d’un tiers des professionnels du spectacle, passerait inaperçu ont mal calculé leur coup. Non seulement cet accord, à la syntaxe perverse, a été lu, décrypté, analysé et compris mais le recours au chantage - on a parlé de " public pris en otage ", voire de " suicide " de la profession - a fait chou blanc.

Les intermittents n’ont pas attendu cet automne pour commencer à débattre et réfléchir sur la place de la création dans notre société, de celles et de ceux qui la font. Tissant des liens uniques entre les diverses pratiques artistiques, danseurs, chorégraphes, comédiens, metteurs en scène, techniciens, cinéastes se sont retrouvés dans un mouvement qui a puisé sa force dans une unité indéfectible. Il faut savoir apprécier cela à l’aune d’une profession éclatée, fragilisée tant le système marchand a supplanté l’esprit de solidarité. " Marre de se vendre, marre de faire l’aumône, marre d’être sans cesse obligée de me justifier dans mes choix artistiques ", nous confiait une directrice de compagnie théâtrale. Des propos qui rejoignent ceux de Jean-Pierre Niobé, membre du " Collectif 49 " des intermittents, qui, avec quelques-uns des camarades de son département, a décidé d’une marche d’Angers à Paris : " Nous marchons parce que nous voulons être respectés. Nous marchons pour faire entendre notre voix parce que ce sont les marchands qui ont décidé et que nous, les artistes, n’avons jamais été entendus ou consultés. Nous demandons à être reçus par MM. Aillagon, Fillon et Debré à notre arrivée à Paris, le 16 septembre prochain. C’est une démarche pacifique et réfléchie pour se reconstruire. J’ai été gréviste à Avignon et nous souhaitons engager des actions différentes. " Le 16 septembre, ils seront à Paris après une escale quelques jours auparavant à la fête de l’Humanité le 13 septembre. Chaque soir, ils organisent avec une compagnie artistique un pique-nique à 19 heures puis une soirée improvisée de lecture de textes ou un spectacle de danse. Ce soir, ils seront à La Flèche (dans la Sarthe) tandis que, à Paris et dans tout le pays, manifestations, rassemblements, sit-in, prises de parole auront marqué cette journée du sceau de la mobilisation. Pendant ce temps, dans les salons du ministère de la Culture, se réunit le Conseil national des professionnels du spectacle (CNPS), sous l’égide du ministère de la Culture.

Zoé Lin

À Paris, un rassemblement est prévu à 14 h 30 devant le nouveau siège du MEDEF, avenue de Wagram.