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Italie : vers le syndicat mondial, "une réponse aux défis globaux"

Publie le jeudi 12 octobre 2006 par Open-Publishing
2 commentaires

Le Congrès de la fusion entre la Cisl (Confédération Internationale des Syndicats Libres, NdT) internationale et la Cmt (Confédération mondiale du travail, NdT) débutera le 1er novembre a Vienne. Interview du futur secrétaire général, Guy Rider

de Fabio Sebastiani traduit de l’italien par karl&rosa

Vienne, 1er novembre. Date et lieu de fondation du premier syndicat mondial, dont le secrétaire sera Guy Rider, qui essayera de mettre ensemble la Cisl internationale et la Cmt, le syndicat d’inspiration chrétienne, présent seulement dans certaines zones de la planète. Le nouveau syndicat aura quelque chose comme 157 millions d’adhérents. Après 57 ans d’activité, l’Icftu (International Confederation of Free Trade Unions, NdT) cessera donc d’exister.

Liberazione a interviewé à Milan, au cours des manifestations pour le centenaire de la Cgil (Confederazione Generale Italiana del Lavoro, NdT), Guy Rider, actuel secrétaire de Icftu. Le scénario qui l’attend est plutôt difficile, mais Rider met l’accent sur deux ou trois thèmes qui feront partie de ce qu’il appelle l’ « agenda » du syndicat : la syndicalisation du « far east », les rapports avec les multinationales et le decent work. Actuellement, le salaire minimum le plus bas est de deux dollars, le même qu’il y a dix ans et il concerne environ 50% de la population active de la planète. Et, par un étrange hasard, ce pourcentage est le même que celui des travailleurs qui ne bénéficient pas de droits syndicaux.

Quels défis importants à l’horizon pour le nouveau syndicat mondial ?

Nous essayerons de créer un nouveau syndicat international, parce que nous croyons que la globalisation et les mouvements de l’économie globale posent quelques nouveaux défis pour affronter lesquels, au demeurant, le syndicat n’est pas équipé. J’ai déjà dit que la véritable entreprise pour nous n’est pas celle de créer une nouvelle organisation mais de créer un nouvel internationalisme.

Qu’est ce que cela veut dire ?

Cela veut dire que l’action des syndicats nationaux et du syndicat international doivent procéder ensemble. La globalisation rend « main stream » les arguments dans l’agenda des syndicats nationaux, qui est donc bien distant du syndicat mondial, et vice-versa. Il y a quelques questions-clé dont il faut tenir compte : l’organisation, le contrat collectif, un niveau international, s’attaquer aux changements des entreprises internationales, une nouvelle façon d’affronter les taches traditionnelles du syndicat international.

Rêvons pendant un moment, à quand la première grève internationale ?

Qui peut le dire. Cela ne sera sûrement pas pour demain. Certes, nous commençons à y travailler sérieusement. Nous avons eu quelques exemples dans les années 80. Nous devons utiliser la capacité de pression envers les entreprises, mais à une échelle internationale et pas pour des problèmes locaux. Le capital a une stratégie internationale. Le travail a besoin d’une stratégie internationale. Pas seulement sur le papier.

Qu’entendez-vous par « decent work », un travail décent ?

Le « decent work » est un point important dans l’agenda du syndicat international. Dans le monde, nous ne souffrons pas seulement du fait d’avoir quelque chose comme 193 millions de chômeurs mais aussi une forte crise de la qualité du travail. Le travail informel, sans aucune protection sociale et dépourvu des droits fondamentaux fait tache d’huile. Travail décent veut dire avoir une rémunération décente, le respect des droits humains, y compris la possibilité de s’inscrire à un syndicat et un niveau adéquat de protection sociale. Tout cela dans un contexte où il existe un mécanisme de dialogue social.

Quels sont les rapports entre le syndicat mondial et l’Onu ?

Nous avons une longue histoire de coopération avec les nations unies. Dans notre charte fondatrice nous sommes en train d’écrire que nous en soutiendrons le rôle et les principes. Toutefois, nous sommes en train d’assister à une prolifération d’actes unilatéraux dans les relations internationales, des actes que nous rejetons, évidemment. Il nous faut des engagements certains dans les relations multilatérales et que l’Onu fasse entendre son autorité.

Comment jugez-vous la situation du syndicat en Asie ?

L’Asie est probablement le continent où le développement du syndicat et au plus bas degré, tout comme en Afrique. L’essentiel de la question est que l’Asie est en train de jouer un rôle important dans l’économie mondiale mais à cela ne correspond pas un développement parallèle de l’organisation syndicale. Naturellement, le défi le plus important reste celui de la Chine, un pays où il n’y a pas encore de droits syndicaux ni d’organisations libres, où l’action syndicale aura un effet énorme non seulement sur les conditions des travailleurs chinois mais aussi sur l’économie globale. Ce problème doit être pris très au sérieux.

Quel est le message que vous lancerez de Genève ?

Ce sera sûrement un message d’optimisme qui va donner la sensation que le syndicat est en train de se réorganiser, de s’unifier et de lancer un nouveau projet d’internationalisme qui soit au moins au même niveau que celui de la globalisation.

http://www.liberazione.it/giornale/061008/archdef.asp

Messages

  • Je veux pas jouer au rabat-joie, mais une fusion entre deux instances bureaucratiques n’est pas pour moi l’élément le plus important pour la réveil du syndicalisme et de l’internationalisme du mouvement des travailleurs. N’oublions pas que la CISL et encore plus la CMT sont très très sociales-libérales (suffit d’aller voir sur leur site) et TRES éloignées de la base syndicale mondiale. Je serai plus optimiste le jour où les belges feront grève en même temps que les français et les hollandais par exemple pour exiger une hausse des salaires. Mais c’est assez difficile de lutter contre des temporalités politiques (élections, etc...) variables.

    GrayFox

  • De nombreux militants de la CGT sont opposés à la création de cette nouvelle "Internationale Syndicale" qui sera au capitalisme mondialisé et à l’impérialisme ce que la CES est à la Commission européenne et à l’Europe de Maastricht, à savoir une courroie de transmission et un éteignoir des luttes.
    Mais nous ne faisons pas d’illusions.
    On a vu comment le 48 éme congrès de la CGT a été bouclé.
    Thibault va réussir à faire passer ça alors qu’il nous faudrait un syndicalisme de lutte de classe et pas ce "syndicalisme rassemblé" de capitulation et de trahison de classe.