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L’extrême gauche, ou comment s’en débarrasser

Publie le mercredi 11 janvier 2006 par Open-Publishing
8 commentaires

Quelle tactique adopter face à la LCR ? Au PS, au PCF ou chez les Verts, les
approches divergent à la veille de la rencontre pour chercher les bases d’un
projet commun pour 2007.

par Alain AUFFRAY, Paul QUINIO et Pascal VIROT

« Que faire ? » comme disait Lénine. Que faut-il faire de la Ligue communiste
révolutionnaire et, plus généralement, de l’extrême gauche ? La séduire pour
mieux la réduire, la combattre frontalement pour éviter que ses idées ne
s’imposent, ou travailler avec elle pour bâtir une gauche authentiquement
plurielle ?

Tel est le casse-tête qui se pose aux partis de la gauche de gouvernement
(PS, Verts, PCF et PRG) qui se retrouveront d’ici à la fin du mois pour
chercher les bases d’un projet commun pour 2007. La LCR sera-t-elle invitée
 ? Et si oui, viendra-t-elle ? Depuis quelques mois, de la privatisation
d’EDF au conflit de la SNCM en passant par l’abrogation de l’article 4 de la
loi de février 2005 sur la colonisation, et le non au référendum du 29 mai,
des représentants de la gauche et de l’extrême gauche se sont retrouvés sur
les mêmes estrades. Dans des configurations à géométrie variable qui
illustrent les hésitations stratégiques.

Ceux qui veulent combattre les gauchistes

Au PCF, ils sont pléthores à vouloir combattre les trotskistes. Certains,
pour des raisons historiques, d’autres pour des raisons politiques plus
contemporaines. Ainsi, les représentants de la ligne la plus identitaire du
PCF se joignent-ils à Robert Hue pour pourfendre la LCR d’Olivier
Besancenot. Les premiers n’acceptent pas de se s’acoquiner avec des
militants qui chassent sur les mêmes terres que le PCF. Pour l’ancien numéro
un communiste, « courir après les gauchistes » ne peut conduire qu’à
essouffler le parti. Le sénateur du Val-d’Oise incite Marie-George Buffet à
privilégier les relations PC-PS : sinon, pronostique-t-il, le PCF sombrera
dans « un splendide isolement (...) suicidaire ». Le député Vert, Yves Cochet,
estime que « la priorité à gauche est à l’élaboration d’un contrat de
gouvernement ». Et puisque ce projet « n’intéresse pas l’extrême gauche », il
voit mal l’intérêt d’engager des discussions.

Au PS, Michel Rocard fait partie des plus virulents : il estime que le non
au référendum du 29 mai a révélé deux gauches de plus en plus
« insupportables » l’une envers l’autre. Bernard Kouchner n’est pas en reste :
il met en garde contre le « retour du refoulé gauchiste » qui menace les
siens.

Ceux qui veulent construire avec eux

Pendant la campagne référendaire, le socialiste Jean-Luc Mélenchon a cherché
à jouer au « trait d’union » entre le PS et l’extrême gauche. Depuis, il s’est
fait voler dans les plumes par certains de ses amis pour avoir participé à
un meeting de soutien aux grévistes de la SNCM organisé par le PCF, mais en
présence d’Olivier Besancenot et d’Arlette Laguiller. A propos de la LCR,
Mélenchon confie : « C’est une force que j’aimerais voir dans l’union ». Mais,
synthèse du congrès du Mans oblige, il renvoie désormais la responsabilité
des désaccords à la LCR, plus qu’à la direction du PS. Et pose la question :
« La Ligue a-t-elle, oui ou non, la volonté de participer à un gouvernement
de gauche ? »

Au PCF, les refondateurs ont théorisé l’idée d’un « pôle de radicalité »
associant l’extrême gauche. Toutefois leur chef de file, Patrick Braouezec,
député de Seine-Saint-Denis, préfère « travailler à une gauche de gauche, pas
une gauche à la gauche du PS ».

