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Italie, naissance du PD – antipolitique et gestion du pouvoir
Publie le lundi 15 octobre 2007 par Open-Publishing2 commentaires

de Stefano Bocconetti
Ce n’est pas le paradoxe habituel de la politique. Un des si nombreux paradoxes de la politique italienne, comme le suggèrerait Grillo dans son blog. C’est le paradoxe par définition, celui qui est destiné à changer les données du jeu. Celui avec lequel un peu tout le monde se trouvera à faire les comptes.
Donc aujourd’hui, dans presque vingt mille sièges, aménagés partout – des rues aux paroisses – beaucoup de gens iront choisir le leader du parti démocrate. Un million, deux millions, plus.
En réalité on connaît déjà la fin : le maire de Rome, Walter Veltroni, l’emportera. Et on sait aussi plus ou moins de combien : la sienne (ses listes) auront entre 75 et 80%, sa rivale la plus importante, Rosi Bindi, entre 10 et 15 et Letta, le ministre Letta, entre 3 et 5.
Aux deux autres concurrents – qui ont fait plutôt de poudre aux yeux que de propositions – les miettes : zéro et des poussières. Mais cela aussi est négligeable. Ce qui compte le plus est le paradoxe à cause duquel, à l’heure des réflexions sur l’antipolitique, se déroulera ce matin un rite à la saveur démocratique. Les personnes, des hommes et des femmes (et les très jeunes : même ceux qui n’ont que seize ans) pourront décider, en versant un euro, qui va les représenter. Qui les dirigera. Ils pourront décider qui « va gouverner » leur parti dans les différentes régions et les différentes villes. Puisque, avec le leader national, on choisira aussi les dirigeants locaux.
Et pourtant, ce qui pourrait apparaître comme une grande preuve de démocratie, ce qui semblerait une chance offerte au renouveau des partis, va sanctionner la fin de la politique. Pour une partie de la gauche il s’agira de la fin d’une façon d’imaginer la politique. Ici aussi. Pas tellement et pas seulement parce que l’apparente forme démocratique s’est affrontée ces mois-ci par des manœuvres et des conflits qui feraient pâlir même un Antonio Gava [ancien boss de la Démocratie chrétienne de Naples, NdT]. Les secrétariats des deux partis [DS – ex communistes et Margherita, ex démocrates-chrétiens, NdT] qui n’arrivent pas à s’accorder sur un nom, à tel point qu’à peine au printemps dernier on parlait d’un « régent » en attendant des temps meilleurs, jusqu’aux listes pesées au milligramme. Et jusqu’au choix de Rosi Bindi d’accepter le rôle pénible d’outsider, pour contraindre ces appareils à parler un peu – au moins un peu – de programmes.
Tout cela est là, c’est évident. Et aussi les journaux amis du Pd l’écrivent. Mais le paradoxe concerne quelque chose de plus profond, de plus sérieux. Parce que le couronnement de Veltroni et la clôture définitive de l’histoire du PCI – « en balançant la clé dans le Tibre », comme on le dit à Rome quand on parle d’une chose qu’on veut vite oublier – signifient aussi la naissance d’un parti qui a dans son ADN, qui a dans ses actes fondateurs – formels et informels, comme le dernier livre du maire de Rome – le refus de la politique « réformiste ».
Des discours exagérés ? Du Lingotto de Turin - où il a ouvert et clôturé sa campagne électorale pour les primaires – Veltroni a reproposé en pilules, il y a quelques jours, la philosophie de son nouveau parti. Il part de thèses indémontrables, d’affirmations qui ont été démenties systématiquement le long des décennies passées et là aussi, à Turin, Veltroni a essayé de mettre ensemble des besoins inconciliables. Les profits des entreprises et les salaires des ouvriers, la défense de l’environnement et la réduction des contraintes. Et ainsi de suite. Apparemment un peu à chacun – diront certains - selon le vieux style démocrate-chrétien.
