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Italie : Les déchets, mine d’or pour la mafia
Publie le jeudi 17 janvier 2008 par Open-Publishing2 commentaires

de Elly TZOGALIS
Dans son roman-enquête, Roberto Saviano explique comment, depuis la fin des années 1990, les familles de la camorra sont devenues les leaders du traitement des déchets en Europe.
Y a-t-il des organisations mafieuses derrière la filière de ces déchets napolitains qui pourraient arriver en Suisse ? C’est ce que craignent certains Suisses, comme Edi Blatter, le président de la déchetterie valaisanne Satom. La thèse est confirmée par Roberto Saviano, l’écrivain et journaliste italien auteur du récent livre à succès "Gomorrha, dans l’empire de la camorra". Un ouvrage qui lui vaut d’être menacé de mort et sous protection policière en permanence.
A Naples et dans sa province, sur dix-huit entreprises spécialisées dans la collecte des déchets, quinze seraient directement liées à la camorra. Au départ du processus, il y a des patrons de petites ou grandes entreprises qui veulent se débarrasser à bas prix de leurs déchets. Puis les responsables des centres de stockage entrent en jeu : "Ils manipulent les documents, recueillent les déchets toxiques et les mélangent très souvent aux ordures ménagères", décrit Roberto Saviano. Les mafieux diluent ainsi le taux de toxicité des déchets et leur attribuent un niveau inférieur de dangerosité. "Les chimistes jouent alors un rôle essentiel, car ils transforment un chargement de déchets toxiques en banales ordures ménagères. Nombre d’entre eux falsifient les formulaires d’identification en maquillant le résultat des analyses", poursuit l’écrivain. Ainsi, de simples ordures ménagères peuvent devenir des bombes ambulantes.
Le marché des déchets est extrêmement lucratif. Dans son roman-enquête, Roberto Saviano a calculé que, grâce au trafic de substances empoisonnées, les clans et leurs intermédiaires ont encaissé 44 milliards d’euros en quatre ans, soit une progression de 29,8 %. « Seul le marché de la cocaïne peut rivaliser avec cette croissance. » Le traitement officiel des déchets toxiques coûte de 21 à 62 centimes d’euro le kilo, alors que les clans offrent le même service pour 9 ou 10 centimes. L’opacité du système est liée à l’existence d’intermédiaires qui ne sont presque jamais affiliés aux clans. « Il s’agit de véritables cerveaux criminels du traitement illégal des déchets toxiques, relève Roberto Saviano. Officiellement, ils ne prennent part à aucune étape du processus. »
Les déchets de Naples sont transférés dans le nord de l’Allemagne pour y être incinérés, une mesure qui pourrait apaiser les tensions dans la ville italienne. Un accord prévoit de transporter 30000 tonnes d’ordures compressées à Bremerhaven.
http://www.interet-general.info/article.php3?id_article=10219
Messages
1. Italie : Les déchets, mine d’or pour la mafia, 18 janvier 2008, 23:49, par KLetaGR
Naples, le 09 Janvier 2008, Place Plébiscito…
Le texte qui suit est la transcription li-tté-ra-le de l’intervention faite par Oreste Scalzone sur la Place Plébiscito à la fin de la manifestation* du 09 Janvier organisée par « Réseau Tocsin Santé-Environnement », dont l’âme et l’épine dorsale sont les camarades de l’Espace Antagoniste, Ska et Officina 99.
<Camarades,
(…) le droit à une vie digne d’être vécue dont ont parlé les protagonistes de cette lutte, les gens de cette ville de Naples, qui est aussi capable de donner lieu à des places immenses, magnifiques comme celle-là, une ville dont nous voyons** encore les vestiges des murs grecs…
Et bien le système en place, l’État réellement existant, la démocratie instituée, la légalité réelle telles qu’elles commandent les Carabiniers et les policiers, se sont présentés hier à visages découverts de ceux qui ne savent pas faire autre chose qu’envoyer des avertissements camorristes et mafieux. Hier, au Conseil municipal de Pianura, quelqu’un comme moi s’est senti bien ingénu après cinquante ans de militantisme, parce que je ne voulais pas croire que Dimanche, qu’au cours d’une émission de télévision, entre ballets et paillettes, la Droite –Gasparri et d’autres- ait réclamé un dictateur, les pleins pouvoirs de super commissaire spécialissime à Gianni De Gennaro, et je ne voulais pas croire que 15 heures plus tard, le gouvernement allait transformer cela en un décret.
