Accueil > LA FRANCE ? ce 30 avril !
Ce vendredi 30 avril, 28 lycéens sans-papiers parisiens sont allés aux centres de réceptions des étrangers (CRE), annexes de la Préfecture de Police (PP), dont ils dépendent pour y obtenir un rendez-vous pour l’examen de leur situation administrative (ESA). C’est la procédure normale, à Paris.
Parmi ces jeunes, certains attendaient depuis longtemps un rendez-vous que le préfet de police s’était engagé à leur donner, d’autres avaient été reçus mais le préfet n’avait pas jugé opportun de leur donner une réponse, d’autres enfin venaient d’avoir 18 ans ou allaient les avoir dans les jours qui viennent. Ils ont profité de leurs vacances scolaires pour constituer leur dossier au mieux et nous avions choisi ce jour du 30 avril, dernier jour des vacances, pour qu’ils ne perdent pas une journée de cours.
Le Réseau Éducation Sans Frontières accompagnait les jeunes dans cette démarche. Ils se retrouvaient au petit matin (6h00) devant les trois CRE habilités à recevoir les dossiers et à donner des rendez-vous pour un ESA :
– rue des Morillons : 2 jeunes et 2 accompagnateurs
– av. du Maine : 9 jeunes et 15 accompagnateurs
– rue de l’Étoile : 17 jeunes et une vingtaine d’accompagnateurs
Ils attendaient l’ouverture de leur centre parmi d’autres étrangers venus se présenter pour les mêmes raisons. A l’heure habituelle de l’ouverture, dans les 3 CRE, la police venait annoncer que les centres n’ouvriraient pas ce 30 avril : la présence des jeunes et de leurs soutiens en était la cause !
Après de longs pourparlers avec la PP, vers 11h, le CRE de l’av. du Maine ouvrait. Non pas l’entrée publique, mais une entrée réservée au personnel et au service. Non pas à tous les étrangers faisant la queue depuis 6h00 du mat’, mais aux seuls jeunes accompagnés du RESF. A la demande du RESF, tous les étrangers ont pu être finalement reçus. Tous ? pas vraiment : parmi ceux qui étaient là de très bonne heure, certains, notamment ceux qui étaient là avec leurs enfants, avaient abandonné et étaient repartis. Solidarité réciproque, tous les sans-papiers rentraient dans le centre en arborant un badge RESF. Une « précaution » était prise par la police : pas plus de 2 jeunes et leurs 2 accompagnateurs RESF en même temps dans la salle des guichets et escortés lors de leur entrée et de leur sortie par un policier. « 2 resfiens, ça va ; plus, bonjour les dégâts ! » doit être le nouveau slogan de la PP ? En une heure, les 9 jeunes du RESF avaient été reçus, tout à fait cordialement par un agent de guichet, malgré la tension qui régnait. La responsable du CRE, très agressive dans un premier temps, s’est montrée tout à fait correcte à la fin. Peut-être parce qu’elle s’est rendue compte que ces gens dont la PP a si peur sont des personnes tout à fait calmes et n’étaient pas venues désorganiser son centre comme le prétendaient ses supérieurs hiérarchiques, mais simplement prendre des rendez-vous munis de dossiers très bien montés …
Parmi ces 9 jeunes, 8 ont reçu le rendez-vous qu’ils attendaient, le dernier avait un dossier qui ne « tenait pas la route » car, incomplet. Dès le départ de RESF, les portes de l’entrée publique ouvraient …
A 11h20, le CRE de la rue de l’Étoile ouvrait, ne laissant entrer, dans un premier temps, que les jeunes et les militants RESF (pas plus de 3 RESF en même temps dans la salle !), puis, à la demande des RESF, tous ceux qui étaient présents dans la file d’attente. A partir de ce moment, et pour des raisons qui nous échappent, des annonces de fermeture, puis de ré-ouverture, puis de fermetures du centre se sont succédées jusqu’à 14h00. Ces tergiversations préfectorales ont soumis les étrangers à un stress grandissant et ont provoqué une tension importante entre la police et les étrangers et des bousculades ont eu lieu à chaque annonce de ré-ouverture. Les militants RESF sur place demandaient avec insistance que les personnes accompagnées d’enfants soient reçues en priorité et ont tout fait pour que les provocations policières ne se transforme pas en émeute. Finalement vers 16h15, toutes les personnes qui avaient eu la patience d’attendre dans des conditions déplorables avaient été reçues. Sur les 17 jeunes accompagnés par le RESF, un seul avait obtenu un rendez-vous à la PP pour l’examen de sa situation administrative.
Le CRE de la rue des Morillons n’a jamais ouvert, du moins tant que les 4 personnes, qui d’après les policiers sur place, semaient le trouble à l’ordre public. Les policiers se sont permis de dire aux étrangers qui attendaient que la fermeture du CRE était de la responsabilité de RESF. Soyons sérieux : 4 personnes tout à fait sereines auraient « le don » de provoquer la fermeture d’une annexe de la PP ! C’est, peut-être, nous donner un peu trop d’importance ...
