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La BCE maintient ses taux après avoir envisagé une hausse

Publie le jeudi 10 janvier 2008 par Open-Publishing

La BCE maintient ses taux après avoir envisagé une hausse

jeu. janv. 10, 2008 5:06 CST

FRANCFORT (Reuters) - La Banque centrale européenne (BCE) a laissé ses taux d’intérêt inchangés jeudi mais son président, Jean-Claude Trichet, a souligné que sa politique monétaire n’était absolument pas neutre et qu’elle était prête à agir préventivement au besoin pour lutter contre l’inflation.

Le principal taux directeur de la BCE, le taux de refinancement, reste à 4%, a indiqué la banque centrale de la zone euro à l’issue de la première réunion de l’année de son conseil des gouverneurs.

Trichet a expliqué que le conseil était en alerte maximale face au risque inflationniste et qu’il avait débattu d’une hausse des taux mais pas d’une baisse.

Prié de dire si l’on pouvait considérer que la BCE avait adopté un biais haussier sur les taux, il a répondu : "Nous ne sommes certainement pas neutres".

Il a profité de sa conférence de presse pour avertir syndicats, employeurs et gouvernements que la BCE ne tolérerait pas des effets inflationnistes de second tour, en clair une spirale haussière des prix alimentée par l’augmentation des coûts de l’énergie et de l’alimentation.

"Nous sommes dans une position d’alerte absolue", a-t-il souligné. "Le Conseil des gouverneurs reste prêt à agir de manière préventive afin que des effets de second tour et des risques à la hausse pour la stabilité des prix à moyen terme ne se matérialisent pas.".

Pour les observateurs, un tel discours signifie que l’option d’une hausse des taux ne peut pas être exclue. Pourtant, la moitié environ des 71 économistes et analystes interrogés la semaine dernière par Reuters avaient dit anticiper des taux inchangés pendant toute l’année 2008.

"Une baisse des taux n’est clairement pas à l’ordre du jour pour l’instant", a estimé Audrey Childe-Freeman, économiste de CIBC.

L’inflation dans la zone euro a atteint 3,1% en décembre selon la première estimation publiée la semaine dernière, son plus haut niveau depuis six ans et demi et bien au-dessus de l’objectif de 2% que s’est fixé la BCE.

Celle-ci avait déjà mis l’accent à plusieurs reprises sur les risques d’effets de second tour, notamment ceux liés à la montée des revendications salariales destinées à compenser la hausse des prix de l’énergie et de l’alimentation.

UNE BAISSE DES TAUX PAS ENVISAGEE

"Le Conseil des gouverneurs surveille les négociations salariales avec une attention particulière. Tout plan d’indexation des salaires nominaux sur les prix devrait être supprimé", a déclaré Trichet.

Faute de modération salariale et de baisse des prix des matières premières, a jugé Trichet, la "bosse" de la courbe de l’inflation dans la zone euro a peu de chances de se résorber aussi rapidement que la BCE le prévoyait en décembre.

A la différence de la BCE, plusieurs grandes banques centrales ont commencé à assouplir leur politique monétaire face aux turbulences sur les marchés financiers et aux signes de ralentissement de l’économie américaine.

La Réserve fédérale américaine, la Banque du Canada et la Banque d’Angleterre (BoE) ont toutes les trois abaissé leurs taux le mois dernier.

La BoE les a laissés inchangés ce jeudi pour sa première réunion de l’année mais le marché s’attend à un nouvel assouplissement le mois prochain.

Trichet a expliqué que l’hypothèse d’une baisse des taux n’avait pas été débattue jeudi par le conseil des gouverneurs. Il a précisé que le statu quo était le fruit d’un "consensus", un terme qu’il avait déjà employé le mois dernier alors que certains membres du conseil avaient plaidé pour une hausse des taux.

Mais il s’est refusé à dire si les partisans d’un tel resserrement de la politique au sein du conseil étaient plus nombreux en janvier qu’en décembre.

A ses yeux, les indicateurs les plus récents confirment que les fondamentaux de l’économie de la zone euro restent solides et que la croissance des Quinze (en incluant Malte et Chypre, qui ont adopté l’euro le 1er janvier) devrait être proche de son potentiel en 2008 malgré un ralentissement par rapport au troisième trimestre 2007.

Il a toutefois reconnu que l’impact sur la croissance des tensions sur les marchés financiers était encore difficile à déterminer.

Pour tenter d’apaiser les tensions sur les marchés du crédit, a-t-il ajouté, la BCE va renouveler les injections massives de liquidités en dollars destinées aux banques de la zone euro, en coordination avec la Fed américaine et la BNS suisse.

Krista Hughes, David Milliken et Karolina Slowikowska, Version française Marc Angrand

http://today.reuters.fr/news/newsArticle.aspx?type=businessNews&storyID=2008-01-10T160607Z_01_CHE052483_RTRIDST_0_OFRBS-BCE-TAUX-20080110.XML