Chez les Verts, l’élue francilienne Francine Bavay milite aussi pour un
grand forum de la gauche de la gauche : « La question n’est pas de savoir si
la LCR est prête à gouverner avec le PS. Tout le monde sait que non. Ce qui
importe, c’est de reconnaître qu’après le 29 mai le PS ne peut plus
prétendre dominer le débat à gauche. A travers les collectifs et les partis,
il s’agit de se donner la parole aux électeurs pour préparer un programme
qui soit vraiment en rupture. »

Ceux qui veulent les neutraliser

« L’ennemi principal, ce n’est pas l’extrême gauche, c’est Sarkozy. Pour ce
combat-là, elle n’est pas gênante », explique Jean-Christophe Cambadélis.
Raison pour laquelle Dominique Strauss-Kahn a cru bon lancer une pétition,
avec la LCR et LO, contre l’article de loi sur le « rôle positif » de la
colonisation, une initiative qui l’a notamment conduit à poser aux côtés
d’Arlette Laguiller !

Pour 2007, Cambadélis estime que « la neutralisation, c’est l’absence de mise
en scène de l’extrême gauche ». « Ponctuellement, on peut être amené à
discuter, abonde Bruno Le Roux, député de Seine-Saint-Denis. Il n’y a pas
d’ostracisme. Mais dès que l’on parle programme, l’extrême gauche se met
elle-même hors-jeu. » « Il faut mettre l’extrême gauche devant ses
responsabilités », abonde Claude Bartolone. Ce proche de Laurent Fabius
estime que la LCR doit dire si elle s’inscrit dans « un soutien à une
expérience gouvernementale, y compris sans participation, ou si, au deuxième
tour, elle demande à ses électeurs d’aller à la pêche ».

Au PCF, entre Hue et Braouezec, Marie-George Buffet, plongée dans la
préparation de son congrès, adopte une position centrale, sinon centriste.
Elle s’en tient au « ni-ni » : « Ni dans un cartel (...) où se réuniraient des
organisations qui n’ont pas les mêmes choix ; ni dans un parti unique
social-démocrate où se fondrait la singularité communiste. »

A la direction des Verts, on souligne que la balle est dans les mains de
l’extrême gauche : « Il faut maintenant que ceux qui théorisent la division
irréconciliable de la gauche antilibérale et de la gauche sociale-libérale
prennent leurs responsabilités », souligne Patrick Farbiaz, membre du collège
exécutif. Et il invite les trotskistes à venir se battre pour que la « gauche
sociale-libérale » ne soit pas hégémonique : « C’est un risque, un risque
qu’ont pris les camarades brésiliens de la IVe internationale en soutenant
le gouvernement Lula. » Les trotskistes français entendront-ils la leçon
brésilienne ?

QUOTIDIEN : mardi 10 janvier 2006
http://www.liberation.fr/page.php?Article=350177

Messages

  • « Ainsi, les représentants de la ligne la plus identitaire du PCF se joignent-ils à Robert Hue pour pourfendre la LCR d’Olivier Besancenot. »

    rien de plus ridicule que deux chefs sans armée qui se pourfendrait dans l’indifférence des citoyens mais surement sous l’oeil avide des médias trop contents de pouoir monter en escalade "la fin de la gauche"

    En 2007 la gauche sera au delà des partis ou ne sera pas, et laissera Sarko faire de notre pays une prison de taille nationale.

    sc_marcos94

    P.S : libé est vraiment dégueulasse en ce moment

  • Encore un article qui vise à décrédibiliser l’extreme gauche

     Pourquoi prendre l’exemple du brésil ?
    Parceque c’est un retentissant echec des socialisyes gouvernementaux, il est donc facile de responsabiliser les troskystes. Par contre il me semble, depuis que je consulte ce site que les "troskystes" (merveilleux racourci pour désigner l’extrême gauche) seraient plutôt favorable à un socialisme Chavezien (pardon pour le néologisme). Or celui ci ne semble pas plaire à tout le monde à gauche...

     Pourquoi ramener le débat au temps des luttes intestines communistes ?
    Pour mieux décredibiliser l’extreme gauche en la montrant comme un groupe désordonné, trop occupé par la nébuleuse de ses mouvements. Il en découle une décrédibilisation du PC qui, enemi de Trotsky (qui prefere la montagne l’ete) devient donc Stalinien.

