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Jeunes et syndicats dans l’action le 7 février contre le CPE
Publie le mercredi 25 janvier 2006 par Open-Publishing
Mobilisation . Alors que Dominique de Villepin veut faire passer le contrat première embauche à la hussarde, des convergences se construisent pour son retrait.
de Paule Masson
"Provocation", "coup de force", "déni de démocratie", les mots varient mais l’indignation est la même face à la décision du gouvernement d’accélérer l’examen du contrat première embauche par l’Assemblée nationale. Une précipitation qui cache mal la volonté du premier ministre de court-circuiter la mobilisation montante. Dominique de Villepin avait annoncé l’intégration du CPE dans le projet de loi "pour l’égalité des chances", qui devait être examiné en procédure d’urgence le 14 février. Coup de théâtre, la date est aujourd’hui fixée au 31 janvier, mardi prochain, au mépris d’un quelconque respect du débat parlementaire sur le sujet. "Inadmissible", "intolérable" ont jugé les présidents des groupes communistes et socialistes.
"Dominique de Villepin a peur de voir se lever un grand mouvement de contestation contre ce dispositif", a commenté Jean-Marc Ayrault, président du groupe PS, tandis que Marie-George Buffet a appelé à « tout faire pour mener la contre-attaque », indiquant la mise à disposition de toutes les forces du Parti communiste au service de cette mobilisation. Même l’UDF, sentant le vent du boulet, menace de ne pas voter un texte « qui va fragiliser un peu plus les jeunes », a réagi François Sauvadet, porte-parole du groupe.
appel à une semaine d’action à partir
du 30 janvier
Depuis la constitution, le 19 janvier, d’un front unitaire parmi les organisations de jeunesses, qui appelle à la mobilisation générale pour le retrait du contrat première embauche, les syndicats se sont déclarés partant pour rayer de la carte ce énième contrat de travail précaire, qui instaure, dans le sillage du contrat nouvelles embauches pour les petites entreprises, le licenciement express des moins de vingt-cinq ans. Les organisations de jeunes ont déjà annoncé une semaine d’action à partir du 30 janvier. La CGT est aussi dans la construction d’une journée de mobilisation sur l’emploi et les salaires le 31 janvier. Les syndicats, jusqu’ici divisés, sont parvenus hier à se rencontrer.
Les partis de gauche multiplient les appels à une réaction commune. Dans la panique que se tissent des convergences entre ces mécontentements, le gouvernement accélère, squeeze le débat parlementaire et renforce encore ses pratiques autoritaires. Hier, Jean-François Copé, son porte-parole, affirmait la « détermination totale du gouvernement », traitant les jeunes par le mépris en lançant un sarcastique : « attendez de voir combien ils sont » dans les manifestations.
Mais la peur n’évite pas le danger. « Nous ne sommes pas dans la perspective de négociation de ce contrat, nous voulons en obtenir le retrait », a affirmé hier Bruno Julliard, le président de l’UNEF. Avec les étudiants, les syndicats de salariés l’ont affirmé fortement hier dans la soirée. À l’issu d’une rencontre qui a réuni l’UNEF et l’UNL pour les jeunes, et, pour les organisations de salariés, la CGT, la CFDT, FO, la CFTC, la FSU et l’UNSA, des dates de mobilisations ont été annoncées. Le 7 février, les structures locales sont appelées à préparer des manifestations communes avec un seul mot d’ordre : « retrait du CPE ». D’ici là, la journée d’action de la CGT, le 31 janvier s’élargit à des initiatives de sensibilisation et d’action contre le CPE.
L’Union nationale des lycéens appelle par exemple à tenir ce jour-là des Assemblées générales dans les lycées. Maryse Dumas, pour la CGT, a argumenté sur le « besoin de rassemblement le plus large pour faire échec au CPE construire un avenir pour les jeunes en dehors de la précarité ». Pour elle, gagner contre le CPE serait « un excellent point de départ pour une mobilisation plus forte des salariés ». La CGT met donc tout son poids dans la balance pour remplir les cortèges du 7 février. Gérard Aschieri, de la FSU a pour sa part expliqué que la grève des fonctionnaires du 2 février sera aussi un tremplin pour y parvenir.
Avis de gros orages sur le gouvernement
Hier, l’ensemble des organisations de jeunesse n’était pas convié à la réunion, René Valladon, pour FO justifiant le choix de se réunir « entre organisations syndicales ». Mais les participants, ainsi que la déclaration commune, laissent grande ouverte les portes à tous ceux qui veulent participer voire appeler. De son c té, Bruno Julliard a précisé que le collectif des organisations de jeunesses se réunit ce soir et qu’il lui revient d’organiser la mobilisation, particulièrement dans les lycées et universités. Car, il va de soi pour l’ensemble des syndicats que « la clé, c’est la mobilisation des jeunes », comme l’a expliqué Jean Grosset, pour l’UNSA.
En outre, les syndicats semblent être d’accord sur la perspective de se retrouver, ce qui laisse augurer d’une possible montée en tension unitaire et, de ce fait, d’un avis de gros orage sur le gouvernement.