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L’impératif empire de Jacques Chirac...

Publie le dimanche 17 juillet 2005 par Open-Publishing

Il aura tout tenté notre président Chirac en cette solennelle allocution traditionnelle de la fête nationale qui cette fois n’aura non pas été située dans les bureaux, sous le pont d’un viaduc béton-métal ou d’un porte avion nucléaire mais dans les jardins bucoliques où ne gazouillaient pas de nombreux oiseaux étant donné qu’on entendait tenant, ruelle adjacente, et tonnant quelques pétards, traditionnels eux aussi ; il a tout tenté Jacques Chirac pour redonner sa confiance aux Français.

La mine grave, l’œil sévère, déroulant sans communes mesures les prouesses du haut, la technologie et la recherche tiennent ici le haut du pavé et constituent les principaux grands chantiers à venir sans jamais songer un seul instant à reconnaître que tous les dossiers que ses hommes de paille ont touché finissaient dans la protestation sociale pour ne pas dire en eau de boudin pour répondre à sa métaphore de la coulpe battue histoire de bien insister quand même sur le flegme français dont on aurait tort de se séparer.

C’est ça après tout aussi le génie d’une nation de prétendus cerveaux, roupiller en travaillant... Oh ! Elle connaît parfaitement bien cela la France du haut, mais de tout en haut. Alors forcément quand le bas se méprendrait à y prendre exemple et à s’en donner le goût, il n’est pas étonnant qu’elle qualifie cette aptitude de oisiveté mais pas pour les mêmes raisons. Aurait-elle peur cette France de tout en haut qu’elle y perde de son aisance et de son assise, mettant chômeurs, Rmistes et sans papiers sous le vulgaire vocable du manque à gagner ?

Cela est après tout aussi normal lorsqu’on songe à tant de bénéfices qui vont dans leur poche.
Il s’y sera presque essoufflé, se recroquevillant presque nerveusement en se saisissant du stylo qu’il avait posé là comme si les listes des noms qui doivent tomber étaient prêtes pour que ce pays nous amène et nous conduise vers plus de droite encore.

Convulsif à tous les égards lorsque lui est demandé d’expliquer et d’entendre la majorité des électeurs qui se détournent de ses projets, son intransigeance faite feu de tous bois est consternante et affligeante pour les fondamentales bases démocratiques que nous ont enseignées les institutions. Mais cela après tout fait certainement aussi les grands hommes : la poigne, le fer et la chute. Car ne nous y trompons pas, c’est bien d’une chute annoncée dont il est question dans cet empire droitier fissuré de part en part, à chaque changement de leader matignonesque, à chaque travaux d’envergure qui porte au plus haut point la dégradation humaine, architecturale et environnementale qui les suive de près. C’est aussi cela les grandes nations en situation de décolonisation de polluants...

L’intention est bonne, le soutient à l’industrialisation des plus normal, à peine plus haut que le minimum syndical requis mais le résultat en est détestable et soulève le cœur de toute une France en droit d’affirmer que « 80% » méritaient mieux que cela. Mais Jacques Chirac n’est pas de ces arbres qui plieraient au premier coup de tempête et son discours d’été aura une toute autre teneur à la rentrée s’il d’ici là il ne paraîtra pas complètement affadi, obsolète et contradictoire.

Se cachant derrière l’incompréhension volontaire et justifiée du bas peuple, d’une crise du populaire ainsi que d’une acceptation finale de cette Constitution européenne toujours considérée inévitable, irréfutable, inscrite dans nos choix communs ; incontournable avenir qui laissera toujours une moitié à peu près des populations éloignées de sa signification incapable de traduire la pluralité parlementaire dont sont censées faire preuve les prétendues démocraties dont nous relevons.

Entre les mésententes il faut bien choisir et il a choisi Jacques Chirac, offensif d’entrée de jeu en abordant sans difficulté l’épineuse question du terrorisme même si plus tard dans la Garden party (ou « parti » unique d’une politique égocentrique ou prêt à partir ?) de l’après- midi, sur le terrain donc, des infiltrés nous indiquent qu’il en aurait été tout autrement. Parties alors les bonnes intentions plaquées sur la caméra une fois retrouvée l’intimité de l’individualisme des chefs d’Etats, leur abnégation et le têtu sort qui leur est réservé lorsqu’ils ne font plus suffisamment people.

Il ne l’est plus people Chirac, Sarkozy non plus, Raffarin l’était encore moins ou alors tout ce beau monde s’est juré fidélité pour le rester que pour une fraction de possédants tout à fait au bout des droites réunies en une seule alors par sa même extrême. Bravo douce France ! La France de 1942 a grandi dans les bois de Laval et les petits enfants de Pétain sont devenus grands et gèrent le monde comme des Krupp zwei de 1938 ! Pardon, ces ancêtres français avaient aussi le respect du drapeau mais ils n’avaient pas remarqué qu’il avait été changé tant certains principes politiques et idéologiques se rapprochaient - tout en haut du moins - de leur envahisseur...

Enfin bon, Chirac fait l’histoire à l’envers et se plante royalement et ça le peuple de France le sent bien, il a peu être du mal à l’expliquer mais ne s’est pas trompé et semble toujours moins xénophobes que bien des dirigeants et des hommes de pouvoir qui malheureusement n’en font pas un état de fait puisqu’ils camouflent cela derrière des nécessités de protection territoriale, de contrôle du flux des populations migrantes ou encore par la mise en valeur des compétences pour une recherche de qualité qui commande aux principes de sélection stricte d’en renvoyer plus d’un à ses études ou à une conversion plus que problématique.

Il croit en lui Chirac, le problème c’est que la majorité des Français ne le suivent plus et les sondages propulsent le regretté Lionel Jospin à des scores records avoisinants les 65% (pas mal pour un homme qui fut si seul au moment d’un scrutin que lui fauchèrent compagnons et camarades) que de son temps de services, lui-même n’aurait jamais osé espérer.

Jacques Chirac cherche bel et bien à assurer son pouvoir absolu jusque sur les esprits muni de tout un arsenal juridique, économique, industriel, technologique et scientifique et plonge une France pas loin d’être désabusée par un régime qui cherche à s’imposer et qu’elle ne peut que réprouver en silence...

Funeste litanie, toujours servie avec les mêmes saveurs, qui met en exergue l’image d’une Europe occupée à développer son mythe européen sans ses citoyens ou que d’une partie tout au moins. On redoute la « divination de l’Etat et de son Chef » pour reprendre le terme d’Henri de Lubac (p. 219 dans Résistance chrétienne à l’antisémitisme - Souvenirs 1940-1944).