Accueil > LES ETATS GENERAUX DE LA PSYCHIATRIE ... ET APRES ?

LES ETATS GENERAUX DE LA PSYCHIATRIE ... ET APRES ?

Publie le lundi 3 mai 2004 par Open-Publishing

Projection-débat
Vendredi 7 Mai 2004 20H00
Salle de la libre pensée,
10-12 rue des Fossés St Jacques 75005 Paris
M°RER Luxembourg

Il y a un an se tenaient à Montpellier les états généraux de la
psychiatrie. Le STCPP vous invite à la projection gratuite de la vidéo sur
ces états
généraux. Elle sera suivie d’un débat :

- Les états généraux de la psychiatrie... et après ?

- Quelle évolution dans le contexte du projet gouvernemental "Hôpital 2007*
et de la refonte de l’assurance maladie* ?

--------------------

*Le projet gouvernemental "Hôpital 2007" (année d’élections
présidentielles) n’est, ni plus ni moins, que l’une des applications
française des accords mondialisés du commerce et des services (AGCS) au sein
desquels la france s’est engagée à l’époque de la dernière cohabitation, et
dont l’équipe gouvernementale actuelle, boite de communication et exécutif
du MEDEF, entend désormais tirer profit.

*Une politique qui prévoie par ailleurs de brader la sécurité sociale sur l’
autel du profit des assurances privées et des laboratoires pharmaceutiques
les plus en vue.

*********************

Réflexions inspirées par une expérience douloureuse au travail dans un
milieu psycho-médico-social

J’ai été embauchée dans un lieu où étaient hébergées des personnes de tous
âges, malades ou handicapées physiques et/ou mentales. Je fus stupéfaite, en
arrivant, du sort réservé à ces personnes : logements vétustes et
insalubres, traitements violents et dégradants. J’ai témoigné de cette
situation et de ces traitements devant des instances officielles.

Ces témoignages n’ont jamais été remis en cause. Cependant, cela m’a valu
sanctions, mutations de services, harcèlement en tout genre. Je tiens à
disposition observations et différents courriers et témoignages. Il serait
trop long ici d’énumérer ces observations.

Ces attitudes ou mauvais traitements vont de la négligence, l’irrespect,
jusqu’à la violence verbale ou physique. Ce que j’ai vécu m’a profondément
bouleversée et rendue malade. Angoisse, dépression réactionnelle grave et
prise de poids dangereuse (27 kg en 3 ans).

Ce qui m’importe aujourd’hui, c’est de comprendre comment on en arrive à de
telles attitudes, à de telles situations.

Au départ, nous sommes bien tous construits à partir de la même matière,
nous ressentons tous plus ou moins les mêmes besoins : physiques, besoin d’
être rassurés, d’être reconnus, etc. Nous évoluons ensuite, pour différentes
raisons, de différentes manières : intellectuels, affectifs, etc. Nous
parvenons à réaliser que nous ne sommes qu’une petite partie d’un tout et
que le champ de ce qui nous différentie les uns des autres (évolution
avancée dans tel ou tel domaine par exemple) est infime par rapport au champ
de nos faiblesses, difficultés, ignorances...

Probablement qu’une personnalité immature ne permet pas de considérer l’
autre comme son semblable. Le manque de considération ou de respect pour la
personne reconnue déficiente découlerait-elle de cette immaturité ?

Malheureusement, lorsque l’entourage n’est pas là ou ne peut contrôler et
empêcher les dérives, toutes les perversités peuvent s’épanouir dans ces
milieux fermés. De l’école en passant par l’armée, les prisons, etc., lorsqu
’une personne est en position de soumission, elle est en danger.

Or, que fait-on pour y remédier ? Il semble que, malgré beaucoup de
réticences, les établissements s’ouvrent vers l’extérieur et que les usagers
puissent parfois donner leur avis.

Cependant, il semble aussi que, pour une question d’économie, les
difficultés ou la maladie ne soient pas reconnus ou tendent à être
minimisés.

Ainsi, on oriente des personnes relevant de soins psychiatriques vers les
établissements sociaux ou éducatifs, où bien souvent, la personne est jugée
responsable de son état et doit absolument être " rééduquée " et " réinsérée".

Qu’est-ce que la formation éducative ? L’expérience que j’en ai m’a plutôt
horrifiée, je cite : " L’éducateur est le garant du respect de la loi et des
établissements. L’éducateur doit lui-même se soumettre à la loi de l’équipe
et de sa hiérarchie, il doit faire corps avec elle. " En formation, le
correcteur d’un devoir devrait retrouver les mots clés du cours. La personne
à former doit absorbe les certitudes, son jugement personnel n’a que peu de
valeur.

D’ailleurs, en ce qui me concerne, les témoignages de mauvais traitements
que je rapportais dans mes observations et qui auraient dû faire bondir les
formateurs et diligenter une enquête, étaient considérés comme faute grave.
" On ne conteste pas les " méthodes " pratiquées dans les établissements.
Vous insurger, ce n’est pas faire de l’éducatif, vous n’avez pas l’esprit d’
équipe ". Ma formation n’a donc pas été validée !

Dans l’établissement, l’idée que l’on se fait de la prise en charge de la
personne déficiente (le mot soin n’est pas utilisé) relève plutôt de ce que
j’appellerais du dressage. " Un résident doit être obéissant et servile ".
Ce qui n’empêche pas de se gargariser de mots tels que " autonomie ". En
fait, ils sont autonomes lorsqu’ils ne nous pompent pas trop l’air. Ainsi,
ils peuvent balayer, transporter le linge sale sans que l’on se préoccupe du
sens que cela peut avoir. Exemple : balaye-t-il parce qu’il aime la
propreté, parce qu’il est obligé, parce qu’il est heureux de se rendre utile
 ? Cela n’a aucune importance, pourvu qu’il obéisse.

Nous pouvons transporter les ballots de linge sale sur des chariots, c’est
moins lourd et plus hygiénique que de les porter contre soi. Pourquoi
imposer ces contraintes ? " Parce que dans la vie, il faut bien des
contraintes ". Ils doivent travailler " parce que dans la vie, il faut bien
travailler et qu’ici, ce n’est pas le club Med " !

Sens du travail, sens des contraintes... qui se préoccupe de réfléchir sur
la signification de ces notions chez les personnes dont nous avons la charge
 ?