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L’Ultralibéralisme une (R)évolution du capitalisme

Publie le samedi 26 mai 2007 par Open-Publishing
5 commentaires

Il est incontestable que le modèle marxiste classique du capitalisme :

 la classe ouvrière constitue la catégorie majeure des exploités,

 la clé de la politique capitaliste se trouve dans la maximalisation du taux de profit,

 les marchandises se vendent à leur valeur, surtout dans un contexte concurrentiel,

 évolution MAM, puis AMA ... (A comme argent M comme Marchandise )

 ......

est aujourd’hui dépassé (Il a tout de même tenu jusqu’aux années 80 !)

Ce qui ne veut pas dire du tout que Marx, et surtout le marxisme, est à classer dans les archives de l’histoire, de l’économie, de la philosophie, de la psychologie même,... ce qui ferait déjà beaucoup pour un seul homme !

Ses théories sur la baisse tendantielle du taux de profit, la paupérisation, son approche philosophique, et psychologique même, sur l’Homme "essence des rapports sociaux", ont été largement vérifiées et le sont encore.

Mais les réalités actuelles exigent une actualisation de la théorie marxiste du capitalisme et de l’exploitation de l’homme par l’homme.

Prenons des choses simples pour le montrer :

 un constructeur automobile exploite classiquement la force de travail de ses ouvriers, mais, justement à cause de la baisse tendancielle du taux de profit, il s’ouvre vers des pratiques bancaires : prêts aux acheteurs, à des activités de services : location de véhicules, contrats entretien... les voitures deviennent alors des supports à opérations financières. Concrètement c’est un pas vers l’ultralibéralisme.

 en 1999, Tobin, le célèbre économiste américain, donnait des chiffres sur le montant des opérations sur les places financières planétaires. Soit 1300 milliards de dollars ( 1000 milliards d’euros) par jour. 80% environ de ces mouvements de capitaux sont purement spéculatifs disait-il. Le reste étant majoritairement des délocalisations vraisemblablement. C’est à dire qu’il existe maintenant un schéma AAA ! (j’achète de la monnaie locale avec mes dollars, je spécule, je récupère mes gains en échangeant à nouveau la monnaie locale pour des dollars (D’où la crise du sud-est asiatique à cette époque). Cela est de l’Ultralibéralisme pur.

Les crédos de l’Utralibéralisme sont :

 opérations spéculatives : les matières premières, beaucoup de marchandises comme la viande .. ne sont plus que des supports à spéculation.

 retour rapide sur investissement. Grace aux tarifs de rachat imposés à EDF, le courant éolien ou photovoltaïque rentre maintenant dans cette catégorie. Mais le domaine privilégié est celui des services, véritable pompe à finance pour les grands groupes des communications, de l’eau, ...

Les besoins de l’Ultralibéralisme :

 la liberté de circulation des capitaux,

 la privatisation des services qui peut aller jusqu’aux secteurs éducatifs et de la santé (voir les débats autour de l’AGCS ou GATS)

 la liberté d’exploiter les travailleurs. là il ne s’agit plus seulement d’ouvriers, mais d’employés, de techniciens et même d’ingénieurs, voir d’enseignants et médécins, aussi .

 la régression du rôle des Etats sur les grands problèmes, aménagement du territoire, politique de l’énergie, enseignement, secteur bancaire, services publics ..

On voit là très clairement le projet de TCE.

Donc, avec l’aide des possibilités informatiques nouvelles d’ailleurs, qui autorisent des opérations en temps réel partout dans le monde, nous vivons depuis les années 90 en Europe, et avant, avec Thatcher en GB, une évolution du capitalisme vers l’Ultralibéralisme.

On peut, à la limite, considérer que c’est une véritable révolution, dans la mesure où cela marque un changement profond dans les mécanismes d’exploitations et dans la redéfinitions des groupes d’exploités, et que ce changement, cette rupture même, a la prétention de donner lieu à de nouvelles institutions. Dont il faut noter qu’elles rompent avec l’humanisme qui fonde notre culture européenne.

