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L’Histoire de James Miller (8 videos)
Publie le lundi 26 janvier 2009 par Open-Publishing1 commentaire

James Miller - peut-être le meilleur réalisateur films documentaires de sa génération - a été abattu le 2 mai 2003 alors qu’il éclairait de sa torche un drapeau blanc en criant "Nous sommes des journalistes britanniques" et en s’approchant, avec deux de ses collègues, d’un véhicule blindé israélien .
Deux ans après, le gouvernement israélien a annoncé que l’officier qui a abattu James serait accusé d’un délit mineur pour n’avoir pas respecté les règles du combat, une décision ressentie comme un "outrage" par la veuve du journaliste, Sophie. James était à Rafah, l’endroit peut-être le plus dangereux de la bande de Gaza, depuis plus de deux semaines, et se trouvait une bonne partie de ce temps dans une maison que les Forces israéliennes de défense (IDF) appellent "la maison des journalistes". Au cours de la dernière nuit du tournage, il y avait eu des tirs, principalement ou exclusivement en provenance de compagnies blindées israéliennes, contre des cibles palestiniennes.
S’en suivit une période de calme puis les troupes des compagnies blindées se sont adressées à James et à son reporter, Saira Shah. (tous les deux avaient fait des films en Afghanistan qui eurent un succès surprenant, et obtenu plusieurs récompenses) La caméra de James a enregistré que les soldats israéliens les appelaient, non en hébreu mais en arabe. On pense qu’ils étaient de l’unité bédouine de patrouille du désert, des mercenaires arabes qui combattent pour l’argent que leur donnent les israéliens. Les Bédouins ne sont pas des réservistes israéliens nerveux mais des volontaires endurcis à la bataille qui servent à Rafah durant de longues périodes.
Ils leur ont demandé en arabe : "Voulez-vous être comme Fairuz ?" (une chanteuse libanaise) et "Voulez-vous porter du parfum ?" (une rengaine tirée d’un sitcom égyptien). Saira Shah pensait qu’ils étaient un peu trop directs comme s’ils étaient sous l’effet de la drogue ou de l’alcool. Il y avait deux caméramans qui enregistraient la scène, celui de James et celui d’un correspondant palestinien travaillant pour l’Associated Press TV News (APTN).
Deux transports de troupe qui patrouillaient dans le coin coupèrent leur moteur et éteignirent leurs phares. C’est un vieux truc de soldat : pour voir dans le noir vous éteignez vos phares et votre vision nocturne augmente formidablement. On peut voir. Les autres ne peuvent pas vous voir. Bien plus, grâce à l’aide militaire américaine, l’IDF a l’un des meilleurs équipements au monde en vision nocturne. Les véhicules blindés à Rafah portent couramment deux fusils équipés de systèmes nocturnes Aquila, qui utilisent la lumière disponible et en quadruplent la puissance. James et son équipe étaient assis dans une véranda bien éclairée. Les soldats pouvaient très bien les voir en vision nocturne, et ils étaient très bien éclairés à travers leurs équipements de vision de nuit.
Le rapport de terrain de l’IDF concernant la mort de James reste confidentiel, mais nous avons eu sous les yeux une « fuite ». Et qui établit clairement que, après quelques tirs, la nuit semblait calme. James avait filmé dans l’espoir d’enregistrer le dynamitage israélien d’une des maisons abandonnées sur "le chemin de la mort", mais on avait l’impression que l’IDF avait terminé sa mission pour la nuit. L’équipe décida de quitter la maison d’où ils avaient filmé et de retourner (pour plus de sûreté) dans leur appartement du centre de Rafah. C’était leur dernier jour de tournage.
Ils ont décidé de se montrer ouverts et francs. D’approcher un militaire directement et de lui demander de leur assurer un passage sécurisé. James, Saira et leur guide local, Aboud, se dirigèrent directement vers leur véhicule, en parlant en anglais et en arabe. Saira tenait un passeport anglais, Aboud un drapeau blanc que James éclairait de sa torche. Depuis la véranda le cameraman de l’APTN filmait la scène. Sur l’enregistrement on entend clairement que la nuit est terriblement calme. Aucun bruit de tirs. Sinon, l’équipe n’aurait pas pris de risque.
