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de Michel TUBIANA Président d’honneur de la LDH
La France est-elle en guerre contre une partie de sa population ? La question vaut d’être posée tant le discours du gouvernement présente tous les stigmates d’une situation de guerre. Le gouvernement ment lorsqu’il présente la proclamation de l’état d’urgence comme autorisant seulement un couvre-feu. En fait, la loi du 3 avril 1955 autorise, en sus, des interdictions de séjour, des assignations à résidence pour "toute personne [...] dont l’activité s’avère dangereuse pour la sécurité et l’ordre publics", la fermeture des "lieux de réunion de toute nature" et l’interdiction des "réunions de nature à provoquer ou à entretenir le désordre".
Il peut, en outre, faire "prendre toutes mesures pour assurer le contrôle de la presse et des publications de toute nature", et donner compétence aux juridictions militaires en concurrence avec les juges ordinaires. Le gouvernement a même autorisé, ce qu’il n’était pas obligé de faire, des perquisitions de nuit. Et il n’y a aucune raison de penser que ce gouvernement n’use pas de ces pouvoirs face à la "racaille" ou d’autres.
La question n’est pas de savoir si l’on peut accepter les violences qui se commettent dans certains quartiers de nos villes. Elles sont insupportables non seulement parce qu’elles atteignent les plus pauvres d’entre nous mais aussi parce qu’elles ne débouchent sur rien. Les Hommes, dans la liberté qui les définit, ne peuvent oublier que leurs créances inaliénables sur la collectivité s’accompagnent toujours de leur propre responsabilité. Mais, prétendre commander l’ordre et la sécurité à ceux que l’on plonge dans le désordre d’une vie sans avenir, c’était s’exposer à la pire des révoltes, celle de ceux qui n’ont rien à perdre et donc rien à construire. Qu’y-a-t-il de plus insupportable que ce cynisme des nantis qui transforme le civisme en gardien de leurs privilèges ? C’est ce que fait ce gouvernement, c’est ce qu’ont fait nos gouvernements depuis des décennies, ce sont les conséquences de ces politiques que nous récoltons aujourd’hui.
Loin de reconnaître ces erreurs, le gouvernement assène son mépris. Recourir à un texte provenant de la guerre d’Algérie à l’égard de populations souvent issues de l’immigration, c’est dire un peu plus qu’elles ne sont toujours pas françaises. Faire de l’apprentissage le déversoir de l’échec scolaire, c’est ravaler le travail au rang d’une malédiction. User de la symbolique de l’état d’urgence, c’est réduire ces jeunes au rang d’ennemis intérieurs. Comment ne pas dire que ce gouvernement travestit la République sous l’habit du gendarme et la prive de toute fraternité ? Comment ne pas constater que les discours impuissants de ceux qui aspirent à exercer, à leur tour, le pouvoir font penser que, paraphrasant le fabuliste, s’ils ne mourront pas tous de ce mal, ils en sont tous frappés ?
C’est d’une autre politique dont nous avons besoin. Elle passe par une véritable mobilisation de toutes les forces qui rejettent les discours d’élimination du gouvernement et notamment du ministre de l’Intérieur. C’est une véritable campagne pour le respect, pour l’égalité et pour les droits civiques qu’il faut aujourd’hui engager afin que les actes des gouvernants cessent de contredire la devise de la République. C’est notre responsabilité collective de créer un projet qui offre un avenir à tous. À défaut, nous accepterons définitivement de passer par pertes et profits quelques millions de personnes. Est-ce cela que nous voulons ?
http://www.ldh-france.org/actu_derniereheure.cfm?idactu=1147
Messages
1. > L’URGENCE DE LA FRATERNITÉ, 13 novembre 2005, 04:17
LE CALME : Cruel mensonge d’un paradis artificiellement construit. (de Marielle)
Tout le monde préssentait que ce calme imposé, finirait par péter un jour....
La force tranquille ne semblerait pas être le cheval d’arçon du gouvernement en ce moment.
Ferme et fébrile... Problêmes de contispation passagère ? Longue vie à votre auto !
DARGOON.
