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Ken Loach dénonce l’esclavagisme moderne
Publie le mercredi 2 janvier 2008 par Open-Publishing4 commentaires

À 71 ans, le réalisateur britannique livre une charge implacable contre les excès du libéralisme.
Ken Loach, Palme d’or 2006 pour Le vent se lève, est un homme engagé. Le réalisateur britannique n’a jamais désarmé en plus de quarante ans de cinéma, dénonçant sans relâche les inégalités et les violences sociales. À 71 ans, il repart au combat avec It’s a Free World ! où il pourfend le libéralisme britannique et ses excès : exploitation des travailleurs immigrés, esclavagisme moderne, mutation du monde du travail…
Pour donner poids à son propos, le réalisateur filme Angie (Kierston Wareing) qui, après avoir été licenciée, décide de créer avec Rose (Juliet Ellis) sa colocataire, une société d’intérim. Issue de la classe moyenne, cette trentenaire, mère célibataire, est prête à tout pour gagner plus, exploitant sans état d’âme les ouvriers le plus souvent clandestins venus d’Europe de l’Est. « Angie est un produit de la contre-révolution Thatcher, explique le cinéaste. L’objectif, c’est la compétition, sans pitié. Il fallait amener le spectateur dans la logique d’Angie afin de montrer l’horrible de sa démarche. Pour moi, le capitalisme est amoral, il se fonde sur l’exploitation, sur le profit à n’importe quel prix. »
Ken Loach, qui adopte en général le point de vue de la classe ouvrière, se focalise ici sur celui de l’exploiteur. « Nous avons engendré des monstres », affirme-t-il. Le cinéaste avait déjà abordé ces thèmes dans The Flickering Flame, un documentaire sur les dockers de Liverpool dans les années 1990. « J’évoquais déjà la disparition de la sécurité de l’emploi, la recrudescence de ces agences de travail temporaire. Les contrats à durée déterminée, les missions journalières, tout cela mène à la précarité. Aucun parti ne s’y oppose. Le New Labour comme les tories ou les libéraux sont tous d’accord. C’est indigne et inhumain », raconte Ken Loach. Et de dénoncer l’hypocrisie du système économique :« Pour certains, l’économie ne pourrait pas survivre sans la main-d’œuvre à bas salaire, sans les clandestins. Et puis il y a ceux qui veulent les expulser pour le bien du pays. »
« Un film est un acte politique »
Le réalisateur collabore depuis une dizaine d’années avec le scénariste Paul Laverty. Ensemble, à la manière de journalistes, ils ont enquêté. Leur travail d’investigation donne au film son réalisme implacable. « Nous avons rencontré de nombreux travailleurs polonais, kosovars, serbes, ukrainiens, iraniens… Nous nous sommes rendus dans une ferme où travaillaient cinquante Lituaniennes. Elles vivaient à sept dans une même chambre payée 50 livres par semaine. J’ai demandé à l’agence de recrutement pourquoi ils n’engageaient pas des gens du coin. On m’a répondu:personne ne veut de ce boulot, dormir dans un dortoir et être sous-payé ! »
D’où lui vient cette conscience politique qui ne l’a jamais quitté ? « Dans les années 1960, le groupe de producteurs et de cinéastes avec lequel je travaillais était très politisé. L’époque était à la politique. C’est à ce moment-là que j’ai commencé à lire, à m’intéresser à la façon dont tournait le monde. » Un militantisme qui n’était pas dans la tradition familiale. « Je viens du milieu ouvrier, nous n’étions pas pauvres. Nous menions une vie ordinaire. » Il soutient aujourd’hui Respect, le mouvement politique né de la coalition contre la guerre en Irak. « Nous n’avons qu’un membre au Parlement représentant toute la classe ouvrière. Le Labour Party a glissé si fort à droite qu’il y a un véritable vide. C’est un grave problème pour la démocratie. »
Cet éternel contestataire considère-t-il un film comme un acte politique ? « Absolument, mais cela ne veut pas dire aller sur les barricades, lever le poing ou faire de la propagande. C’est plus complexe. Un film doit à la fois distraire et provoquer. »
Messages
1. Ken Loach dénonce l’esclavagisme moderne, 2 janvier 2008, 13:36
C’est un très bon cinéaste, il mérite le respect. Skapad
2. Ken Loach dénonce l’esclavagisme moderne, 2 janvier 2008, 13:59
Contrairement à nombre d’anciens soixante-huitards, Ken Loach n’a rien trahi de son idéal de justice et d’égalité sociale. Ce qui ne l’a pas empêché d’être reconnu par ses pairs et un public fidèle.
Dans le même temps, les rénégats français, improductifs dans leur domaine de prédilection ont appauvri culturellement notre pays. BHL, Glusckmann, Finkielkraut, goupil, tous néo-con, ont approuvé la guerre d’agression déclenchée contre l’Irak, rallié Sarko quant ils n’ont pas fait leurs un certain nombres d’idées de Jean Marie Lepen dans ce qu’elles ont de plus abjectes (interview de Finkielkraut au journal HAAREZT). Ces intellocrates sont utilisés par les médias depuis l’arrivée de VGE en 1974. La première grande opération intitulée "Nouveaux philosophes" développait l’idée que les lumières et les philosophes allemands du 19ème siècle étaient responsables des totalitarismes de droite et de gauche, des camps de concentrations et de l’extermination de masse des juifs. Il faut dire que ces pseudo-intellectuels avaient en partie plagié le très contestable "Homme révolté" d’Albert Camus. Ils avaient, pourtant, un passé de militant communiste, maoïste pour certains et trotskystes pour d’autres. Glusckmann fut communiste, puis militant maoïste au sein de la Gauche Prolétarienne, organisation dont la violence et le sectarisme n’avaient pas de précédent en France. Qu’on en juge par les campagnes lancées en 1970 : "Pas de vacances pour les riches", vole des titres de transports et redistribution du butin aux ouvriers, attaque de la célèbre épicerie de luxe Fauchon avec pour objectif de livrer le fruit de cette rapine aux pauvres. Le journal de cette organisation appelait à la guérilla urbaine, à la constitution de tribunaux du peuple notamment pour juger un notaire à Bruay en Artois accusé à tort d’avoir violé et assassiné une jeune ouvrière. A la tête de journal un dénommé Benny Lévy alias Victor Serge devenu Rabin et exilé en Israel (les voix du seigneur sont impénétrables). et un futur journaliste carpette des grands de ce monde Serge July. Alain Geismar, leader de mai 1968, fut emprisonné, jugé et condamné à 18 mois de prison.
Puis faisant amende honorable, il adhéra au PS en 1981 et obtint quelques strapontins dans des ministères. Le prix était, certes, plus élevé que les 30 deniers de Judas et avait l’avantage de n’avoir pas à faire le choix courageux et douloureux de l’apôtre renégat : se pendre.
1. Ken Loach dénonce l’esclavagisme moderne, 2 janvier 2008, 14:20
Lucide analyse, j’en perçois aussi ces mèmes dérives droitières. Un effet Ipervers de cette mondialisation, un rétro effet de recentrage néoconservateur, en quelque sorte. Skapad.
3. Ken Loach dénonce l’esclavagisme moderne, 2 janvier 2008, 16:03
Lundi 2 janvier à 18H15 sur France Inter : rencontre Ken Loach Olivier Besancenot (que le cinéaste avait soutenu lors des dernières élections).
Chico