Accueil > Italie : deuxième gifle pour Silvio Berlusconi
Le président du Conseil essuie un revers aux référendums sur le nucléaire, l’eau potable et l’empêchement légitime.
C’est la deuxième gifle en quinze jours pour Silvio Berlusconi : après des municipales désastreuses qui lui ont fait perdre notamment la ville de Milan, voici que les quatre référendums des 12 et 13 Juin, lui infligent un nouveau démenti sonore.
Il avait invité les électeurs a déserter les urnes, cherchant a rendre nulle la consultation (car il faut atteindre 50% des votants plus une voix pour qu’un referendum soit valable ), et les Italiens lui ont répondu en allant voter a 57% , malgré les fêtes de Pentecôte.
Pire : ils lui ont infligé quatre "oui", avec des taux qui oscillent entre 93 et 97%, sur le nucléaire, sur la privatisation partielle de l’eau potable, et surtout sur l"empêchement légitime", cette loi sur mesure que Silvio Berlusconi (qui a reconnu sa défaite sur "tous les thèmes") avait fait voter pour pouvoir éviter de se présenter devant la justice.
"Légitime jouissance"
Or ces "oui" veulent dire que toutes ces lois sont abrogées, et que le président du Conseil n’a plus aucune couverture face au Parquet de Milan... Qu’inventera-t-il de nouveau pour échapper à ses juges, qui le traquent pour falsification de bilan, corruption, concussion et prostitution de mineure (le "Rubygate") ?
Il n’a plus rien à inventer, pense l’opposition , qui réclame par la bouche de Pierluigi Bersani, leader du Parti démocrate, la démission du gouvernement. Le "peuple" est avec lui : "Silvio rentre chez toi", "Silvio démission","Ciao Silvio", criaient les manifestants de la Bocca della Verità et de la place du Panthéon à Rome, tandis que d’autres allaient fêter l’évènement avec un dîner sur l’herbe aux Thermes de Caracalla.
"Legitimo impedimento ? Legitimo godimento", blaguent les blogueurs sur Facebook : "Légitime empêchement ? Légitime jouissance"....
Ce référendum a donc une valeur politique claire, il prouve que l’Italie est vivante et a décidé de tourner la page du berlusconisme, un populisme médiatique qui aura sévi pendant plus de 16 ans.
La prudence de la gauche
L’électorat modéré ne suit donc plus "Il Cavaliere" et désobéit a ses mots d’ordre d’abstention..Les leaders de gauche ont bien compris ce mouvement de recul et ont évité de trop personnaliser les référendums, car s’ils leur avaient donné une tonalité offensive, très ouvertement antiberlusconienne, ils risquaient de remobiliser en faveur du "Cavaliere" ses fans défaillants.
C’est ainsi qu’on a assisté à une campagne complètement onirique, où chacun a fait semblant d’aller voter sur des questions précises comme l’eau ou le nucléaire, alors que le seul vrai objectif était d’oter à Silvio Berlusconi sa couverture judiciaire et le mettre nu devant ses juges et devant l’opinion.
Quelle sera la troisième gifle donnée au vieux tycoon finissant ?