Gianni De Gennaro, ce Paganini incarné du centrisme bi-partisan -dont je ne sais rien, ni comme personne, ni en intentions, sinon qu’il se prend pour Dieu, à ce que je puis en lire – qui a été perçu et a été représenté pour des milliers de jeunes comme un tueur d’État, comme le serviteur du patron en visite, est le même qui, à Naples, au Printemps 2001 a déchaîné la police contre des adolescents et porte les taches du sang de Carlo Giuliani sur les mains.
Mais le pire a été d’avoir eu cette idée perverse de décider d’envoyer un signal digne des pires mafieux et camorristes pour signifier qu’on avait fini de jouer, qu’on allait maintenant passer comme les tanks à Tien-An-Men sur le corps de ce type à chemise blanche qui se mettait devant, car on allait voir ce qu’était l’État, et l’État c’est nous, l’ État est un État qui, et un État que…
On dit qu’ici il y a La Camorra, certes, mais cela veut-il dire que l’économie d’ici est camorriste, que les bancs sont camorristes, que les politicards sont camorristes, là ce sont la politique, l’économie, la Justice qui le sont, et qu’ailleurs elles peuvent être fascistes, colonialistes, libérales, staliniennes, et qu’ici elles sont camorristes, comme sont camorristes le Capital, les capitalistes, car il n’y a pas un Capital bien intentionné, une légalité pure et puis les Camorristes.
Je crois que nous devons réfléchir, depuis qu’ils ont décidé de faire l’unique chose qu’ils savent faire, peut-être en s’imaginant que cela allait être notre Chant du Cygne, et en se disant nous allons nous déranger et vous en faire voir, nous allons violer la population de Pianura…
J’ai une idée et je vous la livre maintenant, que ceux-ci ont espéré de se présenter comme les illuminés, comme les Lumières napolitaines de 1799, et nous présenter nous dans le rôle des sanfedistes, la populace, la lie, vous voyez, Bassolino a parlé, Luigia Sanfelice, puis Eléonora Pimentel Fonseca…
Ils croient que ça marche comme ça…
Moi, je ne pèse rien dans ce jeu de dupes là, je suis un camarade qui pourtant a confiance au point de ne pas cacher mes affinités, j’ai confiance dans mes amis de l’Espace Tocsin Antagoniste, j’ai confiance dans le Réseau Tocsin Santé-Environnement, j’ai confiance dans les gens qui se mettent en mouvement et je souhaite qu’on se dise, comme dans la chanson de Brecht, qu’on décrète : premier point qui doit décider, les gens doivent décider parce que les gens, dans leur vitalité désespérée, ont une puissance de vie qui se voit transformée en capacité de gouverner son propre destin, de décider.
Il n’est pas vrai que nous soyions des superstitieux apeurés qui disent non à tout, et nous devons créer un réseau de comités, et puis une table-ronde où faire venir des intelligences aussi techniques, il nous faut sortir le cadastre et les plans d’occupation des sols, indiquer les solutions d’urgence et provisoires, trouver des sites, au lieu de subir ceux qui choisissent de se préparer à dire nous faisons comme bon nous semble et si nous voulons vous faire violence, nous viendrons… S’ils font ainsi, c’est qu’ils ont la Force, mais pas la Raison.
Nous devons dire et dirons d’abord, et je me permets de dire, ceci aussi en votre nom, si vous me le laissez dire, qu’il n’est pas vrai qu’il y ait une alternative : ou la dure nécessité, le moins pire de leur projet ou le chaos.
Non, nous nous disons : nous ne tiendrons aucun compte de vous ; vous êtes désormais comme morts, et c’est nous désormais qui allons décider. C' est une insurrection sans armes.
Nous pourrions vous dire : maintenant arrêtez et au travail, vous recrutez 1000 personnes, on déblaye jour et nuit et on fait la différence, mais nous nous disons qu’on ne leur demande plus rien, on ne s’en occupe plus, pour nous ils sont comme des morts, parce qu’ils portent la mort.
