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L’oppositon unie contre la précarisation des jeunes

Publie le jeudi 19 janvier 2006 par Open-Publishing

de Sébastien Crépel

Parlement . Les députés socialistes et communistes ont condamné le contrat « première embauche » du gouvernement, hier, à l’Assemblée nationale.

Jean-Louis Debré a eu beau souhaiter « commencer l’année dans le calme », la reprise des travaux parlementaires s’est déroulée dans un climat d’affrontement, hier, à l’Assemblée nationale. La gauche a décoché un tir groupé contre les annonces du gouvernement sur l’emploi des jeunes, lors de la séance des questions au gouvernement. Elle a ainsi obligé Dominique de Villepin à monter plusieurs fois au créneau, et ses ministres de l’Emploi, Jean-Louis Borloo et Gérard Larcher, à venir à sa rescousse.

Le premier à dénoncer le « contrat première embauche » a été l’orateur du groupe communiste, André Chassaigne. « En réponse aux énormes difficultés rencontrées par nos enfants pour trouver du travail, vous leur annoncez que les grandes entreprises, celles dont les profits explosent chaque année, pourront désormais institutionnaliser les parcours de précarité de leurs jeunes salariés, avec la possibilité de les licencier sans motivation et en l’absence de toute protection », s’est insurgé le député, en visant la période d’essai de deux ans, copier-coller du contrat « nouvelles embauches » instauré l’été dernier. Ce contrat première embauche est un pas supplémentaire, mais quel pas, vers l’extinction du contrat à durée indéterminée, c’est-à-dire vers la fin du minimum de sécurité professionnelle auquel chacun aspire », a-t-il poursuivi.

Le président du groupe socialiste, Jean-Marc Ayrault, lui a emboîté le pas. « Comment vous croire ? », a-t-il demandé au premier ministre, « le CDI est mort et vous l’avez tué », pour le remplacer par des « salariés à l’essai permanent ». Un « bond en arrière » rendu possible par l’absence de tout « dialogue social » ou de « négociations », a dénoncé le député de Loire-Atlantique. Alain Vidalies (PS) a ensuite pris la relève, ironisant sur la surenchère droitière et sécuritaire du gouvernement dans la « compétition préélectorale » : « Ce n’est pas parce que le ministre de l’Intérieur ajoute une page chaque jour au Code pénal qu’il faut en déchirer une chaque jour au Code du travail ! », a-t-il lancé au premier ministre. Quant à Gaëtan Gorce (PS), intervenant à son tour, il a rappelé les mauvais coups du gouvernement, avec notamment la « suppression des emplois-jeunes ».

Face à ce déluge de protestations, le premier ministre a pratiqué l’esquive, en opposant comme à son habitude « action » et « immobilisme », et estimant la « querelle impossible » face à l’énormité du problème du chômage des jeunes. Quant à Jean-Louis Borloo, il en a « marre » (sic). Dominique de Villepin s’est également livré à un bis repetita à valeur pédagogique auprès de l’opinion, en explicitant le détail des mesures présentées la veille, à la demande de Marc Laffineur (UMP). « Tout ceci ne peut pas durer », a-t-il déclaré, à propos des « années de précarité » subies par les jeunes. Un diagnostic qui vaudrait quitus de l’orientation gouvernementale, d’autant que les « résultats » de sa politique sur le chômage - obtenus à coups de radiations massives des demandeurs d’emploi - « parlent tout seul », selon lui.

L’opposition n’est pas dupe : « Vous prenez prétexte du chômage des jeunes pour vous attaquer aux droits sociaux », a accusé Gaëtan Gorce. Pour André Chassaigne, loin de chercher à développer l’emploi, ce projet accède « simplement aux sommations du patronat le plus rétrograde qui fait de la peur un mode de gestion du personnel ; c’est-à-dire un moyen d’isoler les salariés les uns des autres et donc de contenir la pression syndicale ».

Quant aux députés de droite, ils avaient d’autres chats à fouetter, se contentant de huer ou d’applaudir entre deux questions à tonalité sécuritaire.

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