Mais en réalité un choix, un choix de fond, est bien là. Et il est net : l’acceptation du principe que c’est l’entreprise le moteur de ce pays. Ce qui est bon pour Montezemolo [le patron des patrons, NdT] est bon indirectement pour tout le pays. Le nouveau parti démocrate, en somme, a choisi ce qui existe. Les « limites » à l’intérieur desquelles il va travailler, fera des initiatives, sont celles qui sont données. Et données une fois pour toutes. Certes, là dedans il y a de l’espace – au moins Veltroni en est convaincu – non pas pour un peu de redistribution mais de toute façon pour pas mal d’assistance. Mais le cadre est là et il restera tel quel.
Et voila exactement la fin de la politique. Imaginée – aussi par tant de penseurs qui cycliquement entrent dans le panthéon veltronien – pour transformer l’existant. Pour ne pas s’en contenter. Pour essayer de forcer les contraintes données, imposées par quelqu’un et colportées comme universelles. Pour essayer d’imaginer quelque chose d’autre. Fin de la politique, pas seulement fin d’une histoire politique. Et cela, probablement, compte plus, beaucoup plus que les conséquences immédiates qu’aura l’élection du maire de Rome. Parce que les journaux sont pleins tous les jours de coulisses où on esquisse des scénarios très négatifs pour la stabilité du gouvernement Prodi. Le dernier en date, « Il Foglio » de Ferrara [centre-droit, NdT] qui est allé éplucher un article, dans les pages internes, du quotidien « Adige » signé par Giorgio Tonini. Qui n’est pas n’importe qui mais, depuis longtemps – tout le monde le sait – le « nègre » du maire. Et là, Tonini parle explicitement de la nécessité, en janvier, d’arriver à une vérification du gouvernement.
Effaçant définitivement le programme et choisissant quatre, cinq choses sur lesquelles travailler pour inverser la tendance. Et si on n’y arrivait pas, bien, le moment serait arrivé pour que Prodi passe la main au néo secrétaire des démocrates. Des scénarios qui confirment les intuitions de ceux qui avaient toujours expliqué que la naissance du PD comporterait des menaces pour la cohésion de la majorité. Mais les majorités et les gouvernements passent. A terre reste, au contraire, un nouveau parti qui a définitivement renoncé à l’ambition de changer. Ce sera le parti de la gestion où, justement, tout le monde pourra y être. Ce sera le parti du gouvernement et basta. Et ce ne sera pas le parti réformiste. Certes, il est vrai que les DS aussi ne l’étaient plus depuis longtemps. Parce que peut-être, à une époque où on repense tout, le moment est arrivé de redonner un sens aux mots.
Les DS, eux (ex DS pour ceux qui liront ces lignes, après les primaires de ce matin leur expérience s’achève) se sont servis de cette définition comme synonyme de modérés. Ils étaient des modérés et ils s’appelaient des réformistes. Un mot qui, au contraire, depuis que le mouvement ouvrier est le mouvement ouvrier, a toujours indiqué autre chose. Il a indiqué une façon différente, une voie différente pour arriver à la même fin, au même objectif. Les réformistes s’opposaient aux révolutionnaires, en pensant qu’au socialisme - oui, au socialisme – on y arriverait graduellement, par étapes. Il refusaient la logique du rendez-vous décisif, de la prise du palais qui change tout. Mais ils ne parlaient pas que de réformes. Ils parlaient de réformes pour changer ce-ci et ce-là, de réformes pour redistribuer des ressources. Des entreprises au travail. Ils parlaient de réformes comme de pas en avant, lents mais significatifs, vers l’objectif de changer et de changer radicalement, l’ordre des choses existantes.
Depuis longtemps une partie – la partie majoritaire, à l’époque – des descendants du PCI a renoncé à tout cela. Ils ont continué à parler de réformes, en commençant à oublier à quoi et à qui elles auraient dû servir. Jusqu’à les faire devenir quelque chose d’autre : des contre réformes. Le réformisme des DS était fini depuis longtemps. Aussi parce que pendant ces années, ces décennies, quelque chose s’est passé. Il s’est passé que le capital a choisi de fermer les espaces au réformisme. Le vieux pacte social, celui qui a servi à construire le système de solidarité sociale chez nous, a sauté.
