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Italie : coalition Prodi, vers la rupture ?

Publie le dimanche 28 octobre 2007 par Open-Publishing

Après un gigantesque rassemblement contre les réformes néolibérales, les rumeurs de fin de règne s’intensifient. L’autosabordage viendrait du centre.

de Alessandro Mantovani, Rome, correspondance particulière.

À la veille de la grande manifestation contre la réforme des retraites et la flexibilisation de l’emploi, organisée le 20 octobre par l’aile gauche de sa majorité, le président du Conseil Romano Prodi avait reçu les directeurs des quotidiens Il Manifesto et Liberazione et les autres promoteurs de l’initiative.

Et il n’avait pas caché son amertume : "Ce n’est pas nécessaire de manifester contre moi car mon gouvernement va tomber bientôt", leur avait-il dit, ajoutant même : "Je n’en ai plus que pour un mois, un mois et demi."

À la différence de ce qui s’est produit en 1998, s’il y a bien effectivement menace de désintégration de la coalition au pouvoir, elle ne vient pas, cette fois, de la gauche mais plutôt du centre. Et c’est bien aussi ce qu’a voulu signifier Romano Prodi à ses interlocuteurs.

Le nouveau Parti démocrate (PD), issu de la fusion entre les Démocrates de gauche (DS, anciens communistes) et les centristes de la Marguerite, qui vient d’élire son secrétaire général en la personne du maire de Rome, Walter Veltroni (voir l’Humanité du 12 octobre), semble en effet désireux de ne pas attendre 2011 en liant son sort à un exécutif dont la survie dépend d’une seule voix dans l’enceinte du Sénat. Et les centristes sont de surcroît très sensibles au patronat qui voudrait un gouvernement sans les communistes.

Autre signe de délitement : après le succès de la manifestation de samedi (près d’un million de personnes dans les rues italiennes) Fausto Bertinotti, leader historique de Refondation et président de la Chambre des députés, a, pour la première fois, évoqué l’après-Prodi. Si jusqu’ici il affirmait qu’en cas de crise la seule solution était la dissolution du Parlement, et donc des élections anticipées, il demande désormais l’avènement d’un gouvernement « technique » pour concocter une nouvelle loi électorale. Ce n’est pas le « gouvernement pour les réformes » demandé par le chef de l’État, Giorgio Napolitano, mais presque. Et Veltroni, nouveau leader « de facto » de la coalition centriste antiberlusconienne, pourrait aller au-devant des désirs du PRC en instaurant un système proportionnel à l’allemande, avec seuil de cinq pour cent, selon une configuration qui ne détruirait pas les partis de taille moyenne.

Personne, dans le centre gauche, n’est prêt en effet à de nouvelles législatives soumises à la règle imposée par l’ex-majorité de Silvio Berlusconi en 2006, soit un système qui n’offre pas la garantie d’obtenir une majorité stable et qui est de surcroît particulièrement inéquitable puisqu’il favorise les régions les plus grandes (Lombardie, Sicile) où le centre droit est le plus fort.

Les rassemblements massifs du 20 octobre ont sans doute renforcé la FIOM, le syndicat des métallos CGIL, qui s’est opposé aux réformes des retraites et du marché du travail (en opposition avec sa propre confédération). Au parlement cependant les communistes du PRC, du PDCI et les anciens DS de la Gauche démocrate (SD), ayant quitté le parti avant la formation du Parti démocrate, auront toutes les peines du monde à faire capoter les réformes. Dans ce climat où le calcul politicien est exacerbé, une sorte de course de vitesse est engagée en arrière-plan des ambitions avérées de Veltroni, pour l’unification de la gauche « radicale ». Les résistances viennent toujours de SD, qui reconnaît l’erreur de n’avoir pas participé à la manifestation de samedi dernier, mais craint encore d’être minoritaire et de se faire manger tout cru par le PRC.

http://www.humanite.fr/2007-10-26_I...