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LA RÉVOLTE DES PETITS AGRICULTEURS ET PETITS PROPRIÉTAIRES D’ANNAY-SOUS-LENS

Publie le mercredi 20 juin 2007 par Open-Publishing

LA RÉVOLTE DES PETITS AGRICULTEURS
ET PETITS PROPRIÉTAIRES D’ANNAY-SOUS-LENS

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Par Jean-Michel Humez

Ils s’opposent à une décision de la municipalité qui les floue sur plusieurs tableaux.

MERCREDI dernier à la mi-journée, l’ambiance à la cité Kennedy d’Annay-sous-Lens, qui jouxte une grande étendue de terre cultivable, est devenue soudain électrique. Plusieurs agriculteurs ont bloqué l’entrée du champ avec un tracteur interdisant aux salariés d’une société de forage belge de poursuivre leurs prélèvements ordonnés par la municipalité.
Ces prélèvements doivent servir à analyser l’état du sol en vue d’une prochaine construction d’un béguinage et de logements sociaux. Si l’association des petits agriculteurs n’est pas contre la construction de logements, ils déplorent les méthodes de la municipalité qui semble ignorer le droit des locataires. En effet les petits agriculteurs ne possèdent pas le terrain concerné ; ils le louent à la municipalité qui prend cette affaire avec beaucoup de légèreté et agit comme les seigneurs avec leurs serfs au Moyen-Âge. Il n’est guère réjouissant d’arriver sur son champ - même loué - pour constater les dégâts occasionnés par le passage de la foreuse. Cela se traduit par une parcelle non négligeable de culture écrasée alors que le maïs avait atteint une étape importante de sa croissance. Un gâchis que ne peuvent admettre les petits agriculteurs : des heures de travail perdues et une partie de la production qui ne pourra pas être vendue. Une perte sèche pour d’humbles exploitants agricoles déjà confrontés à des prix très peu rémunérateurs, à la moulinette des restructurations continuelles et au déclin d’un monde paysan, d’une culture, d’un formidable outil de développement.

Chacun a également du mal à comprendre l’empressement de la municipalité à récupérer des terres cultivables pour construire quelques dizaines de logements alors qu’à quelques centaines de mètres il existe à la cité du Maréchal Leclerc un espace à bâtir d’une plus grande capacité envahi par des tonnes de gravats et des rats qui s’ébattent dans les hautes herbes. Un environnement intenable pour les habitants qui logent à l’intérieur de ce périmètre ou à proximité.

Un droit de préemption très juteux ?

Un autre grief oppose la municipalité à l’Association des petits agriculteurs. Il s’agit d’un autre terrain appartenant celui-là aux petits exploitants. La municipalité veut faire jouer son droit de préemption sur ces terres cultivables en accordant « généreusement » 45 centimes d’euros au mètre carré. Une aumône quand il se dit que la municipalité a l’intention de rétrocéder ces terres au prix de 70 euros minimum. Une plus-value énorme et d’autant plus disproportionnée que l’Association s’est renseignée auprès d’un autre promoteur immobilier qui propose aux agriculteurs 40 euros, le mètre carré.

Cette confrontation entre les petits agriculteurs et la municipalité ne concerne pas que ces deux seules parties. Les riverains de la cité Kennedy craignent que les travaux de construction générent toute une série d’inconvénients avec le passage continuel de camions et d’engins de chantier dans cette petite rue qui supporte déjà mal la circulation des automobiles. Ils souhaitent que l’entrée sur l’éventuel chantier se fasse par une partie non habitée de la commune. On ose espérer que la municipalité daigne négocier avec tous les mécontents en adoptant une autre conception de la concertation que celle pratiquée actuellement.