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Jérusalem : Les travaux de la colère

Publie le jeudi 8 février 2007 par Open-Publishing
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Les travaux entrepris mardi, sur l’esplanade des Mosquées à Jérusalem, ont provoqué un tollé dans le monde arabo-musulman. Les autorités israéliennes ont déployé de nombreuses forces de police autour de la zone des fouilles ainsi que dans la vieille ville pour éviter tout débordement. Des affrontements se sont produits entre de jeunes Palestiniens et les forces de l’ordre qui ont procédé à onze interpellations. Des manifestations de protestation ont eu lieu à Bethléem, en Cisjordanie et à Gaza, à l’appel du Hamas et du Jihad islamique.

Il aurait pu s’agir de simples travaux de voie urbaine. Mais parce que cela se passe à Jérusalem et encore plus parce que cela se passe sur l’esplanade des Mosquées, ces travaux de voirie provoquent la colère et des émeutes dans le monde arabo-musulman. Les déclarations hostiles à ces travaux, entrepris par Israël, surviennent de toutes parts. L’esplanade des Mosquées, qui abrite la mosquée al-Aqsa et le Dôme du Rocher, est le troisième lieu saint de l’islam, après La Mecque et Médine, en Arabie Saoudite.Toute intervention sur ce lieu est donc particulièrement sensible comme le montre encore une fois, la vivacité des réactions.

Les fondations menacées

« Les bulldozers de l’occupation se dirigent (vers les mosquées) pour détruire la route historique menant à la porte des Maghrébins », a dénoncé le chef des juridictions islamiques dans les territoires palestiniens, cheikh Tayssir al-Tamimi, dans un appel à la mobilisation lancé sur la chaîne arabe al-Jazira. Il a exhorté les Palestiniens à « se rendre immédiatement » sur l’esplanade pour « la protéger et il a appelé à une journée de colère, vendredi ». Le mufti de Jérusalem, cheikh Mohammad Hussein, a de son côté dénoncé « une agression lâche » contre le site.

Répondant à ces appels, de jeunes Palestiniens se sont rassemblés sur les lieux pour crier leur indignation. Onze d’entre eux ont été interpellés par les forces de l’ordre qui ont été renforcées aux abords du chantier conduit par l’Autorité israélienne des Antiquités. Par ailleurs, les groupes armés palestiniens ont appelé à une grève générale à Hébron (Cisjordanie) mercredi avec pour slogan « al-Aqsa est en danger ». Se rendant sur le chantier pour protester contre les travaux, le chef du mouvement islamique arabe-israélien, cheikh Raëd Salah, a été arrêté mercredi matin avec six autres militants, suite à des heurts avec des policiers. 

Au moment où se tiennent à La Mecque des négociations entre le Hamas et le Fatah et qu’un cessez-le-feu précaire se maintient vaille que vaille dans les Territoires, la moindre provocation est susceptible de cristalliser la colère palestinienne. C’est pourquoi la Jordanie et l’Egypte, les deux seuls pays arabes à avoir conclu la paix avec Israël, l’ont exhorté à cesser les travaux sur l’esplanade. Ceux-ci consistent à raser un monticule situé porte des Maghrébins, une des entrées de l’esplanade près du mur des Lamentations, haut lieu du judaïsme. Le waqf, l’office des biens religieux musulmans, affirme que deux salles souterraines rattachées aux mosquées sont situées sous le monticule, dont l’aplanissement menacerait les fondations de l’esplanade, haut lieu de tension dans la vieille ville de Jérusalem.

A cela, les autorités israéliennes rétorquent que les travaux visent à installer une nouvelle rampe d’accès, l’actuelle ayant été endommagée par une tempête de neige et un tremblement de terre, en 2004. Elles soulignent que des fouilles archéologiques seront réalisées pendant plusieurs semaines, voire des mois, avant la pose de poutres de soutènement renforçant la nouvelle passerelle piétonne conduisant au site, connu par les juifs, sous le nom de mont du Temple.

La France appelle à « s’abstenir »

Depuis le début des travaux, la police israélienne restreint l’accès des fidèles à l’esplanade des Mosquées. Devant l’émotion suscitée dans le monde arabe et musulman, la France a appelé mercredi Israël à « s’abstenir de tout acte qui pourrait nourrir la tension à Jérusalem. Il s’agit naturellement d’un sujet sensible », a déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Jean-Baptiste Mattei. L’Iran a aussi condamné ces travaux.

L’ayatollah Ali Khameini, le guide suprême iranien, a souhaité quant à lui, que « la réaction du monde musulman fasse regretter au régime sioniste son action offensante ». Le Conseil de coopération du Golfe (CCG) a lui aussi jugé que ces travaux étaient « inacceptables et constituaient une violation des résolutions internationales » sur la question palestinienne. Le CCG regroupe les six monarchies pétrolières du Golfe : Arabie saoudite, Emirats arabes unis, Qatar, Koweït, Oman et Bahreïn. De son côté, la Ligue arabe affirme suivre avec une « inquiétude extrême les atteintes continues » contre les lieux saints musulmans.
Déjà en 1996, le creusement d’un tunnel archéologique près de l’esplanade des Mosquées, avait déclenché de violents accrochages avec les Palestiniens faisant 76 morts, dont 15 Israéliens. En septembre 2000, la deuxième Intifada avait été déclenchée suite à la visite d’Ariel Sharon, alors chef de l’opposition, sur la même esplanade des Mosquées.

par Claire Arsenault

Article publié le 07/02/2007 Dernière mise à jour le 07/02/2007 à 15:17 TU

http://www.rfi.fr/actufr/articles/086/article_49487.asp

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