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L’intermittence après « l’été meurtrier 2003 »

Publie le mardi 1er juin 2004 par Open-Publishing

Riche débat, samedi après-midi, au « forum des intermittents » initié par les
syndicats du spectacle CGT 22 et les organisateurs d’Art Rock. « Même si on ne veut pas revivre
l’été meurtrier 2003, la profession rejette en bloc le protocole d’accord signé par les organisations
patronales et des syndicats minoritaires », rappelle le musicien Yvon Rouget (CGT), en appelant à
la prudence quant aux nouvelles avancées promises par Renaud Donnedieu de Vabres, ministre de la
Culture.

En attendant, « le quotidien se complexifie de plus en plus, observe Béatrice
Macé, directrice des Transmusicales de Rennes, l’État se désengage de l’action culturelle, les
cotisations Assedic augmentent... Nos salariés sont fragilisés et inquiets, nous n’avons pas avancé
depuis un an ».

« Il serait dangereux que l’État se désengage au détriment des collectivités
territoriales, complète Sylvie Robert, vice-présidente du conseil régional, ce n’est pas à elles de
financer l’assurance chômage, qui relève de la solidarité nationale. Peu d’orientations parviennent
aujourd’hui de l’État : nous sommes à un tournant, où se profilent de nouvelles définitions des
politiques culturelles publiques. »

« On est face au silence phénoménal des vrais interlocuteurs : on parle du
chômage, mais pas un mot ne vient du ministère des Affaires sociales », s’inquiète Bernard Colin, de la
Fédération des arts de la rue.

« On demande une loi-cadre pour la culture depuis plus de 20 ans.
L’intermittence peut être un outil d’élasticité, mais en aucun cas le système de gestion des entreprises qu’elle
est devenue. Ce n’est pas en faisant tomber les plus fragiles qu’on va s’en sortir, mais en les
soutenant. »

« L’artiste doit avoir un vrai statut, approuve Christian Provost,
vice-président du conseil général, une différenciation doit être faite pour savoir où l’on situe l’acte de
création. » « La culture, j’ai peur que ça ne devienne pas essentiel : vous êtes des créatifs qui
parlez du genre humain, alors qu’aujourd’hui on a tendance à tout ramener à l’argent, développe
Thierry Simelière, adjoint au maire de Saint-Brieuc, qui s’étonne aussi de dysfonctionnements de l’État,
quand des minorités signent des accords qui s’appliquent à des majorités. »

Forte d’une étude qu’elle vient de piloter sur l’intermittence, Marie-Christine
Duréault-Thoméré, directrice de l’ADDM 22 (Association départementale de danse et musique),
souligne le danger de voir s’effacer l’identité de l’artiste et des métiers, derrière les calculs des
logiciels sur la gestion du temps. Le sénateur Gérad Le Cam prend acte des promesses du ministre de
la Culture : « Il y a un « bouger » qu’il ne faut pas sous-estimer et qui est à considérer comme
un début de victoire, une ouverture possible au dialogue. »

Sachant que « quand on parle de culture, on parle de démocratie », rappelle Yann
Daniel, le secrétaire départemental de la CGT. Tant il est vrai qu’aujourd’hui l’intermittence
fait figure de laboratoire social.