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L’extrême droite danoise alimente une xénophobie bien-pensante

Publie le mercredi 8 février 2006 par Open-Publishing
4 commentaires

de Olivier Truc, Copenhague

Leurs langues sont similaires, leur histoire et leur culture s’imbriquent, leur héritage est commun, et ils sont également imprégnés de social-démocratie et de ces valeurs de l’Etat-providence qui ont fait le succès mondial du modèle scandinave. Pourtant, Suède, Norvège et Danemark ont des rapports très différents à l’extrême droite.

Au Danemark, rien n’a changé : ni depuis l’arrivée au pouvoir du gouvernement libéral-conservateur en 2001, ni depuis la fin des années 1990 mêmes, quand les sociaux-démocrates étaient encore au pouvoir. C’est à cette époque que le Parti du peuple danois, formation d’extrême droite de Pia Kjaersgaard, est parvenu à imposer son agenda à la politique danoise. "Le Parti du peuple danois n’accepte pas que le Danemark se transforme en une société multiethnique. (...) Le libre accès au Danemark détruit notre Etat-providence", est-il clairement affirmé dans son programme. Depuis, son succès ne s’est pas démenti.

CONTEXTE

Pour de nombreux observateurs danois, l’affaire des dessins du journal Jyllands-Posten - principal publication de la droite et le plus gros tirage de la presse danoise - doit être replacée dans ce contexte. "Ce n’est pas un hasard si cette affaire a éclaté au Danemark. Aucun pays de l’UE n’est aussi islamophobe et xénophobe", affirme Bashy Quraishy, un Danois d’origine pakistanaise qui préside aujourd’hui Enar, le Réseau européen contre le racisme, financé par la Commission européenne.

En 2000, dans un journal, un Allemand et un Britannique résidents au Danemark avaient qualifié le débat danois sur l’immigration de "sommaire, irrespectueux et insolent". Les Danois préfèrent dirent qu’ils n’ont pas de tabou. Pia Kjaersgaard a réussi à banaliser les opinions xénophobes, comme celle, récente, comparant les musulmans à une "tumeur cancéreuse". Or, depuis 2001, son parti (13 % aux élections législatives de février 2005) est le soutien indispensable du gouvernement minoritaire libéral-conservateur au Parlement. Son succès s’explique, notamment, par le rôle joué par certains journaux, dont Jyllands-Posten, dans la banalisation de clichés négatifs sur les musulmans, comme l’a écrit le Centre danois des droits de l’homme dans son rapport 2005. "L’histoire du drame de cette semaine, c’est l’histoire d’un triomphe de politique intérieure qui devient une catastrophe de politique extérieure, c’est le coeur du problème", analyse Tøger Seidenfaden, directeur de la rédaction du quotidien de centre gauche Politiken.

En décembre dernier, l’écrivain norvégien Dag Kullerud notait combien le ton du débat était bien plus agressif au Danemark que dans les autres pays scandinaves. La Norvège compte pourtant elle aussi un parti de droite populiste dont le poids est plus important encore, puisqu’il s’est imposé comme le premier parti de droite aux élections de septembre dernier avec 22,1 % des voix. Pourtant, à la différence du Danemark, l’influence du Parti du progrès n’a jamais imposé sa marque permanente. Au coup par coup, il était arrivé à l’ancien premier ministre chrétien-démocrate, Kjell Magne Bondevik, de voter ses budgets avec l’aide du Parti du progrès. Mais M. Bondevik a également souvent refusé de céder à certaines de ses exigences. Cela lui a coûté son poste l’an dernier.

En Suède, la situation est différente encore, et les Suédois ne se privent pas de stigmatiser les dérives danoises. La Suède a connu, au début des années 1990, une expérience populiste avec un parti qui a fini par imploser pour cause de dissensions internes. "Aujourd’hui, c’est plutôt le parti de gauche (ex-communistes) qui est devenu le garant d’une ligne nationale dont l’expression est la défense de l’Etat-providence, explique le politologue suédois Stig-Björn Ljunggren. Et les sociaux-démocrates ont généralement bien su canaliser le mécontentement populaire." Notamment, admet Olle Svenning, éditorialiste du journal suédois Aftonbladet, en ne conduisant pas "une politique d’immigration spécialement libérale". Mais qui a le mérite, estiment les Suédois, de tenir l’extrême droite à l’écart du Parlement.

– http://www.lemonde.fr/web/imprimer_...

Messages

  • Aucun pays n’est plus xenophobe que le danemark ?

    Je dois vivre ailleurs qu’en france, alors, ou bien les déclarations de certains politiciens doivent avoir été inventées...

