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Intermittents : menace persistante sur les festivals du printemps et de l’été

Publie le mardi 20 avril 2004 par Open-Publishing

Les intermittents laissent planer la menace d’un nouveau
mouvement sur les festivals de l’été. Les syndicats du spectacle ont dénoncé
lundi l’absence de « signe fort » à l’issue d’une réunion du Conseil national
des professions du spectacle (CNPS), en présence du ministre de la Culture
Renaud Donnedieu de Vabres.

« Nous ne sommes pas contents. Il ne nous a pas donné le signe fort que nous
attendions », a déclaré devant la presse le secrétaire général de la
Fédération CGT des spectacles Jean Voirin. « Ca fait dix mois que ça dure, et
bien évidemment, sans faire de procès d’intention au ministre, nous lui
disons : attention, il ne faut pas jouer la montre. Les professionnels sont
mobilisés, les actions vont continuer », a-t-il prévenu.

Il s’agissait de la première réunion du CNPS, instance paritaire regroupant
l’ensemble des partenaires sociaux du secteur, pour le tout nouveau ministre
de la Culture. M. Donnedieu de Vabres a commencé ses consultations sur ce
dossier depuis le 9 avril.

Les intermittents dénoncent le protocole d’accord réformant leur régime
d’assurance-chômage, conclu le 26 juin dernier entre le patronat, la CFDT,
la CFTC et la CGC. Entrée en vigueur le 1er janvier, cette réforme durcit
les conditions d’indemnisation des professionnels du spectacle.
La CGC, un des signataires du protocole, a d’ailleurs demandé lundi sa
renégociation. Cet accord « a été signé trop vite » et « ne tient pas compte
d’un certain nombre de critères », a reconnu Daniel Barda du Syndicat
national des artistes et professions du spectacle SNAPS-CGC. « Nous nous
sommes remis d’accord avec notre confédération pour reconnaître qu’au niveau
des artistes et des techniciens, nous avons un certain nombre de
revendications et de problèmes », a-t-il expliqué, citant notamment celui des
« faux intermittents » et plaidant pour un renforcement des contrôles.
« C’est une mauvaise réforme, elle n’est pas acceptable et les professionnels
ne l’acceptent pas », a renchéri Jean Voirin. « Le gouvernement et les
signataires prennent éventuellement la responsabilité d’un climat social
fort lourd sur les festivals du printemps et de l’été ». Il a précisé que la
CGT devait annoncer dès lundi soir « l’organisation de grandes assemblées
générales » où vont être décidées, en accord avec les professionnels, les
« suites qu’il convient de donner au mouvement ».

« Nous sommes disponibles jour et nuit pour sortir de cette situation, qui
n’a que trop duré », a ajouté Jean Voirin, soulignant que le ministre avait
demandé lundi matin au Conseil d’Etat une étude juridique « afin de sortir du
protocole ».

Renaud Donnedieu de Vabres a de son côté promis de s’exprimer « de manière
positive le moment venu ». « Aujourd’hui, je l’ai dit, c’était l’acte 1, scène
1, c’est-à-dire le travail d’écoute ». Désormais, « il appartient de trouver
de bonnes solutions. Est-ce que c’est facile ? Non. Est-ce que nous avons la
volonté d’y parvenir ? Oui », a-t-il assuré, tout en rappelant ne pas avoir
« de solution miracle ».

Le temps presse pour le ministre, comme l’ont rappelé les syndicats. Alors
que la saison des festivals approche, avec dès le 12 mai prochain, le
festival de Cannes, les intermittents se sont à nouveau mobilisés lundi pour
exiger l’abrogation de la réforme. La plus grosse manifestation de la
journée a eu lieu à Paris, où un millier d’intermittents, selon la police,
4.500 selon la Fédération CGT du spectacle, ont défilé entre le siège du
MEDEF et les abords du ministère de la Culture.

Des rassemblements et des « actions surprises » ont également eu lieu dans une
quinzaine de villes de France. Le château d’Angers a notamment été occupé
par une cinquantaine de manifestants, qui n’ont toutefois pas empêché les
visiteurs d’accéder au site. A Dijon, les intermittents ont occupé les
locaux de la Direction régionale des affaires culturelles (DRAC), où une
délégation a été reçue, tandis qu’à Pau, des manifestants s’étaient
installés lundi matin dans les locaux d’une antenne Assedic
(assurance-chômage).

Enfin, environ 200 manifestants se sont réunis devant l’Opéra national de
Lyon, dont des femmes avec leurs bébés. L’une d’elles, avec un petit panneau
sur la poussette, « Bébé né en novembre 2003, sans avenir ni présent depuis
le 31 décembre », dénonçait la suppression d’un quota d’heures accordé pour
des congés maternité et maladie. AP

Ingrid Rousseau