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Italie : tâche titanesque

Publie le dimanche 16 avril 2006 par Open-Publishing
1 commentaire

de MARCO GREGORI ET SANDRA VINCIGUERRA

"L’Italie tourne la page." Après un suspense interminable, Romano Prodi pouvait laisser hier éclater une joie mêlée de soulagement. Même si ce n’est que d’un cheveu, il a réussi son premier pari : chasser Silvio Berlusconi du gouvernement.

Durant la campagne, le leader du centre-gauche a promis de renouer avec l’éthique en politique, de prêter attention aux plus démunis de la société italienne et de redorer l’image d’un pays que son premier ministre sortant a passablement ternie au cours des cinq dernières années.

Violence policière lors du G8 de Gênes en 2001, inféodation à l’administration Bush, participation à la guerre en Irak, lois ad personam ou contraires à la dignité humaine, fascisme larvé de certains alliés, le berlusconisme affiche un noir bilan politique et social.

La tâche qui attend Romano Prodi est donc titanesque. D’autant qu’il ne possède pas toutes les garanties pour y parvenir. Il lui faudra commencer par prouver qu’il peut garder unis les partis hétérogènes qu’il a rassemblés sous sa bannière. Les Italiens n’ont effectivement pas massivement donné leurs voix aux deux grandes formations réunies dans l’Ulivo (I Democratici di Sinistra et La Margherita), qui reste relativement stable autour de 30%.

A la gauche de ces derniers, en revanche, des partis comme Rifondazione Comunista, I Comunisti Italiani et I Verdi augmentent sensiblement leur électorat, séduit par une campagne ouvertement « à gauche », pacifiste et pour les droits civils. Ce résultat (plus de 10%) cumulé avec celui plus qu’honorable de la nouvelle formation La Rosa nel Pugno (2,5%) - qui a basé l’ensemble de son message sur la revendication d’un Etat la ?c - transforme tous ces petits partis en partenaires incontournables du leader de centre gauche.

Qui devra prendre en compte leurs requêtes, dont certaines comme le pacs en parfaite contradiction avec les positions confessionnelles de La Margherita. Dans une situation analogue en 1996 (sur le vote du budget), Romano Prodi avait échoué à maintenir cette unité et à conserver son leadership, contraint après un an de quitter le gouvernement.

Le « Professore » devra en outre tenir compte d’un bon résultat de l’Unione dei Democratici Christiani e Democratici del Centro (UDC), qui serait tentée de rejoindre des centristes de l’Unione dans l’espoir de constituer une nouvelle grande force « modérée ».

Enfin, dernière gageure et non des moindres, Romano Prodi devra composer avec Silvio Berlusconi. Car, contrairement à toutes les prédictions, le grand patron n’a pas été « renvoyé à la maison », comme l’espérait toute la gauche italienne. Et Forza Italia demeurera le premier parti d’Italie.

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Messages

  • Prodi va immanquablement se planter car il existe des contradictions insolubles quand on est liberal (au sens français), pro-TCE, profondement impliqué dans l’orientation anti-sociale et anti-démocratique européenne (les objectifs avoués et ecrits de certains de baisser de 3% la part des salaires dans les richesses produites, comme exemple entre tous de l’automne dernier), et que, paralellement on s’est fait élire par une coalition de gauche ...

    La seule chose progressiste qu’il peut avancer est le retrait d’Irak, et celà sera une belle chose.

    Mais, pour le reste, ça va cartonner rapidement. Sur les questions sociétales il semble difficile de voir sur quoi il va avancer (il soutient le ligne TGV transalpine avec la France, il met en avant une logique presque democrate-chretienne donc contre une espèce de PACS, ....)....

    Sur la question du démentellement de ce qui a permit la venue de la verrue berlusconienne, donc du démentellement, vital pour une démocratie, des monopôles mediatiques, on risque de rester sur notre soif....Et pourtant la question des médias est une question qui parcourt toute l’Europe, tant ceux-ci ont été instrumentalisés sur une logique unipolaire anti-democratique et anti-sociale (les discours permanents partout contre "les avantages acquis", contre les travailleurs âgés, pour rendre plus vulnerables les jeunes, etc). En Italie, la possession par un seul homme de médias essentiels est bien sûr l’extreme, mais la France ne fait pas mieux avec ses médias d’état, ses chaînes privées, ses radios privées et d’état, ses journeaux, tous tous tous avec de mêmes discours propagandistes.
    La question des médias doit faire l’objet d’un vaste débat dans toute la gauche réelle européenne, dans tous les mouvements sociaux, dans toutes les organisations syndicales, dans toutes les luttes afin que des réponses durables, solides, indestructibles, puissent permettre l’émergence d’ énormes contre-pouvoirs médiatiques européens, ouverts, démocratiques, se défendant contre les censures de l’état et la bourgeoisie, des contre-pouvoirs en réseau...
    Il n’est plus possible de laisser ces questions comme avant.

    Une des explications données par la gauche social-democrate en Europe sur le score moins important que prévu de al coalition gauche-centre-gauche est que ça donnaît une couleur trop à gauche de cette coalition....

    Je pense que c’est l’inverse, strictement.

    Surtout sur le terrain social, la mise en cause de la classe bourgoise, au concret, pour sa propagande, ses interets personnels, et ce qu’elle fait, est la source essentielle de toute contre-offensive dans l’interet de la majorité sociale des Italiens.

    Demander de porter les batailles à l’echelle européenne, s’attaquer à la comission européenne, pour essayer d’imposer des minimas sociaux, salaires, CMU pour tous, conditions de travail, etc.

    Copas