Nous sommes en mesure d’exprimer une volonté, de choisir avec intelligence, de présenter un plan, nous vous l’avons dit, nous sommes en train de vous le dire, si vous y re-venez c’est que vous serez désormais une dérive des pires, d’un absurde tel, criminel et criminogène, qu’il prétend gouverner le monde, et puis seulement punitif, vous êtes des toxicomanes de la mort et nous sommes une puissance de vie.>
Traduit de l’Italien par Sedira Boudjemaa, artiste-peintre,
Nîmes, le Mardi 15.01.08. ; 15h00P.M.
Notes :
*la préfecture de Naples a compté 6000 manifestants. On multiplie par 2 ou 3 cette estimation et nous disons qu’il y avait au moins 12 000 personnes.
**Des camarades de Naples : c’est le déroulé tel quel d’un discours « hurlé à l’improviste »… Proust disait que le parler et l’écrit était deux langues distinctes…(…/…)
Du traducteur : Daï, Oreste, questo discorso comincia come : « Al di sopra quelle piramide, 40 secoli vi miranno » … Adesso vuoli fare « Il Re Di Napoli », o che… ? (Samedi 12.01.08).
Préambule complété / intégral des « Camarades de Naples » joint à cette épreuve de traduction corrigée :
.../...(suite à l’intro P.1, sous le chapô) et à la note *) Nous donnons-là, répète-t-on le « déroulé de l’enregistrement tel quel et crû d’un discours tenu, comme on le verra, de « vive voix »... Ainsi qu’un ami érudit nous l’a rappelé, Proust disait que le parler et l’écrit son deux langues distinctes... Traduire de l’une à l’autre est une opération difficile, à risque, comme est risqué de traduire de la poésie : pour obtenir un effet de vérité, un maximum d’artifice (ex : énoncé à haute voix sur fond de bande-son de l’émeute), dont seule une telle opération aussi sophistiquée, longue et complexe, peut parvenir à cette sorte de résultat hyper-réaliste, qui confine à l’effet de sur-réel (« plus vrai que vrai »)...(c’est-à-dire, entendre comment la voix réelle d’Alfonso Natella se désincarcère des pages de « Vogliamo tutto/ Nous voulons Tout » ; alors que la lecture de la transcription littérale ne ferait résonner dans notre tête aucun écho de la voix d’Alfonso...)[variation sur le timbre avec modulations de fréquences de l’effet voix-off ? N.d.T.]
Pour des raisons d’impératifs de temps, nous ne nous risquons pas à nous engluer dans la difficile traduction oral/écrit : nous nous limiterons à ce petit passage nécessaire à une intelligibilité élémentaire, pour éviter les éventuels sous-entendus perfides, malentendus, inversions de sens... ( choses qui sont toujours « diaboliquement » aux aguets : il manque en effet l’apport de la gestualité, des expressions du visage et des inflexions de voix, qui fassent points de suspension du sens, consubstantiels à l’expression-communication orale...)
Les camarades de Naples.
2. Italie : Les déchets, mine d’or pour la mafia, 18 janvier 2008, 23:58, par KLetaGR
Camarades,
(…) le droit à une vie digne d’être vécue dont ont parlé les protagonistes de cette lutte, les gens de cette ville de Naples, qui est aussi capable de donner lieu à des places immenses, magnifiques comme celle-là, une ville dont nous voyons** encore les vestiges des murs grecs…
Et bien le système en place, l’État réellement existant, la démocratie instituée, la légalité réelle telles qu’elles commandent les Carabiniers et les policiers, se sont présentés hier à visages découverts de ceux qui ne savent pas faire autre chose qu’envoyer des avertissements camorristes et mafieux. Hier, au Conseil municipal de Pianura, quelqu’un comme moi s’est senti bien ingénu après cinquante ans de militantisme, parce que je ne voulais pas croire que Dimanche, qu’au cours d’une émission de télévision, entre ballets et paillettes, la Droite –Gasparri et d’autres- ait réclamé un dictateur, les pleins pouvoirs de super commissaire spécialissime à Gianni De Gennaro, et je ne voulais pas croire que 15 heures plus tard, le gouvernement allait transformer cela en un décret.
Gianni De Gennaro, ce Paganini incarné du centrisme bi-partisan -dont je ne sais rien, ni comme personne, ni en intentions, sinon qu’il se prend pour Dieu, à ce que je puis en lire – qui a été perçu et a été représenté pour des milliers de jeunes comme un tueur d’État, comme le serviteur du patron en visite, est le même qui, à Naples, au Printemps 2001 a déchaîné la police contre des adolescents et porte les taches du sang de Carlo Giuliani sur les mains.
