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Italie : farce libanaise à la Chambre des Députés
Publie le samedi 30 septembre 2006 par Open-Publishing
Voie libre bipartisane à la mission internationale. Le centre-droit présente un ordre du jour assimilant le Liban à l’Irak (sans le nommer). D’Alema approuve au nom du gouvernement. Fini et Casini revendiquent, heureux, « la continuité de la politique étrangère de la Cdl ». La gauche pacifiste se fige, elle réussit seulement à se dire "perplexe"
de Giovanna Pajetta traduit du français par karl&rosa
Gianfranco Fini exulte, Pierferdinando Casini applaudit heureux et tandis que les députés de la majorité Franceschini et Monaco s’évertuent à défendre des thèses impossibles, Franco Giordano tente de s’excuser en disant que peut-être il n’avait pas bien compris ce qui était en train de se passer. La séance de la chambre des députés sur la mission au Liban s’est presque terminée comme dans une farce.
Parce qu’avec la décision d’envoyer, avec un mandat de l’ONU, les troupes sur la frontière tourmentée d’Israël, le parlement a fini par approuver aussi la politique de guerre, toute entière, du gouvernement Berlusconi. A savoir, en citant l’ordre du jour du centre-droit, accueilli par de grands sourires par Massimo D’Alema, "l’esprit humanitaire et de paix dans les missions internationales, toujours cohérentes avec l’article 11 de la Constitution". Toutes ensemble, Irak compris.
Certes, dans les quatre lignes écrites par la Casa della libertà [l’alliance de centre-droit, ndt], il n’y a aucune trace de l’aventure de Bagdad et encore moins de l’aventure afghane. Mais il suffit que dans ses conclusions notre ministre des Affaires étrangères prononce le fatidique « le gouvernement accueillit l’ordre du jour » pour que tous les doutes soient dissipés. Fini gesticule, exprime sa « satisfaction personnelle » et en vient tout de suite à se moquer de « ceux qui soutenaient que le gouvernement de centre-droit violait la Constitution ». Maintenant, conclut-il en remuant le couteau dans la plaie, « comme l’a dit D’Alema, ils se trompaient ». Encore plus net Casini, qui se vante auprès des journalistes en proclamant que « dans l’acte du Liban ce gouvernement confirme sa continuité avec les gouvernements précédents ». A la fin, le plus sobre dans son commentaire est justement Silvio Berlusconi (qui n’aime pas du tout le bipartisan ces temps-ci) qui se borne à dire d’une voix inspirée que « C’est un vote pour nos soldats, pour le Liban, pour Israël. Sûrement pas un vote pour le gouvernement ».
Mais tandis que la droite encaisse, la gauche empire les choses. Ce n’est pas un mystère que derrière cet ordre du jour scandaleux il y a eu une activité intense, de continuelles allées et venues entre les sherpas de la majorité et ceux de l’opposition avec l’élimination de virgules et de points à la ligne. Pour un gouvernement toujours suspendu à un fil, encore avant la nécessité de sauver le rôle international de notre pays, il y avait celle d’avoir à tout prix le oui de l’opposition. Et pourtant, en écoutant les déclarations des députés de l’Unione, il semble que personne n’ait pensé à comment faire face à autre mauvaise figure.
Les plus proches du monde pacifiste, comme Rifondazione, n’arrivent qu’à s’enliser dans des raisonnements impossibles. Ramon Mantovani explique qu’au fond « les ordres du jour n’engagent que pour leurs dispositifs [l’appréciation des forces armées, ndr] et pas pour leurs prémisses », Franco Giordano arrive à dire aussi bien oui que non. « L’intervention de Fini a rendu clair ce qui était sous-entendu dans cet ordre du jour » se fâche dans son intervention le secrétaire du Prc. En ajoutant, plus cryptique : « C’est pourquoi nous avons pensé que cet avis favorable n’était pas opportun ». Quelque chose de plus vient du vert Cento, qui se dit « perplexe » et tient à rappeler que « les missions ne sont pas toutes égales ». Mais tandis que Fini est fou de joie, déclare à droite et a gauche que « la reconnaissance de D’Alema met fin à une série de mensonges », le quartier général de l’Unione tout entier descend sur le terrain.
L’un après l’autre, déclarent ainsi leur satisfaction le premier ministre, le vice-premier et les leaders de parti. D’Alema est content, Bertinotti est « très satisfait », Rutelli approuve. Mais, évidemment, celui qui est heureux comme un roi est Romano Prodi. A deux jours de l’épreuve la plus ardue, la relation au sénat sur l’affaire Telecom, le président du Conseil est tout sourires. Il trouve même le moyen pour attaquer le centre-droit. En effet, « Je crois que c’est le meilleur résultat qu’on pouvait imaginer pour nous - déclare-t-il - Avec une majorité compacte et une opposition divisée, même si c’est seulement à cause de la Ligue ». La seule à voter contre la mission au Liban, contre le gouvernement mais aussi contre cet ordre du jour de la Casa della Libertà que Roberto Maroni définit « andreottien et démochrétien ».