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L’US Army et les Médias en Irak

Publie le lundi 26 février 2007 par Open-Publishing
2 commentaires

De "Dissident Voices" le 24 février 2007.

Another US Military Assault on Media

Nouvelle attaque de l’armée américaine contre les médias

Les journalistes irakiens s’indignent de la nouvelle agression de l’armée américaine contre les médias.

Des soldats américains ont attaqué et pillé ce mardi les bureaux du Syndicat des Journalistes Irakiens (ISJ) au centre de Bagdad. Dix gardes armés ont été arrêtés, et dix ordinateurs et quinze petits générateurs électriques, destinés aux familles de journalistes tués, ont été saisis.

Ce n’est pas la première fois que les troupes américaines s’en prennent aux médias en Irak, mais cette fois-ci, c’était une attaque contre le symbole même de la presse. Nombreux sont ceux qui pensent en Irak que l’armée américaine, voulait, ainsi, transmettre aux journalistes irakiens le message de la part de ses dirigeants leur intimant de garder le silence sur les dégâts provoqués par l’occupation dirigée par les Etats-Unis.
"Les Américains nous ont fait parvenir des messages à maintes reprises mais nous n’en avons jamais tenu compte" a expliqué à InterPress (IPS) Youssif al-Tamimi de l’ISJ à Bagdad. Ils ont tué nos collègues, interdit des tas de journaux, arrêté des centaines d’entre nous et maintenant ils nous frappent en plein coeur en s’attaquant à notre siège.

Voilà la liberté d’expression qu’ils nous accordent". Certains journalistes irakiens accusent le gouvernement irakien.

"Quatre ans d’occupation et ces Américains commettent encore les mêmes erreurs stupides en suivant les conseils de leurs collaborateurs irakiens"déclare Ahmad Hassan, journaliste freelance de Basra, de passage à Bagdad. "Ils (les soldats US) n’ont pas encore compris que les journalistes irakiens s’élèveront toujours contre de tels actes et qu’ils ne failliront pas à la promesse qu’ils ont faite au peuple irakien de rechercher la vérité et de la leur transmettre, quel qu’en soit le prix à payer".

En Irak, certains sont de plus en plus persuadés que les alliés des Etats-unis du gouvernement actuel poussent les troupes américaines à s’attaquer aux lieux occupés par ceux qui ne respectent pas les ordres du premier ministre, Nouri al-Maliki.

"Ce sont nos collègues irakiens qui ont poussé les Américains" explique Fadhil Abbas, producteur de télévision irakien. "Certains journalistes ici qui n’ont pas réussi à faire croire ce qu’ils communiquaient s’efforcent de réduire au silence ceux qui recherchent la vérité en donnant de faux renseignements à l’armée américaine afin de profiter de leur stupidité pour se charger seuls de la question irakienne".

Cet incident s’est produit juste deux jours après que le Syndicat Irakien qui défend les journalistes a été reconnu officiellement par le gouvernement. Ce nouveau statut a permis au Syndicat de disposer de son compte en banque, jusqu’alors bloqué, et d’acheter ainsi des ordinateurs neufs et du matériel de transmission par satellite.

Au moment même où le Syndicat reçoit la reconnaissance officielle pour son travail en tant qu’organe indépendant s’adressant aux professionnels, l’armée américaine se livre à une agression violente délibérée" déclare Aidan White, secrétaire général de la Fédération Internationale des Journalistes. "Tous ceux qui travaillent dans les medias et qui n’approuvent pas la politique et les interventions des Américains pourraient bien courir des risques actuellement. Cette agression était une "violation scandaleuse des droits des journalistes" a déclaré White. "Ces trois dernières années plus de 120 journalistes, dont beaucoup étaient membres du Syndicat, ont trouvé la mort, et maintenant le siège de leur syndicat a été saccagé à la suite d’un acte gratuit d’intimidation".

Les Américains et leurs partisans du gouvernement irakien démantèlent les activités sociales et les associations de citoyens afin qu’aucun groupe ne puisse contester leurs crimes et leurs projets." explique Hashim Jawad, avocat de 55 ans, membre du Syndicat des Avocats Irakiens à Bagdad. "La presse, c’est tout ce qui nous reste pour faire souffler un léger vent de démocratie dans ce pays et maintenant c’est elle qui est visée."

La Press Emblem Campaign (PEC), une organisation humanitaire indépendante, dont le siège se trouve à Genève et dont l’objectif est de renforcer la protection juridique et la sécurité des journalistes dans le monde entier, a également fermement condamné cette agression par l’armée américaine.

Reporter sans Frontières, ONG internationale qui défend la liberté de la presse*, fait état d’au moins 148 journalistes et autres employés des médias ayant trouvé la mort en Irak depuis le début de l’invasion conduite par les Etats-Unis en mars 2003.

Cette association publie un rapport annuel sur l’état de la liberté de la presse dans le monde. En 2002, sous le régime de Saddam Hussein, l’Irak se plaçait au 130ième rang, et en 2006, il est descendu au 154ième .

Ce même rapport classait les Etats-Unis au 17ième rang en 2002, et au 56ième en 2006.
Le Brussels Tribunal, comité composé d’intellectuels, d’artistes et d’autres militants contre la guerre, a dressé la liste des 191 professionnels des médias de nationalité irakienne tués en Irak, en indiquant les dates et les circonstances de leur mort.

La PEC et d’autres organismes de contrôle ont demandé au gouvernement irakien l’ouverture immédiate d’une enquête sur cette agression.

"J’aimerais que le gouvernement américain et le nôtre cessent de mentir sur la liberté en Irak" dit Mansoor Salim, journaliste à la retraite "Nous avons été stupides d’avoir cru à leurs déclarations sur la liberté. Moi y compris."

Ali al-Fadhily est correspondant de l’IPS à Baghdad ;
Dahr Jamail, envoyé spécial de l’IPS et spécialiste du Moyen-Orient depuis plusieurs années, couvre la guerre en Irak depuis 8 mois.
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Sans commentaires...

GL.

*Mais on les entend moins sur le sujet que sur le Vénézuela ou Cuba.
Pourtant 148 "morts", assassinés, ça devrait interpeller !!!!!