Les entreprises veulent tout et tout de suite. Elles veulent gagner le référendum et veulent que ceux qui ne sont pas d’accord, les métallurgistes, soient mis au pilori. Elles veulent la précarité pour ceux qui accèdent à l’emploi et des salaires de misère. Elles veulent faire sauter tout compromis. Et elles veulent cinq milliards de réduction du coût du travail. Voila l’existant. Et cela Veltroni l’a accepté comme non modifiable.
Ainsi la politique meurt. Même s’ils sont cinq millions à aller voter.
http://bellaciao.org/it/article.php3?id_article=17527
Traduit de l’italien par Karl&Rosa
Messages
1. Italie, naissance du PD – antipolitique et gestion du pouvoir, 16 octobre 2007, 21:22
Les entreprises veulent tout et tout de suite. Elles veulent gagner le référendum et veulent que ceux qui ne sont pas d’accord, les métallurgistes, soient mis au pilori. Elles veulent la précarité pour ceux qui accèdent à l’emploi et des salaires de misère. Elles veulent faire sauter tout compromis. Et elles veulent cinq milliards de réduction du coût du travail. Voila l’existant. Et cela Veltroni l’a accepté comme non modifiable.
Ce nouveau cours de la bourgeoisie assèche ce qui a permis aux partis sociaux démocrates de vivre et d’être puissants , le compromis capital-travail, du grain à moudre... J’entends par partis sociaux démocrates ce qu’était devenu le PCI avant d’avancer vers son ultime métamorphose.
Les restes des partis sociaux-démocrates, en attendant une nouvelle poussée ouvrière continentale ou mondiale, sont donc appelés à exploser entre les révolutionnaires, des organisations n’offrant aucune espérance d’ascension sociale bureaucratique ou bourgeoise et des partis démocrates resemblant peu ou prou à ce qu’est le parti démocrate américain actuel , le Modem français, le nouveau parti démocrate italien.
Il faut se méfier pour les révolutionnaires d’alliances affaiblissantes essayant dans un parti ré-unifié de faire revivre, sur le vide laissé par la désertion vers de nouveaux partis bourgeois des apparatchiks, ce qui est impossible , une politique social-démocrate et une politique révolutionnaire. Il y a là incompatibilité. Aucun pas sur la droite à faire, que des pas sur la gauche.
Copas
1. Italie, naissance du PD – antipolitique et gestion du pouvoir, 17 octobre 2007, 09:56
Si la gauche se dèfini par rèvolution, hè ben continuons sur la route des totalitarisme futurs
Si la gauche au contraire c’est la destruction des organisations de dèfenses du CONSOMATEUR, la destruction du syndicalisme qui ne dèfends que des privilèges lobyistes.
Alors on peut construire un espoir en travaillant non pas sur une extrème minorité mais bien en rendant conscience au cosomateur pour qu’il redevienne un citoyen, en redonnant honneur au sindiqué pour qu’il ne soit plus un simple assistè, mais une personne reponsable de ses propres actes.
Sans passè par là adieu les idèaux, il ne restera que des consomateurs au pouvoir d’acchat construit par des syndicats pour que leur salaires suffisent à faire vivre quelques mega-groupe, en achetant juste ce qui suffit à maintenir la frustration à un niveau de "non explosion".
Il ne faut pas beaucoup de clairvoyance pour analyser le passè et voir comment ce mècanisme tout au long du 20eme siècle à deresponsabilisé les travailleurs en les transformant en une masse "protégée et dèfendue" mais qui dèlègue toutes ses dècisions à des soit-disants dèfendeurs de leur propre intèrèt, dèfendeurs dont la lègitimitè dèmocratique n’est meme pas du niveua de la naissance du PD en Italie.
A bas les syndicats, a bas la dèfense des consomateurs et construisons sur ses ruines riches d’enseignments des citoyens dont les choix seront respectables !
Hirondelle