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L’ex-patron des Chantiers de l’Atlantique pointé du doigt par le juge d’instruction.

Publie le mardi 24 mars 2009 par Open-Publishing
4 commentaires

Il était temps !

L’ex-patron des Chantiers de l’Atlantique pointé du doigt par le juge d’instruction.

Le 20 mars, Patrick Boissier, ex-Pdg d’Alstom Marine, aujourd’hui à la tête de DCNS (Arsenaux), a été mis en examen par le juge d’instruction de Nantes, soupçonné de « complicité de travail dissimulé par dissimulation de salarié », de « complicité de travail dissimulé par dissimulation d’activité », et encore de « complicité de prêt illicite de main-d’oeuvre » et de « recours abusif au travail temporaire... »

L’opération lancée en 2006 par l’inspection du travail à bord d’un des paquebots en construction avait mis en évidence ce que l’USM-CGT dénonçait depuis des années : l’organisation de l’esclavage moderne sur le site naval.
Le 26 février 2006, à la demande insistante et ferme de la CGT, une quarantaine d’agents de la Direction Départementale du Travail de Loire-Atlantique, accompagné d’interprètes, avait organisé une opération « coup de poing » à bord d’un des paquebots. Objectif : porter un grand coup contre les entreprises sous-traitantes négrières qui bafouent les lois sociales du travail et les droits de l’homme. Entreprises françaises et étrangères qui font travailler leurs ouvriers parfois sans contrat de travail ni bulletin de salaire, à des cadences de 60 heures par semaine, pour une misère et parfois gratuitement. Bilan de l’opération : 45 infractions retenues et 18 entreprises françaises, hollandaises, allemandes, polonaises et portugaises épinglées.
Il a fallu des mois d’enquête compliquée et c’est un lourd dossier qui a fini par atterrir au pôle de l’instruction de Nantes.
Pour l’avocat de la CGT, Me André Tinière « il est important de trouver la personne à l’origine de la mise en place d’un tel système  ». Le juge d’instruction n’a pas encore bouclé ce dossier. Au vu des éléments dont il dispose aujourd’hui, l’ex-patron des Chantiers Navals a une responsabilité. Patrick Boissier nie les faits qui lui sont reprochés. Pourtant, le passage de cet individu aux Chantiers navals de Saint-Nazaire, n’est pas synonyme de « prestige et grandeur ». Les Chantiers de l’Atlantique avaient été mis en examen en 2006 suite au terrible accident mortel de la passerelle du Queen Mary 2. Le procès de drame s’ouvre en appel le 23 mars devant la Cour d’Appel de Rennes.

Morceaux choisis : illustrations d’un pedigree

En 2005, Patrick BOISSIER était invité par le MEDEF 44 pour partager son succès. Parmi les questions posées à Patrick Boissier, celle-ci est revenue souvent :
Pourquoi les Chantiers de l’Atlantique font-ils appel à des sous-traitants étrangers ?


 « Si nous voulons être compétitifs, il est nécessaire d’avoir des co-réalisateurs et sous-traitants compétitifs, donc au meilleur prix et avec la meilleure productivité.

Si nous travaillons avec des entreprises de l’Est, c’est qu’elles y trouvent leur compte et nous le nôtre en termes de qualité, de coût et de compétences. »

Rappel historique

En 2001, l’USM-CGT avait intercepté le document ultraconfidentiel émanant de la Direction des Chantiers. Par cette note interne, portant le nom de code « Montage Exotique », la Direction des Chantiers invitait les entreprises sous-traitantes à recruter de la main d’œuvre en provenance de pays à faible coût afin de réduire encore plus les coûts.

La construction du Queen Mary 2 en 2003 s’était illustrée avec les premières luttes de travailleurs indiens, grecs, roumains, portugais, polonais. Plusieurs centaines de travailleurs de différents pays ont dénoncé les dures conditions de travail, pour certains, proches de l’esclavage, et ont exigé par la grève le respect de leurs droits et le paiement de leurs salaires. En 6 ans, une vingtaine de grèves et actions se sont succédées.
L’année 2008 avait démarré avec les luttes de travailleurs grecs sous-traitants de la société allemande FREESE. En mars, 50 salariés polonais de la société VOS, sous-traitant de CEGELEC (entreprise dirigé par…Patrick Boissier, qui avait quitté en 2006 les Chantiers pour poursuivre sa particulière « organisation du travail » ailleurs). En juin, 25 salariés polonais de la société AMPOL. Les motifs de ces luttes, exiger le PAIEMENT des salaires non versés et sur la base de la convention collective française. Des luttes qui se sont terminées par la VICTOIRE.

 

Le drame de la passerelle du Queen Mary 2 en appel à Rennes

Le 15 novembre 2003 à 14h102, 47 visiteurs et salariés montent à bord du Queen Mary 2. Le paquebot géant est en phase de finition aux Chantiers de l’Atlantique. Soudain, la passerelle craque et s’effondre, précipitant dans le vide les personnes qui embarquaient. Le bilan est terrible : 16 tués. Vingt-neuf blessés dont sept grièvement.

L’affaire est rejugée à partir d’aujourd’hui, à la cour d’Appel de Rennes.
Le premier procès avait eu lieu devant le tribunal correctionnel de Saint-Nazaire, en octobre 2007. Le jugement rendu le 11 février 2008 condamnait les Chantiers de l’Atlantique et la société Endel, constructrice de la passerelle, en tant que personnes morales. Elles étaient condamnées à payer 177 500 € d’amende et à verser 9,5 millions d’euros à une centaine de parties civiles. Endel et les Chantiers ont fait appel de ce jugement.

http://www.usm.cgt.fr/

Messages

  • Merci Dédé ,
    heureusement qu’il ya encore des gens comme toi à ST NAZE.

    UN NAZE PAS ARIEN...

    • Il ne faudrait pas oublier les inspecteurs du travail au vu des pressions exerces par les milieux politique sur leur personne.
      Alain 04

    • C’est vrai. Les inspecteurs du travail on mené une intervention à la hauteur de leur mission. Et sans doute, parmi eux, des agents ont été soulagés par cette opération. Les pressions, le manque de moyens et d’effectifs (un seul inspecteur du travail pour suivre ce qui se passe sur un site où pullulent plus de 500 entreprises) font partie de la stratégie pour les bâillonner. Mais n’oublions pas que les donneurs d’ordre, comme Boissier, savent imposer la loi du plus fort, et le Ministère du Travail fait la courbette à un tel "capitaine d’industrie". Les "recommandations" et consignes venant du Ministère visent à "calmer" les interventions des inspecteurs et contrôleurs du travail.

      Gérard Filoche est un exemple du genre de punition réservé à ceux et celles qui osent sortir du rang et braver la "loi du silence".

      Si les militants de la CGT n’avaient pas été sur le terrain pour organiser les travailleurs sous-traitants et pour insister auprès de la direction départementale du travail de Loire-Atlantique d’intervenir de manière énergique pour mettre fin aux pratiques mafieuses, les victimes de tels abus seraient des milliers sur le site. Cependant, il reste encore des travailleurs étrangers et des intérimaires sur les chantiers navals et ailleurs, des dizaines de milliers, qui ont besoin du soutien de tous.

      Les agents de l’inspection du travail ont une grande responsabilité pour faire stopper les bandits. Mais tous seuls ils n’y arriveront pas.