Parce que l’Ultralibéralisme est un système, avant tout économique, inhumain, sauvage, notamment vis à vis des réserves et de l’environnement et in fine absurde. Particulièrement au niveau de la destinée de l’humanité.

Si l’on lit l’action du gouvernement croupion de Sarkozy à cette lumière, on voit que sa "rupture" est en fait une marche forcée vers l’Ultralibéralisme :

 défiscalisation des capitaux,

 autonomie des université, avant la privatisation

 mise en place d’un service minimum pour pouvoir privatiser les services publics et le secteur de l’énergie, les transports..

 dérègulation du temps de travail, au slogan vraiment attrape nigauds, pour aller vers une exploitation aggravée des travailleurs

Si l’on combat tout cela, c’est bien l’Ultralibéralisme auquel on s’oppose. Les forces d’opposition sont aujourtd’hui peut nombreuses, mais dans six mois les gens s’éveilleront avec une situation très aggravée sur tous les plans. Il faudra alors qu’un mouvement soit prêt à leur proposer une véritable alternative.

Jean-Marie Berniolles

Messages

  • Il faut montrer aux gens qu’il n’y a point de salut possible autre que collectif ....l’ultralibéralisme pousse à l’individualisme (c’est le discours de sarkozy) , et les gens s’engouffrent de plus en plus ds ce créneau , c’est "sauve qui peut" ...

    Or, tout concourt à démontrer que l’individualisme ne paye pas ...

    Dernière anecdote en date :

    J’ai travaillé il ya qques années dans une service clientèle d’une société de télécom (SFR pr pas la nommer) ...Cette entreprise avait recruté en masse sur la région , notament des personnes ayant décroché de l’emploi depuis belle lurette , des personnes d’origine étrangère , des personnes plutôt âgées ...tout cela sans les discriminations habituelles ...

    Sauf que la rançon , sans doute recherchée de cette politique, fût d’avoir à disposition des salariés plutôt dociles , bien heureux d’avoir décroché cet emploi...
    Entrée en formation, je me suis vite aperçue de la politique de la boîte qui maniait à loisir la carotte et le bâton ...écoutes des salariés, chronométrages des appels, pressions en tout genre ms , en contre partie, qques avantages comme un treizième mois, des primes , des cadeaux à Noël etc Tout cela matiné d’une individualisation des salariés par le biais de primes variables distribuées selon des critères qque peu subjectifs ...par les petits chefs gardes chiournes !

    Pendant ma formation, une salariée de mon groupe s’est faite licenciée sans raison véritable du jour au lendemain, sans que personne , ds le groupe, n’ouvre la bouche , sauf moi qui ait osé demander une explication !!!
    Je me suis alors entendue dire "toi , on te conseille de te taire !!"...qques temps après , c’est moi qui prenait la porte ...

    Ce passage , bref ms trés formateur ds cette société, m’a montré comment l’individualisme érigé en valeur ,détruit , ds l’entreprise , toute possibilité de solidarité pour le seul bénéfice de la boîte ...

    Or, J’ai appris, mercredi ,que la société allait être vendue à un sous traitant , les salariés vont sans doute perdre les qques avantages qu’ils ont , si ce n’est leur boulot à terme ...

    Voilà , cette histoire démontre bien que l’indvidualisme ne paye pas ,tôt ou tard le système écrase tout le monde ....alors, les salariés ne doivent pas perdre de vue que seule la lutte collective est la solution et qu’ il faut inventer une alternative à ce système capitaliste ...

    Car de moins en moins de personnes ne seront épargnées ...

    Marjo

    • Je viens , à l’instant , de lire l’article de "l’huma" d’hier ,sur "Pourquoi sarkozy a mordu dans l’électorat populaire dans le Nord " ....trés bon article qui rejoint tout à fait ma contribution ci-dessus...

      Marjo

    • Oui, c’est exactement cela le type d’exploitation dans les services.

      Les managers utilisent d’ailleurs très bien l’isolement des travailleurs en individualisant les carrières et les problèmes..

