Accueil > L’Internationale des riches (Le Monde Diplomatique)
L’Internationale des riches (Le Monde Diplomatique)
Publie le dimanche 18 mai 2008 par Open-Publishing1 commentaire
Manière de voir — 99 / Juin-juillet 2008
Numéro coordonné par Martine Bulard et Pierre Rimbert En kiosques le 17 mai 2008
A quoi servent-ils ?
Pierre Rimbert
I. Le petit monde des grandes fortunes
Une croissance à faire rêver les gouvernements : 8,3 %. Le chiffre mesure l’augmentation du nombre de millionnaires en dollars au cours de l’année 2006. Les milliardaires ne sont pas en reste : le magazine Forbes en recensait 209 en 1998 ; il en compte 1 125 dix ans plus tard. Plus nombreux et plus fortunés, les très riches peinent à se distinguer malgré leurs dépenses extravagantes. Hier, ils vivaient cachés ; aujourd’hui, ils se montrent à la « une » des magazines. Assez pour faire rêver, pas trop pour éviter des réactions du bon peuple.

Illustration grinçante de la thèse selon laquelle la mondialisation ne profite pas qu’aux Occidentaux, le club des grandes fortunes accueille de nouvelles têtes. Triomphe de la « diversité » : quatre des huit personnalités les plus riches de la planète sont indiennes ; et des nababs russes, turcs, polonais et brésiliens font encorbellement à un palmarès toujours dominé par les Américains. Suivant l’évolution du capitalisme, les « barons voleurs » de la finance, des médias, de l’immobilier et des nouvelles technologies ont supplanté les rois du pétrole et les capitaines d’industrie. Même les monarques du Golfe entreprennent une reconversion dans l’économie des loisirs.
Si l’internationalisation des échanges renforce le pouvoir de l’élite mondialisée, l’arbre de la « superclasse » dissimule le buisson des nantis qui prospèrent à l’ombre des nations. Et qui, dans chaque pays, cumulent hauts revenus, patrimoine, diplômes prestigieux et relations sociales : les vieilles oligarchies s’accommodent fort bien des nouvelles.
II. La fabrique des milliardaires
Lorsqu’il évoque le sort du riche en 1848, Adophe Thiers s’attendrit : « Il n’a pas froid, il n’a pas faim, c’est vrai. Il est repu, soit. Mais voyez son front soucieux. » Tout l’accable, en effet : la fortune, il faut l’entretenir, l’accroître et la transmettre. Elle se reproduit dans les grandes écoles, où les « sang bleu » présélectionnés tissent leur toile de relations utiles et marquent un destin souvent tracé d’avance au poinçon du mérite scolaire.
Elle croît grâce à l’Etat, quand la puissance publique solde ses avoirs au privé, déréglemente la finance et se laisse bousculer par les baronnies capitalistes qu’elle a contribué à engendrer. Elle prospère enfin quand droite et gauche s’accordent pour laisser aux forces du marché le soin d’organiser la répartition des richesses. Dans nombre de pays occidentaux, la part des salaires dans le produit national s’est effondrée depuis la fin des années 1970. Simultanément, la tranche supérieure d’imposition sur les revenus était divisée par deux, parfois par trois.
Pour que le « bouclier fiscal » remplace sans anicroche la protection sociale au rang des priorités gouvernementales, il aura fallu le succès d’un travail de sape intellectuelle visant à justifier l’envers des grandes fortunes : les inégalités.
III. La planète comme casino
Ils édifient des musées, signent des chèques aux artistes maudits, vaccinent les enfants africains, secourent la veuve et câlinent l’orphelin : qui douterait de l’utilité sociale des riches ? La pichenette philanthropique n’est pas de trop pour légitimer leur mainmise sur les affaires du monde. Et justifier un rapport de forces qui, depuis trois décennies, penche toujours plus lourdement en faveur des détenteurs du capital.
Ce sont eux qui imposent bas salaires et chômage, générateurs de mal-vivre et de division des populations entre elles. Ce sont eux qui décident d’investir ici, de restructurer là, de spéculer sur le prix du blé quand la Bourse rapporte moins – sans trop se soucier des salariés et des ventres creux. Ce sont eux qui accaparent les centres-villes dont ils chassent les habitants non solvables. Ce sont eux qui promeuvent un mode de consommation préjudiciable à l’environnement. Sans parler de leur intervention dans les affaires publiques, singulièrement lors des campagnes électorales.
