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Italie, otages de la gauche : comme des coqs en pâte

Publie le jeudi 11 janvier 2007 par Open-Publishing

de Alessandro Robecchi traduit de l’italien par karl&rosa

La nouvelle, vous la connaissez tous, les journaux en ont beaucoup parlé. J’ai démissionné de mon club de canasta, considérant désormais épuisée sa poussée réformiste. Ma proposition de rétablir les uniformes pour les serveurs – formulée dans une optique de gauche libérale – n’a pas trouvé de consensus.

Donc je m’en vais, je ne renouvelle pas ma carte, il n’est plus possible d’être réformistes à l’intérieur de cette association qui, même avec ses mérites historiques, me semble aujourd’hui l’otage – comme tout le gouvernement, comme tout le pays – de la gauche radicale. Je suis sûr qu’Antonio Polito [ex directeur du quotidien Il Riformista et actuellement sénateur de La Margherita (centre-gauche) NdT] me donnera raison (cela me réconforte beaucoup pendant les longues nuits passées comme otage de la gauche radicale).

Mais je ne veux pas parler ici de ma situation particulière (comme le dit le grand réformiste Trapattoni : je ne parle pas des cas individuels), mais de la terrible situation du pays. En effet, tout le monde sait que personne n’a voté la gauche radicale, mais qu’elle s’est faufilée à la faveur de la nuit dans le gouvernement et que, armée de pied en cap, elle a pris ses otages.

Voila notre situation actuelle, comme le soutient comme un mantra le Corriere et comme ricanent les journaux de droite (ceux que les gens achètent quand il y a la grève des vrais journaux), voila ce que nous sommes : des otages de la gauche radicale. Je voudrais tranquilliser les familles : en tant qu’otages on nous traite assez bien. Disons même qu’étant des otages de la gauche radicale nous faisons ce que bon nous semble.

Nous privatisons Alitalia. Nous invoquons la mobilité pour les fonctionnaires. Nous confions le traitement de fin de rapport [de travail, NdT] aux fonds de pension qui vont s’effondrer comme des poires cuites à la première crise de la Bourse, nous discutons vivement de comment écourter les retraites, nous augmentons les dépenses pour la défense et les fonds pour l’école privée. Disons la vérité : nous, les réformistes, ne nous sommes jamais autant amusés que depuis que nous sommes des otages de la gauche radicale.

Qui, entre autre, n’a encore rien obtenu comme rançon, ni la loi Biagi (travail précaire, NdT), ni la loi Bossi-Fini [loi sur l’immigration, NdT], ni les PACS. Voila la situation : nous sommes les réformistes, nous sommes la gauche libérale, nous n’avons aucune idée sensée, même en la payant au poids de l’or, mais par bonheur nous avons cet alibi inestimable, que nous sommes les otages de la gauche radicale. J’essayerai de le dire avec toute la franchise réformiste dont je suis capable : nous somme des otages. Quel cul !

http://www.ilmanifesto.it/Quotidian...