Ils s’éloignèrent d’environ une vingtaine de mètres de la véranda quand le premier tir éclata. L’équipe se paralysa. Pendant treize secondes, seul le cri de Saira déchira le silence « Nous sommes des journalistes anglais ». Vint alors le second tir, qui tua James. Il a été visé en plein cou. La balle était de provenance israélienne et tirée selon un expert médico-légal à moins de 200 mètres de distance. Juste après le tir, l’IDF a déclaré que James avait été touché dans le dos, pris dans un accrochage. Plus tard elle a démenti ce qui avait été dit à propos de la partie du corps qui avait été touchée, mais jusqu’à aujourd’hui elle a maintenu qu’il avait été touché au cours d’un accrochage. Il n’y a pas trace d’accrochage sur l’enregistrement de l’APTN.
Deux ans après, l’IDF a annoncé que l’officier israélien, dont le nom n’a pas été révélé, avait tué James parce qu’il avait aperçu un terroriste armé d’une kalachnikov une heure et demi auparavant. L’officier a également reconnu que tout avait été calme pendant la demi-heure ayant précédé le tir. Il a déclaré ne pas avoir vu James, pour que l’assassinat passe pour un accident. Sophie Miller a annoncé que sa famille avait l’intention d’intenter une action en dommages et intérêts contre l’armée israélienne et de demander une révision judiciaire de la décision de ne pas poursuivre le soldat pour meurtre. "Faire attendre les gens pendant deux ans pour ne rien leur apporter est un outrage", a-t-elle déclaré.
"Ils ont présenté la chose comme s’ils n’avaient reculé devant rien pour établir la vérité, comme s’ils avaient remué ciel et terre, mais par ailleurs ils n’ont même pas réussi à protéger les preuves la nuit où James a été tué." La famille de Miller parle de meurtre et accuse l’armée d’avoir ignoré, détruit ou saboté les preuves de l’assassinat.
Les soldats du blindé ont été invités à remettre leurs armes pour inspection 11 semaines seulement après l’assassinat, et il y aurait des preuvees que les armes auraient été échangées. L’IDF a fait savoir que le soldat concerné ne ferait pas l’objet d’accusations plus graves faute de preuves balistiques suffisantes. Sophie Miller a réagi à cela : "La nuit où il est mort, il y avait toute une unité militaire qui savait qui l’a tué. S’ils avaient vraiment voulu connaître la vérité, ils auraient confisqué les armes ce soir-là et pas un mois plus tard."
"Alors à présent, quand ils disent ne pas pouvoir poursuivre le soldat parce que les preuves balistiques ne concordent pas, quelles conclusions pouvez-vous en tirer ?”
La famille Miller a rencontré l’avocat général, le brigadier Avichai Mandelblit, à Tel Aviv. Ce dernier a admis que le récit du lieutenant était incohérent et que les soldats savaient que des journalistes étaient présents quand le tir a eu lieu. Mais le Général Mandelblit a ajouté que l’armée était prête à prendre des sanctions disciplinaires contre le lieutenant uniquement pour avoir enfreint les règles du combat et "pour sa conduite durant l’investigation", ce qui pourrait signifier qu’il a menti aux enquêteurs.
Sophie Miller a dit que les enquêteurs de l’armée semblaient soupçonner fortement le lieutenant d’avoir tué illégalement son mari. "Il y a encore des procureurs qui soupçonnent et continuent de soupçonner un commandant mais qui prendront uniquement des mesures disciplinaires en raison des irrégularités qui ont entaché la procédure d’investigation initiale", a-t-elle ajouté.
Une équipe de la BBC enquêtant sur la mort de James a montré le film de l’APTN sur son assassinat à un soldat israélien d’active. Il a remarqué que l’équipe de la télévision ne ressemblait pas à des terroristes islamiques et à conclu « C’est un meurtre ».
http://www.emarrakech.info/L-Histoire-de-James-Miller_a3663.html
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Messages
1. L’Histoire de James Miller (8 videos), 27 janvier 2009, 10:24, par emelyne
Cette histoire rappelle celle de Rachel Corie, une militante nord americaine. Esperons que ces enfants palestiniens, et aussi les enfants israeliens, trouveront bientot la normalite d’une societe sans guerre. Sinon cela risque de mal tourner.