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L’AFP est-elle complice du régime turc ?

par Maxime Azadi

Publie le mardi 20 mars 2012 par Maxime Azadi - Open-Publishing

Quand des centaines de milliers de personnes célèbrent le Newroz au Kurdistan de Turquie, l’AFP parle de 40 000 personnes et lorsqu’un responsable du parti kurde se fait tuer ou des députés kurdes se font tabasser par la police, l’agence française parle de bras cassé d’un policier. Les médias ont révélé récemment qu’un reporter travaillait comme informateur pour les services secrets turcs. On apprend ensuite qu’il s’agit d’un photographe de l’AFP.

Les images montrent l’immensité incontestable de la foule qui a brisé le 18 mars à Diyarbakir l’interdiction des autorités et les barricades de la police, pour célébrer la fête de Newroz. Un million de personnes ont participé à cette célébration, selon les organisateurs.

A Istanbul, les autorités ont interdit tout rassemblement pour le Newroz, ce qui a conduit les dizaines de milliers de personnes à résister contre la violence policière. Un responsable du parti kurde BDP est décédé, subissant aux gaz lacrymogènes utilisés intensivement. Plusieurs autres manifestants ont été blessés dont une députée kurde, tandis qu’au moins 135 personnes ont été arrêtées, selon la police istanbuliote.

Pendant ce temps, les médias turcs sous contrôle du gouvernement n’ont parlé que d’affrontements, accusant les manifestants, alors qu’il s’agissait d’une provocation ouverte du gouvernement AKP, parti au pouvoir depuis 2002.

Les medias occidentaux étaient dans son ensemble absents, comme toujours, suivant la politique extérieur de leurs pays. L’AFP a agit comme porte-parole de l’Agence Anatolie qui est un instrument de la propagande du gouvernement. Etre menteur est une chose, mais être menteur des menteurs est vraiment odieux.

Pour cette agence française, une foule de quelque 40 000 personnes s’est rassemblée pour célébrer le Newroz, alors qu’elle n’hésite pas à exagérer ou manipuler tout ce qui se passe dans les pays visés par les puissants.

Pendant qu’un responsable de parti kurde se faisait tuer lors des célébrations interdites à Istanbul, l’AFP affirmait qu’un policier a eu un bras cassé et une personne âgée a été blessée à la tête par des jets de pierre.

Il n’était surement pas la première personne tuée par les tirs des forces de l’ordre, mais comme l’attitude des médias mainstream, le silence de l’Occident non plus n’a pas été surprenant. Le 28 décembre, 34 civils kurdes en majorité des enfants ont été massacrés par les bombardements turcs contre un village à Sirnak. Les gouvernements des pays européens n’ont pas dit un mot.

DÉPUTÉS TABASSES, LA POLICE OUVRE LE FEU, LES MÉDIAS ABSENTS

Le 20 mars, des centaines de milliers de kurdes sont descendus dans les rues d’une soixantaine de villes, des centaines de personnes ont été arrêtées et des centaines d’autres ont été blessées dont deux députés BDP. Blessé sous les coups des forces de l’ordre à Batman, le député Ahmet Turk a été hospitalisé. L’autre député BDP Ertugrul Kurkcu a été tabassé à Mersin. La police a ouvert le feu sur les locaux du parti kurde et les manifestants à Cizre, mais les médias étaient toujours absents.

ACTIVITÉS D’ESPIONNAGE D’UN PHOTOGRAPHE DE L’AFP !

Revenons à l’AFP, sans rappeler l’éthique journalistique ou les valeurs humaines, des informations récemment révélées éveillent de sérieux doutes sur le travail de cette agence en Turquie.

Suite à la guerre du pouvoir entre le premier ministre Recep Tayyip Erdogan et son allié fort, la Confrérie de Fethullah Gulen, sur fond de crise éclaté récemment entre la police et les services secrets (MIT), les médias pro-Gulen ont révélé début mars l’enregistrement des interrogatoires de 49 journalistes arrêtés en décembre 2011. Parmi eux, un est accusé d’être un informateur des services secrets turcs. Il aurait été payé pour repérer les dirigeants du PKK à Qandil, une région montagneuse sous contrôle de l’organisation kurde. Selon les médias turcs, ce journaliste aurait dit sous l’interrogation qu’il est un informateur du MIT, et qu’il aurait admit ses contacts avec l’agence de presse kurdes Firat pour cette fin. Il aurait également espionné les activités de l’agence kurde basée à Amsterdam, à travers des relations journalistiques.

Les interviews réalisées entre les années 2007 et 2009 avec le dirigeant du PKK Murat Karayilan faisaient partie de ces activités d’espionnage, selon les médias. En 2010, il a rencontré un journaliste kurde à Francfort en compagnie de deux autres agents de MIT, mais le journaliste kurde n’était toujours pas au courant de cet espionnage. Les services secrets auraient obtenu une liste de 500 noms, affirment les médias turcs.

Il s’agit d’un photographe de l’AFP, a-t-on appris auprès de l’agence de presse kurde Firat. Mais nous gardons pour nous le nom de ce « journaliste », en attendant de l’AFP des explications sur le travail de son service turc. (http://www.actukurde.fr/)