    Il y a un seul pays en europe qui a eu un empire s’appelant Afrique Equatoriale Française.

    Il n’y a que ce pays, la france, qui devrait respecter l’apport inestimable des pays arabes et africains à sa culture.

    Il n’y a que ce pays, le mien, qui refuse de traiter correctement des citoyens qui ont été intégrés par invasions militaires à la république française.

    Il ne s’agit pas seulement de racisme, de xénophobie, ou de haine religieuse.

    Le FN n’a jamais été interdit, alors qu’en allemagne, qui a été aussi une puissance coloniale (c’est vrai en moindre mesure que la france), l’extrême droite est groupusculaire.

    Donc dîtes moi si j’ai bien lu l’article : il n’y a pas d’exemples de pays plus raciste que le danemark ???

    Je crois plutôt qu’il n’y a qu’un pays en europe ou l’extrême droite a bien reussi à s’adapter à l’islamisme, en reprenant la partie antisémite du discours tout en continuant à rejeter la population Arabe vivant en france.

    Et cela grace à la religion.

    Mais je fais confiance aux musulmans tolérants.
    Mon espoir est que des caricatures intélligentes de jesus fassent scandale d’ici peu en france, signées par des artistes d’origine maghrebine.

    jyd.

    • Jyd,

      On a si souvent la tête dans le guidon à rouster nos délinquants fachos qu’on ne voit plus qu’eux, qu’on finit par penser qu’ils sont plus puissants qu’ailleurs ....

      Il faut considerer qu’hélas l’extreme droite a poussé sa corne un peu partout en Europe, même si nos amis allemands et anglais ne sont pas trop embêtés par cette lèpre. Et quand on parle d’Allemagne et de Grande-Bretagne, ça c’est passé juste et ce sont des fois un peu des évenements fortuits qui ont pu bloqué sa poussée (le système électoral anglais par exemple est très dissuasif et bien peu démocratique).

      Elle a poussé en France, elle est entrée dans des combinaisons gouvernementales au Danmark, en Italie, en Autriche....
      Elle a été surpuissante aux Pays Bas...

      L’extreme-droite a fleuri sur les abandons des differentes gauches, elle fleuri maintenant dans les tentatives autoritaristes des bourgeois , dont les sarkozeries, les attaques contre la liberté du Net, le TCE, les offensives pour censurer, les glapissements indécents et injurieux contre les populations européennes qui souffrent le plus en Europe, représentent une liqueur au goût facho très fort.

      Plus encore, les agressions viillepinistes sur les contrats de travail, relayées en Allemagne par des projets copier-coller de ce même type de contrat (2ans pile poil de précarité), relayées en Espagne (5ans de précarité là ! Les socialistes espagnols nous en donnant toujours mieux....) symbolisent une formidable privation de liberté des salariés remis pieds et mains liés dans les pattes des patrons. Cette privation de liberté est un moteur intime de fascisation des esprits et d’une société.... Elle accentue les relations sado-maso au pouvoir, que les extreme-droites ont toujours aimé.

      Rien de français là dedans...

      A nous de relever le gant, de proposer une alternative européenne pleine de solidarité, d’amour et de liberté.

      Et c’est possible.

      Copas

    • LES MAGHREBINS ETANT CANTONNES DANS LEUR CULTURE DES CITES IL N Y A PLUS D ARTISTE ; ET UN MAGHREBIN AU DROIT DE REPONSE CA N EXISTE PAS" DANS CE BEAU PAYS QUI N EST PAS RACISTE QU EST LA FRANCE" OU ALORS QUAND IL A LA PAROLE, LA PRESSION QUE LUI METTENT LES MEDIAS FONT QU IL SE DESOLIDARISE DES PROBLEMES DE PEUR DE NE PLUS ETRE INVITE A LA TELE.
      DEMANDE A JOEY STARR, DJAMEL DE BOUSE (ENCOR UN ARISTO)

  • Chers amis,

    lire le texte d’Heidi BOJSEN et Johan J. Malki JEPSEN C’est la xénophobie ambiante qui a donné naissance à la rhétorique du choc des civilisations
    paru dans Libération ce matin

    extrèmement intéressant, qui donne sa véritable dimension à cette infâmie des caricatures.
    En France, on est sur le même discours de fond et les pratiques politiques s’en approchent (pas qu’à droite, malheureusement ! )

    Lire, toujours dans libé d’aujourd’hui, le texte de Finkielkraut : il a encore perdu une bonne occasion de se taire ! Fanatiques sans frontières

    Patrice Bardet