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L’emploi en Italie, du CNEL arrive la confirmation : le pays stagne

Publie le lundi 24 juillet 2006 par Open-Publishing

Le taux d’emploi reste constant grâce à la régularisation des migrants. "Manqué l’objectif de Lisbonne"

de Camilla Fasti traduit de l’italien par karl&rosa

L’allure de l’emploi en Italie ? Selon le CNEL, elle s’est maintenue, malgré le peu de croissance économique de ces dernières années. En présentant l’habituel rapport annuel, le président Antonio Marzano juge positivement ce qui, au contraire, pour les syndicats n’est rien d’autre que la régularisation de l’emploi déjà existant, celui des migrants.

Le même rapport contribue d’ailleurs à réduire l’optimisme du président quand il affirme que au premier trimestre de 2006 plus de 60% de l’augmentation de l’emploi (+ 374.000) est due à la régularisation de l’emploi des étrangers et qu’en 2005 le taux d’emploi est resté constant (57,5%), justement grâce à cette composante.

Les immigrés réguliers représentent désormais 5,2% des salariés (1.169.000 personnes), avec un taux d’emploi entre 15 et 64 ans de 65,7%, qui dépasse de plus de 8 points la moyenne italienne.

Le rapport ne manque pas de souligner les plus importants points critiques du marché de l’emploi dans le « beau pays », le peu de participation des femmes et des personnes âgées. Selon le rapport, le marché de l’emploi reste fortement fragmenté et l’Italie, même si elle a réduit son écart par rapport à la moyenne européenne, est bien loin de l’objectif de Lisbonne qui prévoit l’emploi de 70%. En 2005, l’écart est globalement de 12,5 points. Un pourcentage qui monte à 18,6 si on considère la main-d’œuvre âgée entre 55 et 64 ans. En ce qui concerne l’emploi des femmes, elles représentent en Italie 45,3%, 14,7 points en moins par rapport au 60% de l’objectif. Seulement pour les hommes Lisbonne est à portée de main (avec 69,8%).

Corollaire de ce tableau peu réconfortent du CNEL, les données concernant l’augmentation du travail non standard, les rapports de travail dit atypique, de loin la formule dominante et, vu comme elle se manifeste, bien loin de pouvoir être considérée comme un passage « physiologique » et obligé vers la stabilité du travail. En effet, tandis qu’en 2002/2003 le pourcentage de ceux qui sont passés de contrats à durée déterminés à « une vie meilleure » avec un rapport de travail à durée indéterminée était de 31,0%, à peine un an plus tard ce pourcentage est descendu à 25,4%. Une réalité qu’on doit ajouter à celle du risque d’appauvrissement dénoncé par une étude de l’IRES sur les salaires, selon laquelle les jeunes sont parmi ceux dont les revenus sont les plus bas (avec une moyenne de 18.564 brut).

Même les réformes du marché de l’emploi de ces dernières années (Treu et Biagi) n’ont pas servi à modifier cet état des choses. « Des lois qui ont eu un accueil très froid de la part du monde productif », affirme Carlo Dell’Aringa, chargé du rapport.

Peut-être, la réponse à cette question est-elle beaucoup plus banale. Le ministre du Travail, Cesare Damiano, définit cette spécificité du marché de l’emploi comme l’une des fragilités structurelles de notre système et, citant Aris Accornero, il parle de « salariés pris au piège », c’est-à-dire de personnes qui n’arrivent pas à sortir du tunnel de la précarité. « Un élément, dit de ministre - qui marque une des distinctions de notre marché du travail par rapport à l’Europe, avec une autre qui est elle aussi importante : le phénomène du travail non standard ne concerne pas que les jeunes, mais il est transversal ».

De son côté, la CGIL, en soulignant encore une fois l’inefficacité d’une législation du travail fragmentée, définit un cadre de développement pauvre du pays, celui qui émerge du rapport du CNEL. « En Italie, rappelle Fulvio Fammoni, secrétaire confédéral de la CGIL - il y a 4 millions de travailleurs au noir, 2 millions de précaires, 2 millions de chômeurs et plus de 500.000 personnes concernées par les amortisseurs sociaux. Environ 9 millions de personnes pour lesquelles il faut changer les règles du travail sur la base de deux prémisses fondamentales : la première est qu’on réaffirme le contrat de travail à durée indéterminée comme l’élément central du développement de l’emploi ; la deuxième est une politique de soutien à la négociation ».

Deux prémisses qui doivent être accompagnées d’une réforme des amortisseurs sociaux. Une demande, la dernière, souvent formulée par CGIL, CISL et UIL mais qui a représenté pendant deux législatures un objectif manqué. Toutefois, aujourd’hui il y a la promesse du nouveau ministre du Travail, qui affirme la nécessité d’un « costume neuf » parce que les vieux amortisseurs sont devenus obsolètes.

http://www.liberazione.it/giornale/060721/archdef.asp