      Au bout du compte le service à la clientèle est également dégradé. j’ai vu la transformation d’une agence France Télécom après la privatisation. C’en était presque comique. alors que l’on était reçu, avant, par des agents disposant d’un box spacieux, qu’il y avait un comptoir pour l’après vente, la nouvelle agence est une surface étroite avec des tables munies d’un ordinateur devant lesquelles les employés sont la plupart du temps debouts. Les clients qui attendent ressemblent à un groupe d’empereurs sur la banquise. Lorsque l’on a besoin d’un technicien, on ouvre une porte placard, donnant sur un local sans fenêtre. Le technicien sort, hagard, et la discussion avec lui se conclut souvent par la perspective dramatique de devoir appeler un numéro 900. Inconscient, j’ai personnellement tenté l’aventure du 900 pour un problème de liaison Livebox ordi. Bilan, trois appels pour l’après midi complète, parce que bien que frisant souvent le KO, j’atteignais le gong qui marquait la fin de la séance. A chaque fois s’ouvrait un nouveau dossier, je réexposais le problème à un nouvel interlocuteur, qui reprenait le même protocole que son prédécesseur. J’ai découvert que j’avais un ordi pourri et que je ne savais pas m’en servir, sans que le problème soit résolu. J’en serais sorti traumatisé et culpabilisé, si dans un effort personnel ultime avant de recomposer à nouveau le 900, je n’avais trouvé la solution.

      Je pense qu’il faut axer nos campagnes sur des propositions concrètes, remise en ordre et extension des services publics (eau, traitement des déchets, transports) , politique du logement, relance de l’industrie et de la recherche, ... L’individualisation conduit à l’isolement et à la désespérance, donc les gens attendent des solutions crédibles. S’ils se sont laissés leurrer par le dscours de Sarkozy, c’est aussi qu’en face il n’y avait pas de propositions solides.

      Jean-Marie Berniolles

    • Si je te suis dans une partie de ton exposé,je ne te suis pas dans ton introduction.

      Marx disait :"il ne peut y avoir de production de richesse,de plus value que sur le travail salarié PRODUCTIF et c’est ça qui faisait que la classe ouvriére jouait un rôle central dans le systéme,pas son nombre.

      C’est toujours vrai,ils sont les seuls à produire et cela leur fait toujours jouer un rôle central dans le systéme.

      Entre parenthéses,25,6% de la population,plus de 11 millions de personnes, qui produit les vrais richesses et qui est la grande oubliée de ces trentes derniére années,celle qui c’est le plus destructurée,qui a le plus subie les conséquences de la mondialisation,délocalisations,financiarisation,baisse du pouvoir d’achat,conditions de travail.Notre absence des entreprises depuis 10 ans a pesé lourd dans les résultats de ces derniéres années.

      Comme tu le dis la baisse tendancielle du taux de profit pousse à la financiarisation du systéme.Mais ces "richesses" la ne sont que virtuelles,elles ne repose sur aucune bases économiques stables,sur aucune production,uniquement sur la spéculation.Et les objets qui servent de support à des opérations financiéres se retrouvent avec une valeur,au sens marxiste du terme, bien au déla de leur valeur réelle.D’ou la crise permanente du capitalisme.

      Et cette valeur est prise sur la plus value créée,d’ou la pression exercée sur les salaires des entreprises sous traitantes,et qui accentue la baisse tendancielle du taux de profit et d’emblée les délocalisations puisque le capital chercheras à la faire remonter au moins provisoirement en allant chercher une main d’œuvre productive meilleure marché.

      Mais je ne pense pas que cela remette en cause la place centrale de la classe ouvriére.d’ailleurs,globalement,en nombre absolu,elle n’a pas diminuée,c’est le nombre de salariés devenus indispensables dans la collecte de la plus value,la spéculation,qui a augmenté.

      Contradiction plus la baisse du taux de profit est importante,plus le capital à besoin de salariés pour la recupérer,plus il accentue cette baisse.