    Mais la vrai question est pourquoi demander aux "gauchistes" de prendre leur resposabilités, la gauche gouvernementale aurait elle peur d’un nouvel échec en 2007 ? Ne se sent elle pas capable d’incarner l’espoir de la gauche ? La faute à qui, je vous le demande...

    • Excusez moi : commentaire précédent de Maxime
      Et oui Libé est vraiment dans la ligne doitiste du PS, donc dégueulasse

    • et la Révolution ? quelqu’un la met au programme
      peut être qu’on pourrait élire un mec qui prone la
      Révolte des gueux des miséreux la dictature du
      prolétariat en somme...
      ah je me suis trompée d ’époque ? je me disais aussi
      qu’il ne devait plus y a voir de guerres et de prolétaires aprés 2000
      oui c’est bien ça,on ne les consulte pas on les mets en taule au chomage
      à l’armée donc ils n’ existent pas, même las psy et les philosophes ne les voient nulle part...
      mais au fait par des élections on arrive à quoi
      m’en rappelle plus jamais vu un vote qui fait construire un société plus humaine
      mais plus inhumaine ça oui
      allez je vote pour Dieudonné c’est le seul qui a un programme pour des humains
      allez donc sur les ogres.org
      Djo

    • Il faudrait plutôt supprimer le journal LIBERATION.
      Mais patience, il est en train de couler, ce qui aurait dû se faire depuis longtemps.

      William

  • Y-a t-il encore un service politique à "Libé" ?

    Tiens c’est bizarre.

    JULY a du laisser les trois politologues "scribouillards" Alain AUFFRAY, Paul QUINIO et Pascal VIROT, de service pour noter les appels du PS.

    Esteban

    • Oui Libé est devenu un journal de droite dirigé par une crapule. Mais la question "comment faire avec l’extrème-gauche ?", c’est pas Libé qui la pose. Les positions des uns et des autres, l’ostracisme de certains au PS, au PC, chez les Verts envers la LCR, Libé ne l’a pas inventé. Le changement de pied de Mélenchon non plus. Je ne vois pas pourquoi il faudrait cacher qu’il y a une gauche de gouvernement prête à retourner à la gamelle sans avoir tiré aucune leçon des derniers votes. Et une gauche plus à gauche qui veut poser des conditions indispensables pour qu’il y ait une véritable alternative, et non une simple alternance sociale-libérale.

      Kaoutchousky

    • Pour ce qui est du PS je ne sais pas, pour les VERTS non plus, mais au PCF cet ostracisme est combattu, la mollesse aussi, les anciens reflexes aussi.

      Je n’ai pas besoin de la propagande des AUFFRAY-QUINIO-VIROT qui essaient de foutre la merde, avec leurs analyses ciblées à la con.

      Des positions s’affrontent en ce moment à l’intérieur du PCF, beaucoup de communistes n’ont plus l’intention de refaire des pas en arrière, une radicalité nécessaire et réclamée par les citoyen(nes) est prise à bras le corps par un grand nombre de communistes.

      Cette radicalité va à la rencontre avec la LCR, j’en suis aujourd’hui le premier défenseur envers et contre tout ce qui pourra ce dire contre le PCF, AUFFRAY-QUINIO-VIROT les premiers.

      Je les invite d’ailleurs à venir participer à des réunions de cellules, et ils verront si les communistes sont des moutons ou pas, et s’ils n’ont pas l’intention sinçèrement de créer un rapprochement autour d’un programme de gauche, la LCR qui j’espère participera à l’élaboration de ce programme qui devra être validé par les hommes et les femmes qui veulent contribuer à ne pas casser l’élan prometteur.

      Les AUFFRAY-QUINIO-VIROT (entre autres) veulent (sur les ordres de je ne sais qui) rendre ces rapprochements, en rapprochements de façades, ils veulent une fois de plus discréditer ce que pourrait sortir de positif dans ces rapprochements.

      Ils ont peur de ces rapprochements. À nous de ne pas tomber dans le panneau et de continuer à impulser vers ces raprochements et pour ce qui me concerne, vers la LCR.

      Esteban