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Liberté pour Salah Hamouri
En Israël, à la suite d’un procès militaire basé sur un dossier d’accusation vide de preuve, Salah Hamouri, un jeune franco-palestinien de 22 ans a été condamné à 7 ans de prison ferme pour avoir ,officiellement, participé à un complot contre un représentant du Shass, un parti religieux d’extrême droite. Emprisonné depuis maintenant 3 ans, la mobilisation populaire grandit en France pour obtenir sa libération et contraindre le gouvernement Sarkozy à agir. Présent à la fête de L’Humanité, Liberté 62 a rencontré Denise Hamouri, la mère de Salah.
Liberté 62 : « Pouvez-vous tout d’abord nous rappeler comment tout a commencé ? »
Denise Hamouri : « Salah a été arrêté le 13 mars 2005. Il a été emmené pour interrogatoire à Jerusalem où il est resté trois mois. Pendant un mois, il n’a pu voir ni son avocate ni sa famille et pour nous, c’est seulement au bout d’un mois et par la presse, que nous avons apris qu’il avait été accusé d’avoir « comploté » contre une personnalité religieuse israëlienne. Il est resté ensuite sans jugement pendant trois ans. Pendant ces trois années, il a été transféré de nombreuses fois dans de nombreuses prisons. Finalement, il a été jugé par un tribunal militaire le 17 avril 2008 à la suite d’un compromis que nous avons été obligé d’accepter entre l’avocate, le juge et le procureur. Les charges retenues contre lui étant d’avoir organisé un « complot » et aussi d’apartenir à la branche jeunesse du Front populaire de libération de la Palestine. Pour cela, il a pris 7 ans de prison ferme »
L62 : « Le dossier d’accusation repose sur quels faits concrets ? »
Denise Hamouri : « Aucun. En décembre 2004, Salah et deux de ses amis ont été accusé d’être passé au ralenti devant le domicile de la personne dont j’ai parlé dans l’intention de l’assassiner. Ils ont été arrêté au mois de mars. Si vraiment ils avaient voulu faire quelque chose, ils auraient eu le temps de le faire. Ils n’ont rien fait. Il n’y a eu ni armes retrouvées, ni de preuves matérielles à leur opposer. Rien. Ils ont été condamné pour avoir eu « l’idée de... » Voilà. Mon fils, pour cela a été condamné à 7 ans, un de ses amis, considéré comme l’« instigateur », a pris 12 ans et le dernier à 3 ans. Pourquoi 3 ans, 7 ans et 12 ans ? Encore un mystère de la justice israëlienne... »
Liberté 62 : « Qui est sensé avoir été menacé par ce « complot » et qui est protégé avec tant de zèle par la justice de l’Etat d’Israël ? »
Denise Hamouri : « La personne qui est sensée avoir été visé par ce « complot » est Ovadia Yossef, un rabbin d’extrême droite membre du Shass, un parti religieux qui est au gouvernement. Il a fait des déclarations dont personne ne s’offusque en France ou ailleurs : il a dit que les arabes étaient des « cafards », des « vipères » et qu’il fallait les « exterminer avec des missiles » ! Il a dit aussi que la Shoa était la faute des juifs parce qu’ils avaient péché ! »
Liberté 62 : « Quelles sont les conditions d’incarcération de votre fils ? »
Denise Hamouri : « A propos de ses conditions d’incarcération, Salah ne nous dit pas grand chose. Comme je l’ai déjà dit, il a été transféré de nombreuses fois. C’est aussi le cas de beaucoup de prisonnier Palestiniens. Actuellement, il est dans le nord où il se trouve dans des cellules de 8 personnes. Quand je vais le voir et que je lui demande comment il est traité, il ne peut pas vraiment me répondre étant donné que nous communiquons par téléphone. Il reste toujours très discret : il me dit que tout va bien. Je pense que ce n’est pas vrai mais je n’en sais pas plus. »
Liberté 62 : « A propos de votre fils, Rama Yade, la secrétaire d’Etat auprès du ministre des Affaires étrangères, pour justifier l’inaction du gouvernement français, a affirmé qu’ils n’entendait pas s’immiscer dans les affaires de la justice israëlienne parce que votre fils avait « plaidé coupable ». Que pensez-vous de cet argument ? »
Denise Hamouri : « En fait, Salah a dû accepter un compromis. Cette démarche est faite par la plupart des détenus Palestiniens : 95 % d’entre eux sont jugés de cette façon. Ce « compromis » ne veut pas dire qu’il reconnait les faits. Nous avons dû l’accepter parce que cela faisait déjà longtemps que la procédure durait - trois ans dans les audiences du tribunal militaire israëlien ce n’est pas une partie de plaisir - et l’alternative c’était : soit on acceptait soit il prenait plus. C’est dans ces conditions que nous avons été obligé d’accepter. La France, du coup, a demandé un procès « rapide ». Mais une fois que Salah a été jugé, le Quai d’Orsay nous a dit : il a reconnu les faits alors on ne peut rien faire pour vous ! Le Président Sarkozy a dit qu’il irait chercher les français partout où ils se trouvent. Je l’ai sollicité à de nombreuses reprises. Il m’ignore complétement. »
Liberté 62 : « Le cas de votre fils est-il isolé ? »
Denise Hamouri : « En Palestine, chaque famille palestinienne a ou a eu un de ses membre en prison. Salah, en Palestine, c’est un prisonnier parmi 11 000 à être emprisonnés pour délit d’intention ou délit d’opinion : parce qu’ils appartiennent à tel ou tel mouvement de Résistance. Comme ils sont tous interdit, c’est vite fait d’aller en prison. Le dossier des prisonniers palestiniens, on en entend jamais parler en France sauf quand il y en a 198 de liberés, soit disant, en signe de bonne volonté de la part du gouvernement israëlien. Mais la mobilisation populaire grandit. Depuis la libération d’Ingrid Bettancourt, beaucoup de gens se rendent de plus en plus compte que la France a deux poids deux mesures en la matière. Je crois que c’est important que cette mobilisation continue et s’amplifie encore. »
Propos recueillis par Jérôme Skalski
Une pétition pour exiger la libération de Salah Hamouri est disponible en ligne sur le site de l’Association France Palestine Solidarité : http://www.france-palestine.org/ Afin de témoigner à Salah Hamouri votre solidarité et l’assurer que des citoyen-ne-s de son pays, la France, entendent obtenir justice pour lui et le faire libérer, adressez votre courrier à :
Salah Hamouri
Doar nah Guilboa
10900-Beit shean
Israël
Une campagne pour lui faire parvenir des livres est aussi organisée. Pour les livres contacter le Consulat de France :
Des livres pour Salah Hamouri
c/o Consulat de France à Haïfa
37, rue Hagefen
Haïfa
Israël