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Iran - Instrumentalisation de la crise nucléaire
Publie le samedi 11 mars 2006 par Open-Publishing1 commentaire
Ce 9 mars, le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a déclaré vouloir poursuivre son programme nucléaire et a qualifié d’"injuste" la décision de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) de transmettre le dossier au Conseil de sécurité de l’ONU.
Les tensions entre l’AIEA, les chancelleries du trio Allemagne-France-Grande-Bretagne et l’Iran concernent entre autres l’enrichissement de l’uranium sur le sol de la République islamique. Un procédé qui permet d’obtenir le combustible d’une centrale nucléaire mais aussi la charge fissile d’une bombe atomique.
La Russie et la Chine paraissent bien paisibles face aux États-Unis. Le 7 mars, le vice-président américain Dick Cheney, s’autorisant à parler au nom de tous, a martelé que si « le régime iranien [...] persiste sur sa voie actuelle, la communauté internationale est prête à imposer des conséquences sérieuses » à ce pays. A ces exercices de musculations étatsuniens, Mahmoud Ahmadinejad a répliqué dès le lendemain que ceux qui entendaient « violer les droits de l’Iran » allaient « vite le regretter ». Les vieilles recettes fonctionnent encore : l’Etat cherche à unir son peuple contre un ennemi extérieur afin de détourner son attention d’une mauvaise situation socio-économique intérieure, aussi bien dans la République islamique qu’aux USA, et afin de renforcer la légitimité (et donc le pouvoir politique) de son dirigeant.
Le dossier iranien souligne à larges traits l’hypocrisie de la communauté internationale. Le 1er mars, les Etats-Unis et l’Inde ont en effet signé un accord important de coopération nucléaire. L’hypocrisie est d’autant plus flagrante que non seulement l’Inde n’a jamais signé le Traité de non prolifération nucléaire (TNP) et qu’une loi américaine interdit l’exportation de technologies pouvant aider le programme nucléaire d’un pays n’ayant pas ratifié le TNP.
Cet accord va de surcroît totalement à l’encontre de la dernière résolution de l’AIEA condamnant l’Iran, et d’une quelconque volonté de dénucléariser le Moyen-Orient. La politique étrangère des Etats-Unis passe manifestement par le renforcement de leur contrôle de la région, d’une part en augmentant la pression sur les gouvernements placés dans l’"axe du mal" et d’autre part en consolidant les alliances (comme dans le cas de l’Inde). Des alliances qui permettent le cas échéans de faire des pressions politiques en échange de la coopération.
Le contrôle de la région passe également par la déstabilisation du régime iranien, voire sa chute. Les sanctions que les Etats-Unis réclament ardemment au Conseil de sécurité vont dans ce sens et dévoile qu’ils sont une nouvelle fois prêts à instrumentaliser l’ONU à des fins personnelles. Faut-il dire la chute du régime autoritaire n’engendrerait pas pour autant paix et démocratie ? L’échec meurtrier de l’intervention en Irak est là pour le rappeler chaque jour.
Alors que les échanges se poursuivent entre Téhéran et Moscou quant à la possibilité d’enrichir en Russie l’uranium dans le cadre d’un consortium russo-iranien, Sergueï Prikhodko, le conseiller diplomatique du président russe Vladimir Poutine, a affirmé que les intérêts et les buts « de la Russie en Iran ne diffèrent pas de ceux de nos partenaires européens et américains », malgré « des divergences de méthodes ». Et d’ajouter le « but est le même : que l’Iran soit un voisin prévisible et qu’il n’en n’émane pas un danger de prolifération d’armes de destruction massive ». Des déclarations faites histoire de ne pas froisser l’Union européenne, tout en s’affirmant dans le secteur nucléaire au niveau international et en transformant parallèlement l’Iran en nouveau satellite, soumis dans le cadre de l’enrichissement de l’uranim ?
Le 7 mars, à l’occasion d’une rencontre avec son homologue américaine Condoleezza Rice, le ministre des affaires étrangères russe Sergueï Lavrov en a profité pour rappeler que la vieille revendication russe d’entrée à l’Organisation mondiale du Commerce (OMC) n’était toujours pas satisfaite et que les Etats-Unis y faisaient toujours obstacle. Ces commentaires laissent penser que la Russie utilise le dossier iranien comme levier pour forcer la porte d’entrée de l’OMC.
La transmission du dossier au Conseil de sécurité ouvre la voie à d’éventuelles sanctions contre l’Iran. Cependant les sanctions économiques ou politiques semblent peu probables en raison de l’opposition de la Russie et de la Chine. Si l’option militaire paraît actuellement exclue, il faut néanmoins plus que jamais réaffirmer notre refus de la guerre. En Iran, comme ailleurs. Et lutter contre le nucléaire civil, porte ouverte aux armes nucléaires ; privilégier les énergies vertes. Comme l’a dit assez logiquement l’objecteur de conscience anarchiste Léo Campion : c’est en temps de paix qu’il faut s’opposer à la guerre, après il est trop tard.
Hertje pour A voix autre
A voix autre, bulletin du Groupe Ici et Maintenant (Bruxelles) de la Fédération anarchiste
Messages
1. > Iran - Instrumentalisation de la crise nucléaire, 12 mars 2006, 11:17
Pourquoi personne ne parle de l’interdiction simultanée Américaine de construire le pipeline Iran-Inde dont les travaux avaient débuté ? Il s’agit d’un compensation au fait que l’Inde participe à un début de blocus économique de l’Iran. Reste donc la route de la Russie pour le gaz et le pétrole Irannien vers l’Inde et la Chine. Voila l’enjeu du dernier voyage de Bush : pas de pipiline Iran-Pakistan-Inde-Chine !