2. > L’URGENCE DE LA FRATERNITÉ, 13 novembre 2005, 08:58
ce ne sont pas des "erreurs" commises par ce Gouvernement !
mais une politique délibérée, froidement calculée d’augmentation de la pauvreté et du rejet des plus pauvres : la devise "GAGNER TOUJOURS PLUS ET LE PLUS RAPIDEMENT POSSIBLE DU FRIC"
et ces politiques semant la discorde et la division permet au Capitalisme de s’infiltrer dans tous les domaines, de la naissance à la mort, de pomper sans cesse le fric partout, hier nous avions besoin d’immigrés pour construire nos maisons...italiens, portugais...aujourd’hui rejeté, demain nous manquons de médecin d’infirmières pompons dans les pays du tiers monde pour moins les payés et laissés des pans entier du monde s’appauvrir notamment l’Afrique.
Organisons les guerres, profitons en pour mettre tout le monde sous surveillance : pour moi nous sommes loin, très loin, d’un "problème" de banlieues, il faut lever la tête du guidon et élargir ces épiphénomènes à une observation globale.
pourquoi les larbins habituels dans les émissions dites d’informations ? pourquoi presque jamais la LDH, le Mouvement de la Paix ou le MRAP ?
Ce n’est pas qu’une mauvaise volonté de journaliste "accrédité" à la propagande officielle, laisser entrevoir une once de possibles visions différentes : c’est déjà considéré comme "révolutionnaire" anti-fric.
Nous ne dénoncerons jamais assez un des effets de la mondialisation comme ils disent, le rapprochement des "Politiques" en place, les Maffias, les banques, les trafics en tout genre.
Courage à la LDH ! ce ne sont que les petits cailloux dans les chaussures multipliés qui les empécheront de marcher aussi vite qu’ils voudraient....peut être un jour les Hommes décideront de changer de godasses ?
ARLEQUIN
1. > L’URGENCE DE LA FRATERNITÉ, 13 novembre 2005, 12:24
pour étayer mon propos les informations ci-dessous :
ANNULATION MASSIVE DE CREDITS :
C’est un décret…très discret…émanant du ministère des Finances : numéro 2005-1362 daté du 3 novembre, semaine en pleine ébullition urbaine.
Pour le moins duplicité !
Pendant que les voitures brûlent, Thierry Breton et Jean-François Copé ont procédé, en catimini, à l’annulation massive de crédits à destination de la politique de la ville et de l’insertion par l’emploi :
– dispositif d’insertion des publics en difficultés MOINS de 136 millions d’euros,
– Agence Nationale pour l’emploi MOINS 41 millions d’euros,
– Intervention en faveur de la ville MOINS 24 millions d’euros,
– Réduction des moyens de fonctionnement des services en charge de la politique de la ville MOINS 1,5 millions d’euros…
Le jeu de massacre continue avec le budget du logement :
Ce sont 72 millions d’euros qui partent en fumée, dont 55 pour la construction et l’amélioration de l’habitat et 10 pour la contribution de l’Etat au FGAS.
Quand à l’APL (aides personnelles au logement) les calculs sont en cours pour les réduire encore de 200 millions d’euros.
Cela confirme, si besoin était, qu’il s’agit bien d’une VOLONTE POLITIQUE de laisser la pauvreté se développer, nous assistons à des dérives vichyssoises de Sarkozy et des siens et les « propos » sont calculés pour ratisser les marigots.
3. > L’URGENCE DE LA FRATERNITÉ, 13 novembre 2005, 11:35
Une partie de lapopulation française est bien en guerre contre une autre partie de la population. Ca s’appelle la lutte de classe et ça existe dans le monde entier. Les violences existent depuis longtemps. Elles ne viennent pas de comencer et ne se limitent pas aux banlieues. Elles s’appellent casse des services publics, exploitation, dégradation des conditions de travail et de vie, précarité, chômage et misère, répression et controle policiers, racisme, sexisme, absence de pespéctive...
Fred
4. > L’URGENCE DE LA FRATERNITÉ, 13 novembre 2005, 14:07
mais pourtant Balkany nous le dit (plus exactement à des journalistes américains) : il n’y a pas de misère en France !!! voir la vidéo de l’interview sur : http://bellaciao.org/fr/?page=artic...