Mais le pire a été d’avoir eu cette idée perverse de décider d’envoyer un signal digne des pires mafieux et camorristes pour signifier qu’on avait fini de jouer, qu’on allait maintenant passer comme les tanks à Tien-An-Men sur le corps de ce type à chemise blanche qui se mettait devant, car on allait voir ce qu’était l’État, et l’État c’est nous, l’ État est un État qui, et un État que…
On dit qu’ici il y a La Camorra, certes, mais cela veut-il dire que l’économie d’ici est camorriste, que les bancs sont camorristes, que les politicards sont camorristes, là ce sont la politique, l’économie, la Justice qui le sont, et qu’ailleurs elles peuvent être fascistes, colonialistes, libérales, staliniennes, et qu’ici elles sont camorristes, comme sont camorristes le Capital, les capitalistes, car il n’y a pas un Capital bien intentionné, une légalité pure et puis les Camorristes.
Je crois que nous devons réfléchir, depuis qu’ils ont décidé de faire l’unique chose qu’ils savent faire, peut-être en s’imaginant que cela allait être notre Chant du Cygne, et en se disant nous allons nous déranger et vous en faire voir, nous allons violer la population de Pianura…
J’ai une idée et je vous la livre maintenant, que ceux-ci ont espéré de se présenter comme les illuminés, comme les Lumières napolitaines de 1799, et nous présenter nous dans le rôle des sanfedistes, la populace, la lie, vous voyez, Bassolino a parlé, Luigia Sanfelice, puis Eléonora Pimentel Fonseca…
Ils croient que ça marche comme ça…
Moi, je ne pèse rien dans ce jeu de dupes là, je suis un camarade qui pourtant a confiance au point de ne pas cacher mes affinités, j’ai confiance dans mes amis de l’Espace Tocsin Antagoniste, j’ai confiance dans le Réseau Tocsin Santé-Environnement, j’ai confiance dans les gens qui se mettent en mouvement et je souhaite qu’on se dise, comme dans la chanson de Brecht, qu’on décrète : premier point qui doit décider, les gens doivent décider parce que les gens, dans leur vitalité désespérée, ont une puissance de vie qui se voit transformée en capacité de gouverner son propre destin, de décider.
Il n’est pas vrai que nous soyions des superstitieux apeurés qui disent non à tout, et nous devons créer un réseau de comités, et puis une table-ronde où faire venir des intelligences aussi techniques, il nous faut sortir le cadastre et les plans d’occupation des sols, indiquer les solutions d’urgence et provisoires, trouver des sites, au lieu de subir ceux qui choisissent de se préparer à dire nous faisons comme bon nous semble et si nous voulons vous faire violence, nous viendrons… S’ils font ainsi, c’est qu’ils ont la Force, mais pas la Raison.
Nous devons dire et dirons d’abord, et je me permets de dire, ceci aussi en votre nom, si vous me le laissez dire, qu’il n’est pas vrai qu’il y ait une alternative : ou la dure nécessité, le moins pire de leur projet ou le chaos.
Non, nous nous disons : nous ne tiendrons aucun compte de vous ; vous êtes désormais comme morts, et c’est nous désormais qui allons décider. C’ est une insurrection sans armes.
Nous pourrions vous dire : maintenant arrêtez et au travail, vous recrutez 1000 personnes, on déblaye jour et nuit et on fait la différence, mais nous nous disons qu’on ne leur demande plus rien, on ne s’en occupe plus, pour nous ils sont comme des morts, parce qu’ils portent la mort.
Nous sommes en mesure d’exprimer une volonté, de choisir avec intelligence, de présenter un plan, nous vous l’avons dit, nous sommes en train de vous le dire, si vous y re-venez c’est que vous serez désormais une dérive des pires, d’un absurde tel, criminel et criminogène, qu’il prétend gouverner le monde, et puis seulement punitif, vous êtes des toxicomanes de la mort et nous sommes une puissance de vie.>
Traduit de l’Italien par Sedira Boudjemaa, artiste-peintre,
Nîmes, le Mardi 15.01.08. ; 15h00P.M.