Quelques questions :
Comment une cinquantaine de personnes tout à fait calmes, jeunes et militants RESF, peuvent-ils provoquer la fermeture, toute une journée, de trois sites de la PP ?
Pour quelles raisons le RESF fait-il si peur à la PP ? La commissaire du 14è arrondissement, venue nous rencontrer av. du Maine, a constaté de la présence du RESF et des jeunes n’occasionnait aucun trouble et ne provoquerait aucun disfonctionnement au CRE hébergé dans son commissariat.
Pourquoi la PP voulait, à tout prix, transformé ce passage dans les CRE en « dépôt collectif » ? Nous avons, à cette occasion, rappelé à la PP que depuis 2009, nous avons procédé, à Paris à une dizaine de dépôts collectifs, et que ce 30 avril, nous avions fait un autre choix, celui du rendez-vous individuel avec des dossiers complets. Nous ne demandons pas à la PP d’organiser les dépôts collectifs pour RESF.
Pourquoi le PP a-t-elle fait courir le bruit que « quarante militants de RESF avaient envahit les CRE » ?(ça été dit à un élu par un haut fonctionnaire de la PP)
Pourquoi la PP prétend-t-elle que ce qui est dit dans notre communiqué du 29 avril est faux ? Nous le réaffirmons : le préfet de police ne tient pas ses engagements et une centaine de jeunes n’ont soit jamais été convoqués, soit n’ont jamais eu de réponse à la suite de leur rendez-vous.
La PP perd les pédales ? Les tentatives, dans les 3 centres, de stigmatiser le RESF et de semer la discorde entre les sans-papiers est tout à fait indigne et révélatrice d’une administration qui ne sait plus très bien où se situe son rôle entre les exigences de plus en plus répressives de son ministre et la réalité du terrain.
Et, sans doute le plus grave, l’inégalité de traitement des dossiers des jeunes :
Comment la PP peut-elle expliquer le différence de traitement de ces jeunes entre le CRE de l’av de Maine et celui de la rue de l’Étoile ? Ce n’est pas dû à une différence entre les situations de ces jeunes mais seulement à une différence « géographique » de leur lieu d’habitation. Ces jeunes ne comprennent pas, et personne ne pourra le comprendre, pourquoi la loi ou son interprétation, n’est pas la même dans le 17è arrondissement de Paris que dans le 14è. Nous enverrons donc, en début de semaine, une demande au préfet de police pour qu’il « répare ce dysfonctionnement ».
pour rappel, notre communiqué du 29-04-2010, ci-dessous. Il était clair qu’il s’agissait de demandes de rendez-vous et ni de rassemblement, ni d’envahissement. La PP avait eu ce communiqué la veille avant 12h00 et n’avait pas approché le RESF pour en savoir plus, si cela s’avérait nécessaire au bon fonctionnement de leurs services.
Jeunesse sans papiers, Jeunesse bafouée !
Recevant le Réseau Éducation Sans Frontières en audience le 26 juin 2009, Monsieur Michel Gaudin, Préfet de Police, prenait alors un engagement : ses services recevraient, dans un délai de 3 à 4 mois, tous les jeunes lycéens parisiens qui en avaient fait la demande lors des dépôts collectifs accompagnés par le RESF [1]. Ces jeunes devenus sans-papiers le jour de leurs dix-huit ans, demandaient à l’administration de prendre en compte la réalité de leur vie ici, parmi leurs camarades de classe, leurs enseignants, leurs amis et de leur permettre de vivre dans le pays qui, aujourd’hui, est devenu le leur.
Le Préfet de Police n’a pas respecté son engagement : la moitié de ces jeunes n’a pas été convoquée ou n’a pas obtenu de réponse à la suite d’un rendez-vous. Cette désinvolture à l’égard de la jeunesse est indigne d’un haut fonctionnaire de l’État. Ces jeunes gens ont cru à cet engagement, il leur a donné un espoir de voir régulariser leur situation et de pouvoir se projeter dans l’avenir comme le font tous les jeunes de leur âge.
Le vendredi 30 avril, ils se rendront aux centres de réception des étrangers (CRE) dont ils dépendent [2] pour obtenir ce rendez-vous promis qu’ils attendent depuis bientôt un an.
[1] Sur près de 200 dossiers (dépôts collectifs RESF de mai 2008 et mai 2009) :
– une petite cinquantaine de jeunes a été régularisée
– une quarantaine a reçu des refus, dont 20 assortis d’OQTF (obligation à quitter le territoire français)
– les autres (une centaine) n’ont pas obtenu de réponse suite à un rendez-vous à la PP ou bien n’ont jamais été convoqués.
[2] adresses des CRE et contacts sur place le 30 avril :
– 114/116 avenue du Maine : Brigitte Wieser 06 88 89 09 29
– 14 rue de l’Étoile : Anthony Jahn 06 61 98 45 18
– 36 rue des Morillons : Nathalie De Molling 06 99 71 15 44