Quand les populations résistent, les gouvernements sont contraints de limiter ces appétits. Des lois peuvent plafonner le financement privé des forces politiques, interdire la sélection des candidats par l’épaisseur du compte en banque. Mais la bataille est incessante : dès qu’ils en ont l’occasion, les riches reprennent le pouvoir qu’ils ont dû concéder.
http://internationalnews.over-blog.com/article-19658197.html
Messages
1. L’Internationale des riches (Le Monde Diplomatique), 18 mai 2008, 22:32
Mais la bataille est incessante : dès qu’ils en ont l’occasion, les riches reprennent le pouvoir qu’ils ont dû concéder.
Sans vouloir trop polémiquer je ne pense pas que le problème qui détruit la Planète et ses habitants, ainsi que la catastrophe humanitaire capitaliste néolibérale, soit une simple question de "riches ou de pas riches".
Le vrai problème c’est que l’accumulation de Capital chez une certaine élite oligarchique a "bouclé" le processus en transformant qualitativement l’accumulation critique de son Capital propre en pouvoir absolu.
Contrairement à ce qui est régulièrement affirmé, ce ne sont plus la richesse matérielle ou monétaire qui caractérisent la classe oligarchique supérieure. ni une quelqconque origine ethnique ou nationale, (Même si les Anglo-Saxons ont une certaine avance sur le sujet).
Celle-ci n’a plus besoin de "richesse" au sens ou nous tous l’entendont. En fait son pouvoir absolu fait qu’elle possède par ce pouvoir TOUTE la richesse du Monde. La "sienne", qu’elle a volée, plus celle des autres ; y compris des autres "riches". Et quelle peut s’approprier à volonté, sans opposition conséquente.
Et elle transmet ce pouvoir systématiquement dans le cercle restreint des alliés et parents.
Il y a une certaine équivalence entre ce type de pouvoir oligarchique et la féodalité de droit divin, les "Lois de Dieu" étant remplacé par les "Lois d’airain de la propriété privée".
Paradoxalement, ces quelques familles ne font que rarement la "une" des presses "people". Elles préfèrent largement la quiétude de l’Anonymat, du moins vis à vis du commun des mortels.
Ce qu’il y a de curieux, et certes d’anormal, c’est que ces personnes et leur entourage figurent toutes dans le "Who’s Who" du Gotha mondial mais quelles sont rarement citées, sinon pour magnifier quelques sponsorings plus ou moins humanitaires ou quelque mariage hors du commun.
Ce sont eux qui mènent toutes les guerres impériales et impérialistes par Bush, et Consorts interposés depuis deux siècles, ou les guerres politiques et économiques avec les "Groupes de réflexion" style "Council of Foreign Relations" ou "Groupe de Bilderberg".
Et même la Famille Bush, pourtant semblant très proche de ce Gotha n’y est pas tout-à-fait intégrée car son émergence au sein de celui-ci ne date "que" de trois générations. La première étant celle de Prescott Bush qui était le porte-coton financier des Harriman, une des plus puissante famille de banquiers de Wall-Street. Les autres peuvent revendiquer des "quartiers" bien plus anciens comme la Famille Royale d’Angleterre, la Famille Royale des Pays-Bas, les Davignon ou les descendants des "fondateurs" WASP des Etats-Unis d’Amérique. Harper, Dresser, Rockfeller, Harriman, Melonn, Roosevelt, etc...
Cela n’est pas comme certains le disent pour "gagner" beaucoup d’argent qu’ils "capitalisent, mais bien pour en soustraire le plus possible aux autres concurrents potentiels afin que, quelle que soit leur "richesse", elle ne puisse atteindre le seuil critique du changement qualitatif en un pouvoir concurrent du leur . Et lorsqu’ils n’en ont pas besoin, ce qui est le cas général, ils détruisesnt cette valeur, par des guerres, des krachs, etc... afin qu’elle n’aille nulle part les concurrencer.
Il est donc "normal" que ces groupes aient une organisation internationale, (Ou plusieurs), qui leur permette de "gèrer" la situation afin que celle-ci reste perenne. Et dans un Monde clos comme l’est la Planète aujourd’hui c’est encore plus d’actualité.
Entre parenthèse, c’est la règle même chez toutes les structures vivantes, (Et les structures sociales le sont virtuellement), de se défendre soit en empêchant les structures concurrentes de vivre en concurrence, soit en les phagocytant. Et pour ces gens TOUT ce qui n’est pas eux, c’est-à-dire 95% des habitants de la Planète, sont des concurrents mortels.
Ce qui signifie que leur demander même un soupçon de compassion ne peut-être qu’une hérésie. Et vouloir les "amender" eux et leur système, encore plus.
Par contre dans la nature TOUTES les formes de vie ont des systèmes de défense communs. Au XXème siècle le Prolétariat avait enfin réussi à en créer une amorce avec les Internationales communistes.
Serait peut-être temps pour lui d’y réfléchir à nouveau pour le XXIème.
G.L.