      Ce qui caractérise le systéme capitaliste actuellement,c’est qu’il ne crée plus de richesses materielles,qu’il devient de moins en moins capable d’innovation et qu’il est donc obligé d’étendre son exploitation.

      Je m’excuse si je ne suis pas toujours trés clair,la mise en mot n’est pas mon fort,mais je voulais juste arriver à ceçi:nous avons "oubliés" les ouvriers,ceux qui ont le plus intérêt au changement,alors que c’est avec eux que doit se faire toute reconstruction révolutionnaire.

      Jean Claude des Landes

    • Oui, il y a plusieurs très bonnes questions dans tes remarques :

      La première est la place de la classe ouvrière ? Sans conteste possible, elle est toujours au coeur des mécanismes d’exploitations. La chose qui a changé c’est qu’il y a de plus en plus de matière grise dans les produits. Par exemple, dans une voiture il y a maintenant de l’aérodynamique, de l’électronique, des matériaux complexes et divers.. ce qui fait qu’objectivement les techniciens et ingénieurs même, deviennent des créateurs de plus value. D’ailleurs les délocalisations ne marchent que parce qu’il y a aussi transfert de technologie, ce que l’on cache le plus souvent, parce qu’il s’agit majoritairement en France de technologies développées sous fonds publics comme pour la micro électronique aujourd’hui et la nano électronique demain. Donc la classe ouvrière devrait encore avoir son rôle d’avant garde. Clairement, si elle le perd, c’est à cause des erreurs de ses dirigeants. N’étant pas au PC je m’arrête là, bien qu’ayant quelques éléments de réponse sur ce gros problème.

      Une autre question est relative à la création artificielle de masses monétaires du fait de la spéculation. Ce problème est apparu assez rapidement, après guerre, puisque le USA ont rapidement renoncé à la garantie du dollar telle qu’elle résultait des accords de Bretton-Woods, avec notamment la convertibilité de 35 dollars pour une once d’or. C’était sans doute l’effet de la planche à billets du plan Marshall. Puis, dans les années 70, l’effet de la spéculation est survenu avec le pétrole qui a généré les pétro dollars. Les USA ont alors abandonné tout type de garantie sur leur monnaie. Aujourd’hui si l’on voulait convertir en biens matériels toutes les avoirs monétaires, bons, titres, actions détenus sur les comptes bancaires cela serait effectivement impossible et de loin. On pourrait donc en conclure que l’argent ne vaut plus rien et qu’il faut procéder à une dévalorisation massive de la monnaie. Il n’en est rien parce que cette masse financière matérialise la puissance d’intérêts privés, - multinationales, groupes financiers, potentats-, et leurs possibilités de manoeuvre en matière d’opérations financière.

      Et puis cet argent généré par la spéculation, on le fait payer aux gens. Pour comprendre cela, il faut, par exemple, prendre le cas de la spéculation immobilière. Au moment de la crise de la Bourse, l’argent s’est reporté sur l’immobilier. La valeur des biens immobiliers a ainsi fait un bon impressionnant. Et au bout du compte, en dehors des mouvements de placement d’un bien à un autre, ce sont bien les gens qui achètent, sans capital, qui paient les appartements, maisons, avec le produit de leur travail. Ainsi l’argent généré par spéculation se retrouve avec une valeur résultant du travail. Inutile de dire que ce système n’est pas stable, ce qui fait dire à quelques économistes éclairés que l’Ultralibéralisme est le stade ultime du capitalisme, celui qui va le conduire à sa propre faillite.

      Enfin, il y a l’autre question de la valeur du travail, qui aujourd’hui n’est plus seulement relative à la production pure, mais intègre les services. C’est l’esprit dans lequel est défini le PIB, notion avec laquelle Marx aurait sûrement quelques désaccords. Il aurait raison. Ce qui se passe actuellement en France, c’est une baisse de la production industrielle et agricole, tandis que monte le secteur des services (notamment parce que les services privés sont surfacturés). Cela se traduit par un fort et permanent déficit de notre balance commerciale. Là aussi on voit bien que cela ne peut durer éternellement.

      Salutations

      Jean-Marie Berniolles