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L’avenir du raffinage en France en débat sur fond de grève
Publie le jeudi 15 avril 2010 par Open-PublishingDeux mois après la grève qui avait suivi l’annonce de la fermeture de la raffinerie Total de Dunkerque, patrons et syndicats se retrouvent pour une table ronde sur l’avenir du raffinage en France jeudi, jour où la CGT a appelé à un nouvel arrêt de travail. Sous l’égide de Jean-Louis Borloo, ministre de l’écologie et de l’énergie, et de Christian Estrosi, ministre de l’industrie, la table ronde doit notamment réunir à Paris des dirigeants des groupes pétroliers, des représentants syndicaux du secteur, des experts, l’Union française des industries pétrolières (UFIP) et des parlementaires.
Pour maintenir la pression, deux mois après une grève d’une semaine dans les six raffineries de Total, qui avait fait craindre une pénurie d’essence en France, la CGT, majoritaire dans le secteur, a appelé à de nouveaux débrayages, dans les douze raffineries françaises cette fois, le jour de la réunion. Toutefois, cela ne devrait pas entraîner d’arrêt dans les raffineries qu’elle touchera, selon Emmanuel Lépine, secrétaire fédéral CGT chargé de la branche pétrole.
La crise du secteur, qui touche les plus grands groupes pétroliers mondiaux et la plupart des pays occidentaux, résulte essentiellement d’une baisse de la demande de produits pétroliers, particulièrement en Europe, sous l’effet de la crise économique et des politiques écologiques. Pour l’UFIP, il faudrait fermer "10 à 15 %" des raffineries européennes pour rétablir l’équilibre entre offre et demande dans un secteur où les raffineries françaises perdent quelque 150 millions d’euros par mois depuis un an.
"INADAPTATION DE L’OUTIL DE RAFFINAGE"
L’Hexagone pâtit en outre d’un déséquilibre entre sa consommation d’essence et celle de gazole, dont les besoins sont couverts à près de 40 % par des importations. Une première vague de fermetures de raffinerie avait eu lieu dans les années 1980, avec la construction du parc nucléaire, qui a entraîné une chute de la demande de fioul lourd. L’enjeu de la table ronde, dont l’organisation avait été une des conditions posées pour mettre fin à la grève en février, sera surtout, pour la CGT, de "contester absolument la notion de surcapacité de raffinage" en France, résume M. Lépine.
Soulignant le fait que la France produit plus d’essence qu’elle n’en consomme, mais moins de gazole que nécessaire pour sa consommation intérieure, il préfère parler d’une "inadaptation de l’outil de raffinage" et dénonce l’absence d’investissement dans les raffineries "depuis vingt ans". "On attend de cette réunion qu’elle pose bien les problématiques du secteur et qu’on puisse rechercher de manière concertée des solutions", résume quant à lui Marc Blanc, secrétaire fédéral CFDT Chimie Energie. "Pour nous, l’activité de raffinage n’est pas en expansion, il faut qu’on en mesure les évolutions à moyen terme et qu’on travaille à l’anticipation de ces évolutions", ajoute-t-il.